Il y a 63 ans… par Vianney 2021-10-09 15:32:54 |
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…mourait le pape Pie XII. Le texte qui suit a été écrit, pour le cinquantième anniversaire de la mort de ce grand pape, par un jeune français émigré en 1960 pour gérer une entreprise forestière brésilienne. Pendant plus de quarante ans, ses contacts avec l’Église se sont résumés à recevoir deux ou trois fois par an la visite d’un missionnaire qui ne lui prêchait nullement la prétendue “théologie de la libération” – et encore moins l’adoration des divinités indiennes ! – mais continuait à célébrer la sainte Messe, à instruire et à confesser les indigènes de la région.
C’est le décès de ce missionnaire qui a décidé du retour au bercail de l’émigré français et lui a fait découvrir toute l’étendue de ce que nous persistons à appeler “civilisation” et qu’il décrivait plutôt comme une “jungle à l’usage des sauvages riches” :
Il y a en effet tout juste cinquante ans, le 9 octobre, s’est éteint à la vie terrestre le souverain Pontife qui aura marqué tous ceux qui ont eu la grâce de vivre sous son règne qui a duré presque vingt ans (mars 1939 - octobre 1958).
Comment vous faire sentir l’émotion qui a saisi à ce moment-là tous ceux qui s’intéressaient de près à la sainte doctrine catholique et qui s’inquiétaient de la puissance grandissante des courants d’erreurs qui rongent la foi dans l’ombre ? Non seulement un grand pape nous était ôté, mais sans aucun doute une époque finissait. L’horizon était bien sombre, et la suite des événements nous en a donné une tragique confirmation.
Mais, plutôt que de s’interroger sur les contrastes parfois déroutants d’un grand pontificat, plutôt que de gémir sur les ténèbres qui ont si rapidement obscurci le ciel de l’Église après la mort de Pie XII, je veux juste évoquer avec vous quelques grands actes qui font de son pontificat un grand moment de l’histoire de l’Église.
En première place, bien sûr, il y a la définition du dogme de l’Assomption de la sainte Vierge Marie. C’était le premier novembre 1950 (Munificentissimus Deus) :« C’est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d’incessantes et suppliantes prières, et invoqué les lumières de l’Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la Vierge Marie, pour l’honneur de son Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l’exultation de l‘Église tout entière, par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux Apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. »
Le Pape atteste solennellement et infailliblement que l’Assomption de Notre-Dame — à laquelle la sainte Église catholique a toujours cru — est une vérité révélée par Dieu, et qu’en conséquence il est nécessaire de la croire comme telle, sous peine de faire naufrage dans la foi.
Nombreux ont été les actes accomplis par Pie XII pour glorifier la sainte Vierge Mère de Dieu : il a consacré le monde au Cœur immaculé de Marie (1942), il a proclamé une année mariale pour le centenaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception (encyclique Fulgens corona, 1953), il a institué la fête de Marie Reine (encyclique Ad Cæli Reginam, 1954), parce qu’il a encouragé et béni la célébration du centième anniversaire des apparitions de la sainte Vierge à Lourdes (encyclique Le pèlerinage, 1957). On peut dire en toute vérité qu’il fut un pape marial.
Il fut aussi un pape doctrinal. Parmi les quarante encycliques qu’il a écrites, trois brillent d’un éclat doctrinal particulier : Mystici Corporis sur [‘Église (1943), Mediator Dei (1947) sur la liturgie, et Humani generis (1950) sur les erreurs du modernisme résurgent. À cela, il faut ajouter de nombreux discours ou messages précisant, enseignant et appliquant la doctrine sociale de l’Église ; la solution de nombreuses questions de morale provenant soit de nouvelles techniques (guerrières ou médicales) soit de nouvelles théories minant la vie chrétienne ; la condamnation des sacres épiscopaux sans mandat apostolique perpétrés en Chine (encycliques Ad Sinarum gentes, 1954 ; Ad apostolorum principis, 1958) ; et enfin des lumières dans de nombreux domaines touchant à la vie chrétienne dans le monde.
Il avait grand souci de la vie intérieure des chrétiens qui vivent au milieu d’un monde matérialiste et désespéré, et voulut favoriser de toutes ses forces l’intégrité et de la ferveur de la vie spirituelle. Dans l’encyclique Sacra Virginitas (1954) il exalte l’amour et la gloire de la vie consacrée à Dieu ; il enseigne ce que doit être la beauté et la sainteté du culte divin dans l’encyclique Musicæ sacræ disciplina (25 décembre 1955), et légifère en bannissant des églises tout ce qui, en matière d’art, n’est pas de production et d’exécution catholique ; il attire les âmes au Sacré-Cœur de Jésus par Haurietis Aquas (1956).
C’est ainsi qu’on peut dire que Pie XII a laissé l’Église (et en elle tous ceux qui sont dociles à son enseignement) bien pourvue pour affronter une longue traversée du désert. En effet, il n’est aucun problème qui s’est posé depuis, dont il n’ait donné les principes de solution ; il n’est aucune prétention hétérodoxe (cela foisonne depuis cinquante ans !) qu’il n’ait condamnée par avance ; il n’est aucune situation angoissante qu’il n’ait éclairée par la mise en place de principes clairs et universels.
Et cela fait partie de façon saisissante des contrastes que j’évoquais plus haut : Pie XII a vu l’ombre s’étendre, des nuages bas et lourds s’approcher à grande vitesse ; il a semblé résigné ou impuissant à les chasser, à les crever avant qu’ils ne deviennent ténèbres ; mais il nous a munis de principes et de vérités qui permettent de survivre et de marcher pendant l’orage, jusqu’à ce que sonne l’heure du triomphe de Dieu par l’Église et dans l’Église qu’il assiste continuellement, même dans ce qui ressemble fort à une agonie.
Fasse la sainte Vierge Marie que cette heure-là, le moment de cette « assomption », ne tarde pas trop.
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