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article de La Croix
par Denis SUREAU 2022-04-08 07:15:26
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En Pologne, une activiste pro-avortement risque la prison
Magdalena Viatteau

L’animatrice d’un groupe informel, qui a envoyé par la poste des pilules abortives à une inconnue en détresse, est jugée à Varsovie à partir du vendredi 8 avril. Elle risque jusqu’à trois ans de prison ferme.

Varsovie De notre correspondante

C’est une première pour la justice en Pologne, où la loi sur l’avortement, durcie l’an dernier, compte parmi les plus restrictives d’Europe. Une militante des droits à l’avortement pourrait se retrouver derrière les barreaux. Elle s’appelle Justyna Wydrzyńska, 47 ans, mère de trois enfants, militante du collectif Aborcyjny Dream Team (ADT). Son procès s’ouvre vendredi 8 avril à Varsovie.

L’accusée n’est pas sereine. Quand, en février 2020, elle est contactée par Anna, une femme qui attend en vain des pilules abortives envoyées par une organisation étrangère, elle ne pense pas au risque de poursuites. Anna voulait aller en Allemagne pour avorter, mais elle aurait dû emmener son très jeune enfant. Son mari, violent menaçait de l’accuser d’enlèvement. Elle a donc cherché à se procurer des pilules abortives.

Inaccessibles en Pologne, celles-ci devaient être fournies par des organisations « pro-choix » étrangères. Mais la poste fonctionne au ralenti du fait de la pandémie du Covid-19. Or, Justyna a chez elle le médicament en question, « pour (s) on usage personnel ». Elle l’envoie gratuitement à Anna. « J’ai senti que je devais l’aider. On ne pouvait pas l’obliger à continuer cette grossesse », raconte à La Croix l’accusée.

Comme Anna, Justyna a été en proie à des violences comparables dans sa relation conjugale, en 2006, lorsqu’elle s’est résolue à avorter. Sur le colis, elle indique « naïvement » son numéro de téléphone. À la réception, Anna ne peut pas utiliser ces pilules : son mari l’a dénoncée à la police. Le 1er juin 2021, des policiers se présentent au domicile de Justyna, procèdent à une perquisition, saisissent son ordinateur et son téléphone pour récupérer une trace des échanges. Au final, le bébé n’est jamais né. Anna a fait savoir que sa grossesse s’était interrompue, sans préciser si cet arrêt était naturel ou provoqué.

Pratiquer un avortement autogéré ne constitue pas une infraction en Pologne. Mais ceux qui y prêtent assistance ou qui y poussent risquent trois ans de réclusion, aux termes de l’article 152 du code pénal. Des affaires ont déjà débouché sur des peines avec sursis. Mais c’est la première fois qu’une militante pro-avortement, qui ne connaissait même pas sa correspondante, est poursuivie.

L’accusée, poursuivie pour « mise en circulation de médicaments sans autorisation », redoute que l’autorité judiciaire ne fasse un exemple avec cette fois de la prison ferme. Amnesty International Pologne, qui a lancé une pétition, ainsi que 90 députés européens, demandent de leur côté l’abandon des charges retenues.

Le procès de Justyna Wydrzyńska pourrait avoir un impact bien au-delà de son cas individuel, relève son avocate, Me Anna Bergiel. « C’est toute la communauté prônant un avortement légal et sécurisé en Pologne qui risque d’être affectée », souligne-t-elle, alors que ces organisations sont déjà confrontées à un environnement de plus en plus hostile.

Habitante de Przasnysz, une ville moyenne à 100 km au nord de Varsovie, Justyna Wydrzyńska y a travaillé pendant une vingtaine d’années pour le grand groupe international ABB, acteur majeur des technologies de l’énergie. À partir de 2020, elle s’engage dans le mouvement pro-avortement. Son groupe informel fait partie de la coalition Avortement sans frontières.

L’accès à l’avortement, déjà très limité en Pologne depuis une loi de 1993, a été interdit dans les cas de malformation ou de maladie grave du fœtus, après décision, le 22 octobre 2020, d’un tribunal constitutionnel acquis à la majorité gouvernementale. L’IVG n’est aujourd’hui autorisée qu’en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie et la santé de la demandeuse.

Avant le durcissement de la loi, un millier d’avortements légaux pouvaient avoir lieu chaque année, mais ce chiffre a très probablement baissé depuis. En théorie, Anna aurait pu prétendre à une IVG accompagnée d’une équipe médicale, car l’atteinte à la santé psychique de la femme enceinte pouvait être invoquée. Mais la pression des milieux anti-avortement, appuyés par l’Église catholique, fait que les médecins qui l’invoquent sont rarissimes.

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repères

Des tragédies qui soulèvent l’indignation

Depuis la publication, le 27 janvier 2021, de la décision du tribunal constitutionnel interdisant l’avortement en cas de maladie ou de malformation grave du fœtus, des médecins polonais ont pu retarder des IVG, de peur d’être poursuivis.

Le 1er novembre 2021, des bougies ont été allumées dans tout le pays, en mémoire d’Izabela, 30 ans. En l’absence de liquide amniotique, sa grossesse ne pouvait se poursuivre. Les médecins ont attendu que le cœur du fœtus cesse de battre. La mère est décédée de septicémie, laissant un mari et une petite fille.

Fin janvier 2022, la mort d’Agnieszka, 37 ans, suscite l’émoi. Enceinte de jumeaux, elle a dû garder un des fœtus qui était décédé pendant sept jours. Elle aussi a succombé à une septicémie.

     

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 avortement par Fabrice  (2022-04-08 06:41:51)
      article de La Croix par Denis SUREAU  (2022-04-08 07:15:26)
          [réponse] par Fabrice  (2022-04-08 14:04:09)


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