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Résister à la destruction liturgique : une question de foi
par Roubine 2021-12-19 09:17:23
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Contrer la destruction de la liturgie traditionnelle : il y va de notre foi !
Lettre de Paix liturgique, 18 décembre 2021

La Rome du Pape François réduit la liturgie traditionnelle au strict minimum, avant de la faire disparaître totalement. Le 18 décembre, la Congrégation pour le Culte divin a publié un texte qui explicite l’intention de Traditionis custodes : abroger à terme la liturgie traditionnelle, tout en maintenant une tolérance provisoire et très encadrée de la célébration de la messe traditionnelle pour ceux qui y sont encore attachés, tolérance qui porte uniquement sur la messe.

Des dispositions tyranniques

La Congrégation pour le Culte divin a procédé par des responsa, des réponses, à des dubia, des questions qui lui ont été posées ou qui sont censées lui avoir été posées, au sujet de Traditionis custodes. Ces responsa explicitent Traditionis custodes :

- La liturgie traditionnelle ne représente pas la lex orandi de l’Église de Vatican II, que seule exprime la liturgie réformée de Paul VI.

- Pour « faciliter la communion ecclésiale », un usage restreint du missel ancien est toléré dans des lieux qui ne sont pas des églises paroissiales, au titre d’une concession provisoire.

- Mais l’usage du rituel tridentin (le livre des sacrements et bénédictions du prêtre) est interdit, et par le fait la célébration traditionnelle de la confession, extrême onction, baptême, mariage, sauf dans les paroisses personnelles traditionnelles* si l’évêque y consent. L’usage du pontifical tridentin (le livre des cérémonies de l’évêque) est toujours et partout interdit, et par le fait la célébration traditionnelle de la confirmation et de l’ordination.

Ainsi, concrètement, de manière générale, si l’on obéit à ces diktats, il n’y aura plus de baptêmes traditionnels, plus de mariages traditionnels, et sans aucune exception possible plus de confirmations et plus d’ordinations traditionnelles. Ce dernier point pourrait avoir des conséquences gravissimes.

En outre, des dispositions très restrictives concernent les permissions données aux prêtres de célébrer la messe traditionnelle (notamment, ils n’ont pas le droit de biner le dimanche !) Et aussi, la concession de célébrer pourra être retirée à un prêtre qui ne reconnaît pas la légitimité du nouvel Ordo, notamment en refusant de concélébrer le jeudi saint avec son évêque (la Congrégation se moque bien du fait que le Code de Droit canonique affirme qu’on ne peut pas obliger un prêtre à concélébrer).

Les catholiques traditionnels considérés comme des sous-catholiques

Summorum Pontificum avait constaté que la messe ancienne n’avait jamais été abrogée. Cette affirmation reposait sur un jugement doctrinal de fond : Benoît XVI reconnaissait qu’elle était une expression de la lex orandi, étendant ce constat par ses dispositions aux autres livres (bréviaire, pontifical, etc.) : la liturgie tridentine est la traduction cultuelle de la foi catholique.

Ce qu’est venu contredire Traditionis custodes, qui affirme au contraire que seule la liturgie réformée de Paul VI exprime la lex orandi, et non pas, par conséquent, la liturgie traditionnelle. Affirmation terrible, dans la mesure où elle pose que la foi d’avant Vatican II est différente de la foi de Vatican II.

En d’autres termes, pour Traditionis custodes, la foi de ceux qui sont attachés à la liturgie traditionnelle est une foi incomplète, un peu comme celle qui est accordée aux frères séparés : en somme, les sous-catholiques traditionnels ne sont pas en pleine communion avec l’Église catholique, selon l’expression d’Unitatis redintegratio. Mais alors que les frères séparés protestants, orthodoxes, sont traités avec les plus grands égards, les sous-catholiques traditionnels sont traités comme des parias « pour leur bien », comme disent les responsa de la Congrégation pour le Culte divin. Ce sont des attardés qu’il faut rééduquer. (Et si l’on n’y parvient pas, il ne leur restera qu’à rejoindre les fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X, aux limbes, aux marges, de la catholicité).

Or ces catholiques affirment que ce traitement qui leur est fait est inadmissible. La liturgie romaine traditionnelle est l’expression parfaite et très pure de la foi de l’Église, spécialement du point de vue des sacrements et au plus haut point de la sainte Eucharistie. Elle exprime admirablement le sacrifice sacramentel, renouvelant le sacrifice du Golgotha, qui est accompli lors de chaque messe, la présence réelle du Corps et du Sang de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, l’action hiérarchique du prêtre qui agit in persona Christi, la puissance du mystère infiniment transcendant et en même temps tout proche, dont l’effet propre, la grâce sacramentelle, est la communion du Corps mystique. Toutes choses qui sont notablement affaiblies par la liturgie nouvelle, avec sa messe exprimant moindrement le sacrifice propitiatoire, son baptême qui gomme le combat du Christ contre les démons, sa confirmation qui apparaît une aimable fête, son ordination qui n’ose plus employer les formules les plus fortes de la transmission du pouvoir de consacrer.

Tout le dispositif de Traditionis custodes et des responsa est donc fondé sur l’invalidation de la principale affirmation de Summorum Pontificum, à savoir que la liturgie tridentine est expression de la foi catholique. Ou bien Traditionis custodes dit juste, ou bien c’est Summorum Pontificum. On se trouve ici devant le même dilemme que posent certaines affirmations de Vatican II sur la liberté religieuse, les principes de l’œcuménisme ou ceux du dialogue interreligieux.

La résistance à Traditionis custodes et aux responsa va reposer sur les prêtres

Il y a devoir de résistance à une loi injuste. Les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle devront continuer à protester hautement, bien sûr. Mais il faudra surtout continuer à donner les sacrements traditionnels. L’action des fidèles et leur détermination va être importante, mais non décisive. Car ce sont les prêtres ou les évêques qui donnent les sacrements, que les fidèles devront soutenir pour qu’ils agissent pour le salut des âmes.

Il faudra les aider à continuer avec une grande fermeté – ce qui n’exclut pas la prudence pour éviter toute provocation inutile – à proposer baptêmes et mariages selon la forme traditionnelle. Il faudra soutenir les évêques qui continueront à conférer – peut-être dans des lieux plus discrets, des abbayes, des maisons indépendantes – les confirmations et les ordinations selon la forme traditionnelle.

Cette question des ordinations est la plus grave, car elle touche à la spécificité des séminaires traditionnels. Les instituts Ecclesia Dei ne peuvent pas accepter pas les ordinations nouvelles, ni non plus que la messe nouvelle soit célébrée aussi dans leurs séminaires, ce que les visites canoniques à venir vont tenter de leur imposer. S’ils le faisaient – mais ils n’en n’ont aucune envie – ce serait la fuite des vocations, le suicide des instituts.

Encore faudra-t-il que les fidèles traditionnels soutiennent par tous les moyens les évêques, les supérieurs de communautés, les séminaristes qui s’apprêtent à recevoir les ordres sacrés, les prêtres qui assurent l’apostolat quotidien. Dans un entretien donné au Salon Beige (Résister à une loi liturgique injuste - Le Salon Beige), l’abbé Claude Barthe évoque les risques qu’ils encourent : « Dans le monde profane, on élabore, pour s’y préparer adéquatement, des schémas prévisionnels que l’on qualifie de scénarios de crise. Le pire – le scénario de 1976 pour Mgr Lefebvre – est à évoquer pour ordre : avant une ordination prévue, on notifierait au prélat qui va ordonner une interdiction de mandato speciali Summi Pontificis, suivie d’une peine de suspense a divinis (interdiction de célébrer les sacrements). En revanche, toutes sortes de mesures prises contre les communautés récalcitrantes sont envisageables, la pire (ici aussi pour ordre) étant leur suppression. Mais on peut aussi penser, pourquoi pas ?, si la diplomatie des intéressés mêle habileté dans la forme et fermeté dans le fond qu’il n’y aura que des réactions de principe. Sans trop y compter cependant, car ce serait sous-estimer la détermination des auteurs de ces textes ». Et à la question : « On est dans le cadre classique d’un rapport de forces ? », il répond : « Oui, et heureusement pour les nains que nous sommes, la principale est celle du Christ qui soutient son Église. En tout cas, le rapport de forces est aujourd’hui bien plus favorable au monde traditionnel qu’il n’y paraît, notamment en terre de France où il ne se laissera pas faire. Par ailleurs, les diocèses n’ont aucun intérêt à ce que les communautés s’installent dans une semi-indépendance provisoire (comme l’IBP à Paris, au Centre Saint-Paul) Je reste persuadé qu’avec Traditionis custodes les jusqu’au-boutistes romains ont déclenché une guerre qu’ils ne peuvent que perdre. Mais une guerre qui peut causer de grands dommages, il ne faut pas se le cacher. Il faut donc prier intensément pour soutenir ceux à qui il incombera de prendre des décisions ».

C’est aussi notre invitation pressante : prions, prions intensément pour les prêtres et les évêques sur lesquels repose – Dieu les aidant – la continuité de la lex orandi de l’Église !

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*Paroisses personnelles traditionnelles actuellement existantes, mais dont le nombre ne peut pas être augmenté par des érections (créations) nouvelles. En France, il y a six paroisses personnelles vouées à la liturgie traditionnelle :

La paroisse St-François de Paule, à Toulon ;

La paroisse St-Éloi, à Bordeaux, pour l’Institut du Bon Pasteur ;

La paroisse de la Croix-Glorieuse, à Strasbourg ;

La paroisse des Saints-Apôtres, à Blois, pour l’institut Saint-Thomas-Becket ;

La paroisse Notre-Dame des Armées, à Versailles ;

Et la paroisse de Gasseras, au diocèse de Montauban, pour l’Institut du Christ-Roi.

     

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