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Cet atelier va restaurer des vitraux de Notre-Dame de Paris
par Bernard Joustrate 2022-04-10 16:30:18
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Lu dans Le Progrès :

Cet atelier va restaurer des vitraux de Notre-Dame de Paris
À Saint-Genis-les-Ollières, l’atelier Vitrail Saint-Georges a remporté le marché pour restaurer 400 m² de vitraux de Notre-Dame de Paris, endommagés par l’incendie du 15 avril 2019. Le challenge est d’avoir terminé fin 2023.


Par Sandrine MANGENOT


Installés au vert, au bout d’une petite allée en terre, dans d’anciennes écuries sommairement rénovées, les ateliers de « Vitrail Saint-Georges » sont un peu hors du temps.

À l’intérieur, pas un silence de cathédrale mais plutôt un calme concentré, rythmé par les bruits des gestes de personnes penchées sur des bouts de verres colorés.

« Nous travaillons sur les vitraux de l’église des Réformés, à Marseille », lance Stéphanie, formée à l’atelier. Au mur : une grande affiche de la coupole de verre des galeries Lafayette, à Paris, dont l’atelier a rénové les vitraux. « Nous avons travaillé de nuit, avec des cordistes. L’ambiance était irréelle. Dans ces moments, on se sent vraiment privilégiés », sourit Jean Mône.

« C’est le Graal »

Le maître verrier est fier de son atelier et de sa quinzaine de salariés. Fier de pouvoir restaurer la cathédrale de Soissons, les églises Notre-Dame de Versailles ou Saint-Bonaventure à Lyon. Et que dire de l’appel d’offres qu’il vient de remporter ?

« Pour un maître verrier, restaurer les vitraux de la cathédrale Notre-Dame, c’est le Graal. Évidemment, quand on répond à un appel d’offres pareil, on tremble car c’est beaucoup de temps et de travail », commente Jean Mône.


© Photo Progrès /Sandrine MANGENOT

Sacristie et chœur

Son entreprise a remporté deux lots (sur douze) qui correspondent aux vitraux d’une partie de la sacristie et à tous les vitraux du chœur bas, ceux qui sont à proximité des visiteurs. Cela représente plus de 400 m 2 à restaurer sur place et en atelier.

« Ces vitraux sont plutôt en bon état car ils ont moins souffert de la chaleur que ceux situés en haut. Nous allons d’abord vérifier si la grisaille sur les vitraux tient correctement. La grisaille, c’est un peu comme de la peinture que l’on passe sur le verre pour créer des ombres. Un maître verrier, quand il peint un vitrail, va toujours obscurcir la surface puisque l’œil est attiré par les zones de lumière. Si cette grisaille tient bien, nous allons démonter les panneaux, en enlevant tout le réseau de plomb qui sera recyclé, puis on va nettoyer pièce par pièce tous les verres de chaque panneau de vitrail », détaille Jean Mône.

Au plus fort du chantier, il y aura 550 personnes à Notre-Dame avec un protocole très précis à suivre, notamment à cause de la problématique du plomb. L’étape de la restauration de chaque verre se fera, elle, à l’atelier de Saint-Genis-les-Ollières. Les vitraux de la cathédrale devront être réinstallés au plus tard fin 2023.


Le vitrail mis à mal par l’Europe à cause du plomb

Entré en vigueur en 2007, le règlement « Reach » de l’Union européenne a pour but d’encadrer la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne. Le plomb en fait partie et l’Europe voudrait interdire cette substance quel que soit son domaine d’utilisation. Mais qui dit vitrail, dit forcément plomb puisqu’il maintient les plaques de verre entre elles.

« Il n’existe pas encore de substitut possible et nous menons un combat assez ardu pour faire entendre nos voix », explique Jean Mône, également président de la chambre syndicale nationale du vitrail. « ll y a une consultation en cours jusqu’au 4 mai. Puis cela passera au niveau de l’agence chimique de l’Europe qui va ensuite donner ses prérogatives à la commission environnement qui, elle, décidera si le plomb obtiendra une dérogation pour le vitrail ou pas ».

Environ 1 200 personnes travaillent et vivent du vitrail en France, pays qui regroupe les trois quarts des gens de la profession d’Europe. « Si le plomb est interdit, l’impact visuel sera très important puisqu’on ne pourra plus restaurer de vitraux, ni transmettre ce patrimoine, ni notre savoir-faire », prévient Jean Mône.




Comme le dit Jean Mône, il est tombé dans le vitrail « quand il était petit » puisque son père Joël était à la tête de l’atelier jusqu’en 2011. Le jeune homme a pourtant commencé par faire un tout autre métier : après un BTS en commerce, il travaille deux ans et demi comme commercial à la verrerie Saint-Just, dans la Loire. Et se rend compte que ce métier ne lui convient pas du tout.

« Je me suis aussi rendu compte que papa était vachement fort en fait ! », s’amuse-t-il. Il passe alors un CAP avec son chef d’atelier actuel, Rémi Perrin pour devenir maître verrier. Quand il reprend l’entreprise de papa, en 2011, il « fait toutes les erreurs du débutant ». Depuis, Jean Mône s’est bien ressaisi et a développé un atelier de ferronnerie d’art où travaillent six personnes mais aussi une marque, « ON/ME » qui réalise des créations de cloisons en verre pour des particuliers.

     

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