Billet

(Curieux réquisitoire soit dit en passant, au vu des espoirs des mêmes modernistes en François. A la hauteur de la déception ?)

(Un à Rome, un en Avignon, un à Pise ?)

Les Trois Papes »… Non, ce n’est pas le titre d’une nouvelle série télé signée par le réalisateur Paolo Sorrentino, qui a déjà mis en scène « The Young Pope » et « The New Pope », mais une hypothèse bien réelle.

Vivre avec trois pontifes, est-ce supportable ?, s’interrogent les croyants catholiques depuis que l’historien du christianisme Alberto Melloni a publié début juillet dans la revue « Il Mulino » un long développement sur « le prochain conclave » qui devra élire très bientôt « un nouveau chef de la catholicité ». Il y en a un qui, après avoir donné sa démission en 2013, tient depuis huit ans le rôle de « pape émérite » depuis la colline qui surplombe la place Saint-Pierre, à Rome ; celui en exercice pourrait bientôt le rejoindre, s’il se décide lui aussi à prendre une retraite anticipée ; enfin, le nouvel arrivant, fils du Saint-Esprit et du nouveau conclave, qui régnerait à plein titre depuis le palais apostolique. Et l’auguste assemblée qui le choisira, composée majoritairement de cardinaux électeurs venant le plus souvent des périphéries du monde (seuls 53 des 123 électeurs sont issus du Vieux Continent), risque de ne pas élire un pontife européen. C’est quand même bon à savoir pour l’avenir de chrétienté.

Le tam-tam du conclave est curieusement devenu encore plus crédible après le démenti de François, formulé à l’occasion d’un déplacement en Europe de l’Est mi-septembre : « Je suis encore vivant […] et au courant de rencontres entre prélats qui préparaient le conclave. » Et le « démenti du démenti » par la bouche du secrétaire d’Etat du Saint-Siège, Pietro Parolin : « Sincèrement, je ne le sens pas, ce climat de conclave, le pape a des informations que je n’ai pas. » Les médias en ont déduit que l’information était bonne et que le pontife préparait son retrait.

Reste à savoir pourquoi François pourrait lâcher les rênes. Certes les raisons de santé ne manquent pas depuis son opération du côlon début juillet. Et les rumeurs échappées du couvent de Santa Marta, sa résidence, décrivent un vieil homme de 85 ans qui se traîne, jour après jour, de sa chambre au réfectoire où il prend un petit déjeuner austère et solitaire, son éternel cartable de cuir marron à la main. Il ne célèbre plus, à 7h30, que trois messes par semaine.

La Curie, l’administration centrale de l’Eglise catholique, lui reproche à la fois sa désinvolture en matière de nominations et son incapacité à s’adonner à un vrai travail de théologien. Les catholiques sont de moins en moins nombreux à espérer sa bénédiction sur la place Saint-Pierre et à fréquenter les églises. Et bon nombre d’entre eux déplorent ses échecs cuisants, celui de ne pas avoir résolu le scandale de la pédophilie dans l’Eglise ni celui des finances corrompues de l’Institut pour les Œuvres de Religion (IOR), la « banque du Vatican ».

Alors, il faut se rendre à l’évidence. Les « tricoteuses » du « Toto-Papa », la fameuse « loterie du pape », qui égrènent le nom des futurs « papabili », ont beau jeu de diagnostiquer dans l’aventure Bergoglio l’échec historique du premier essai de populisme ecclésial, pratiqué depuis huit ans par le prélat argentin au cœur de Rome.

Par Marcelle Padovani

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