CHAPITRE IX. SOCIÉTÉ DE JÉSUS ET DE MARIE
Ajoutons que Jésus ne fait jamais paraître pour Marie cette tendresse qui, amollissant et affaiblissant leur cœur, rend trop souvent les enfants incapables de faire à Dieu es sacrifices :qu'il exige. L'Évangile rapporte trois circonstances où il a parlé à sa sainte Mère; et nous ne voyons pas: que dans aucune il lui ait dit une seule de ces paroles dont la nature a coutume de se servir :pour exprimer et entretenir ses plus vives affections.
Dans le temple, il lui parle avec un esprit de zèle admirable pour la gloire de Dieu son Père, lui témoignant avec force qu'il doit s'appliquer aux oeuvres qui regardent son service.
A la seconde occasion, qui fut celle des noces de Cana, il lui parle avec un amour très-pur pour son Père, lui représentant la dépendance où il est de ses divines volontés pour les accomplir dans les moments qu'il avait marqués lui-même.
A la troisième, qui eut lieu au Calvaire, il lui parle avec un esprit de charité et de tendresse très-grandes pour les hommes, à qui il donne, dans le présent qu'il leur fait, le plus aimable secours qu'ils pouvaient attendre pour leur salut.
S'il parle donc de la sorte à sa sainte Mère, quoiqu'elle lui soit incomparablement plus chère que toute l'Église ensemble, si même il ne la voit pas très-souvent lorsqu'il travaille extérieurement à l'œuvre de son Père, c'est par fidélité au ministère dont il est chargé.
Venant condamner devant les Juifs les sentiments de la nature dégénérée et établir une génération nouvelle, toute spirituelle, dont il estimait plus les moindres sentiments que ceux de la nature humaine les plus innocents et les plus purs, il ne pouvait, en qualité de Messie, faire paraître, durant sa vie parmi les hommes, son amour envers Marie, ni lui donner tous les témoignages publics d'affection que son cœur désirait. La bienséance d'ailleurs ne lui permettait pas de les témoigner au dehors.
Voilà pourquoi, outre la raison mystérieuse dont nous parlerons, il ne la nomme pas sa mère, ni à Cana ni sur le Calvaire. Un jour que Jésus parlait au peuple, sa mère et ses parents étant venus le trouver sans pouvoir pénétrer jusqu'à lui à cause de la foule, quelqu'un lui dit : Voilà votre mère et vos frères qui sont dehors et qui demandent à vous parler.
Il répondit à cet homme : Qui est ma mère? et qui sont mes frères? et étendant la main sur ses disciples : Voilà, dit-il, ma mère et mes frères; car quiconque fait la volonté de mon Père, qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère.
Par cette réponse, il montre qu'il a plus d'attache aux intérêts de son Père qu'à ceux de la nature, et qu'il préfère ceux qui lui appartiennent en qualité d'enfants de Dieu, comme était la très-sainte Vierge, à ceux qui ne lui appartiendraient précisément que selon la chair.
Pareillement, dans une autre circonstance où il enseignait le peuple, comme nous l'avons déjà remarqué, une femme élevant sa voix du milieu de la foule, lui dit: Heureux le sein qua vous a porté, et les mamelles que vous avez sucées. Jésus répond : Mais dites plutôt bienheureux ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la conservent.
Par là, il montre encore qu'il estime mille fois plus Marie de ce qu'elle obéissait à Dieu, que de ce qu'elle était sa mère selon la chair. C'était comme s'il eût dit : Ce que j'estime le plus dans ma mère, ce ne sont pas ses qualités naturelles, ce n'est pas par là qu'elle est considérable, mais bien pour avoir fait la volonté de mon Père, et avoir été fidèle à sa sainte parole.
Voilà ce qui est de Dieu en elle, et ce qui m'oblige le plus à l'aimer.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde