CHAPITRE VIII
La dévotion de la sainte Vierge est prouvée par les saints Pères, l'autorité des conciles, l'usage de l'Église et la conduite de Dieu même
Saint Bernard, dont la langue et la plume ne font que couler le miel et le lait d'une dévotion remplie de toutes les tendresses qu'un amour sacré peut donner, se surpasse soi-même et est tout triomphant quand il parle de sa bonne Mère ; aussi dit-il qu'il n'y a rien qui lui ravisse tant le coeur, que quand il s'agit de traiter de ses louanges.
C'est pour ce sujet, que ne trouvant aucun moment libre pendant la journée à causes de continuelles occupations, il se retranchait une partie du peu de temps qu'il donnait la nuit au repos, pour pouvoir écrire de ses grandeurs, n'ayant rien de plus cher ni de plus doux que de penser tout à son aise à Marie, le digne objet de ses plus tendres affections.
Tantôt donc il dit que ses grandeurs sont inouïes, et que pouvant appeler Dieu son fils, nul des anges n'oserait parler de la sorte ; que c'est une élévation qui n'a jamais eu ni n'aura jamais sa pareille, d'avoir ce Dieu pour sujet ; que saint Joseph non-seulement selon son sentiment, mais encore celui des saints Pères, s'est voulu retirer d'elle, ne s'estimant pas digne de demeurer avec une si parfaite créature, qu'il ne regardait qu'avec une sainte horreur de la présence de Dieu en elle : tantôt il assure qu'elle n'est pas seulement touchée du feu du divin amour, mais qu'elle en est de tous côtés couverte, environnée, embrasée, et toute consommée en ses flammes ; quelquefois, que son chef aimable et précieux est bien digne d'être couronné d'étoiles, et qui, brillant plus que les astres, leur donne plutôt une nouvelle splendeur qu'il n'en reçoit de leur part ; que la région céleste est devenue plus lumineuse par les irradiations de cet astre virginal ; et d'autrefois, qu'elle est après Jésus, notre médiatrice ; et que si l'on examine bien toute l'histoire évangélique, il n'y a jamais eu en elle la moindre apparence de rigueur.
Mais son béni coeur a toujours été rempli de douceur, d'amour, de piété et de Miséricorde. Elle est faite toute à tous, dit ce dévot saint, elle ouvre à tous le sein de sa Miséricorde, afin que tous reçoivent de sa plénitude : le captif y trouve sa rédemption, le malade sa guérison, le triste sa consolation, le pécheur sa rémission, le juste la grâce, l'ange la joie, toute la très-sainte Trinité sa gloire, et la personne du Fils reçoit d'elle la substance de sa chair humaine.
Hélas ! Mais que serions-nous sans elle ? Si nous ôtons du ciel cette étoile, que restera-t-il sinon une ombre de mort, une nuit très obscure et fâcheuse ?
Ayons donc un amour et une vénération toute singulière pour Marie ; recourons à elle de toutes les affections de nos coeurs ; car telle est la volonté de celui qui a voulu que nous eussions tout par Marie : que cet aimable nom ne sorte point de notre bouche, et qu'il ne s'éloigne jamais de notre coeur.
Saint Bernardin de Sienne, étant grandement fatigué par ses fonctions apostoliques, ne trouvait rien qui lui récréât l'esprit plus agréablement que quelque lieu solitaire où il pût penser à loisir à sa chère maîtresse, et donner une liberté tout entière à son coeur de soupirer tout à l'aise en son amoureuse présence.
Saint Anselme publie que l'honneur de la servir est quelque chose de plus glorieux que de commander aux nations et d'avoir l'empire du monde.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde