CHAPITRE II. CONCEPTION ET NATIVITÉ DE LA TRÈS-SAINTE VIERGE
La puissance du Père la rend plus forte que Judith; la sagesse du Fils la rend plus belle mille fois que Rachel; l'amour du Saint-Esprit, plus aimable qu'Esther. Tout ce qui avait été épars et répandu dans les âmes justes, elle le contient elle seule; non-seulement les perfections de ces femmes fortes et saintes qui l'avaient figurée, mais encore celles de tous les saints.
Dans ce moment, Dieu réunit et renferme en elle toutes les perfections qu'il avait répandues dans les âmes justes de l'ancienne loi, ou plutôt elle a seule plus de l'esprit de Jésus-Christ que n'en avaient possédé tous les prêtres, les patriarches, les juges, les prophètes, les rois, que tous les saints de l'ancien Testament et les justes de la gentilité tous ensemble.
L'Esprit, dont le Verbe fait chair devait être rempli, et qui subsistait avant l'incarnation, puisque c'est la troisième personne de la très-sainte Trinité; cette divine personne, sachant quelles seraient les inclinations du Verbe incarné, les communiquait par avance aux patriarches.
Il distribuait déjà aux membres les mêmes sentiments qu'il devait, quelques siècles après, répandre en plénitude dans le chef; et ainsi il faisait vivre, à la manière du Fils de Dieu, ceux qui lui appartenaient, et qui, de toute éternité, avaient été choisis pour être du corps de Jésus-Christ.
C'était ce même esprit qui, selon le Symbole, parlait par la bouche des prophètes, se servant de leurs personnes comme d'un extérieur emprunté pour se faire voir, et de leurs paroles comme d'un organe pour se faire entendre à son peuple.
Notre-Seigneur avait paru dans ses élus dès le commencement du monde, et l'Écriture remarque même que ce divin agneau avait commencé de mourir en la personne d'Abel, dans lequel il était né et vivait par sa grâce.
Ainsi vivait-il dans les autres justes de la loi ancienne, et même dans les saints de la gentilité, comme dans un Noé, un Melchisédech, un Job, un Jéthro et autres, dont l'Écriture fait mention et qui n'appartenaient pas au peuple juif. A chacun d'eux, Dieu avait donné quelqu'une des perfections de son Fils: il avait donné sa lumière à Abraham, sa force à Isaac, son amour à Jacob, sa chasteté et sa sainteté à Joseph, et toutes ces qualités étaient autant de crayons de quelque perfection de Jésus-Christ, dont ils étaient les images et les figures.
Mais ce n'étaient là que de petits effets du soleil de justice répandus sur eux. La conception de Marie est une renaissance universelle de Jésus-Christ; qui renouvelle toutes les nativités précédentes dans lesquelles il s'était montré sous sa justice, sa force, sa piété, sa douceur; sa lumière, et sous toutes ses autres perfections pendant quatre mille ans.
Combien donc de nativités du Verbe incarné sont renfermées et renouvelées en celle-ci ? Aussi, le jour de la fête de la Conception, lit-on l'évangile des patriarches et des aïeux de Jésus-Christ, à la fin desquels on nomme la très-sainte Vierge comme réunissant elle seule, en qualité de mère du Sauveur, toutes leurs perfections et toutes leurs grâces.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde