donc je vais me permettre d'un petit remix du plaidoyer pour ma terre d'Herbert Pagani, qui manque quand même sacrément d'orthodoxie même s'il a de la gueule.


Hier, j'étais dans la Sacristie et j'entends deux évêques dire: «T'as vu encore ces Tradis avec leurs histoires de messe. Quels emmerdeurs !» C'est vrai. Nous sommes des emmerdeurs. Ça fait 50 piges qu'on emmerde le monde. C'est dans notre nature, que voulez-vous ! Lefebvre avec son séminaire, le Barroux avec son missel, l'ICRSP avec ses messes toujours prêtes à recevoir plus de dentelles. Puis l'abbé Paul-Joseph, Gleize, Dom Gérard, tous ont été des gêneurs, des rigides, des ennemis du modernisme.

Pourquoi?

Parce qu'aucune paroisse ordinaire, quel que fut la décénnie, ne pouvait les satisfaire, puisqu'ils en étaient toujours exclus. Réformer la réforme, voir plus loin, remettre en ordre l'Église pour changer de destin, tel fut le destin de mes Ancêtres.

C'est pourquoi ils sont haïs par les défenseurs de tous les modernismes. L'anti-tridentin de droite reproche aux tradis d'avoir fait un schisme. C'est vrai, il y en avait beaucoup, en 1988. L'anti-tridentin de gauche reproche aux tradis d'être plus rigide qu'un pharisiens. C'est vrai, il y a beaucoup de pharisiens tradis.

La raison est simple: le schisme, la résistance d'un côté, la rigidité et le légalisme de l'autre, sont les seules valeurs transportables, les seules paroisses possibles pour ceux qui n'ont pas de paroisses. Et maintenant qu'ils en existent, l'anti-tridentin renaît de ses cendres... Pardons, des cendres de notre encens. Et s'appelle Traditionis Custodes. Il s'appliquait aux communautés particulières, il s'applique à tout le monde.

Rome est un ghetto, Écône, c'est Varsovie... Les modernistes qui nous assiègent portent le clergyman. Et si leur liturgie parle parfois en latin, c'est pour mieux piéger les tradis du monde entier. Moi qui suis un tradi conciliaire, je n'en ai rien à faire d'un certain esprit du Concile qui veut libérer tous les hommes du monde de la rigidité aux dépens de certains d'entre eux, car je suis précisément de ceux-là.

D'accord pour Vatican II, mais aussi pour le droit à la différence. Si le pape veut me compter parmi les siens, il ne peut pas faire l'économie de mon problème. Et mon problème est que depuis la réforme sixtopaulienne, nous avons été partout honnis, bannis, traqués, dénoncés, écrasés, spoliés, suspendus et modernisé de force.

Pourquoi?

Parce que notre praxis, c'est-à-dire notre manière d'aimer le Christ était dangereuse. Eh oui!

Quelques exemples... Le traditionalisme à été le seul courant à maintenir l'adoration eucharistique. Vous imaginez la joie des tièdes, toujours en retard d'une modernité !

Le missel de 1962 interdit la communion dans la main. Vous imaginez la sympathie des modernistes, les plus importants importeurs de sacrilèges ! Il est dit après l'Ecce Agnus Dei: «Je ne suis pas digne d'entrer sous votre toit.» De cette phrase découle une loi, celle de l'empêchement de recevoir l'eucharistie si on n'est pas en état de grâce. Vous voyez l'effet d'une loi pareille sur les relativistes des années 80 !

Il ne fallait pas que les fidèles sachent.

On commença par interdire la communion dans la bouche, puis ce furent les médisances, des murs de calomnies qui devinrent murs de pierres
et qu'on appela prieurés. Ensuite ce fut les placardisations, les suspensions et plus tard l'excommunication. Traditionis Custodes n'est qu'un exemple pontifical de persécution, mais il y a eu des persécutions épiscopal et presbytéral par milliers. J'en aurais pour trois jours je vous l'jure rien qu'a nommer tous les prêtres suspendus, mis au placard, d'Espagne, de France, de Pologne et d'Amérique du Nord.

À force de fuir, de bouger, le Tradi est allé partout. On extrapole et voilà: il n'est de nul part. Nous sommes parmi les fidèles comme l'enfant à l'assistance publique. Je ne veux plus être adopté. Je ne veux plus que ma vie liturgique dépende de l'humeur de mes évêques. Je ne veux plus être un baptisé-locataire. J'en ai assez de frapper aux portes des diocèses et d'attendre qu'on me dise: «Entrez.» Je rentre et je gueule !

Je suis chez moi dans l'Église et dans l'Église j'ai ma liturgie: elle m'a été promise, elle sera maintenue.

Qu'est ce que le Traditionalisme? Ça se réduit à une simple phrase: "Credo in unam sanctam et apostolicam Ecclesiam."
Non, ce n'est pas une formule magique d'Harry Poter. C'est écrit dans le concile de Nicée I, le synode le plus connu et le plus mal lu du monde. Et cette prière est devenue un cri, un cri qui a plus de 1500 ans, et le père de Paul VI, de Michel Aupetit, de mgr Minnerath, du cardinal Marx et même de monsieur Bergoglio, l'ont répétée, cette phrase, ce cri, au moins une fois par semaine, le dimanche.

Alors le Traditionalisme, c'est de la division ? Faites moi rire ! Est-ce que les 21 Églises catholiques orientales causent la division ?
Le Traditionalisme, c'est le nom d'un combat pour la messe.

Dans l'Église, chaque Ordre a ses tradis. Les dominicains ont la FSVF, les bénédictins ont le Barroux, les franciscains leurs immaculistes.

Nous, nous sommes les Tradis de TOUS.

Il y a de la place pour deux courants et deux paroisses. Les frontières sont à déterminer ensemble. Mais l'existence d'une paroisse ne peut en aucun cas exclure l'existence d'une autre et les opinions d'une minorité n'ont jamais remis en cause les options liturgiques, quelles qu'elles soient.

Alors pourquoi le rite tridentin ?

Quand le rite tridentin sera hors de danger, je choisirai parmi les tradis et les autres, ceux qui me sont frères par le concile. Aujourd'hui, je me dois d'être solidaire avec tous les miens, même ceux que je déteste, au nom de cet ennemi insurmontable: le MODERNISME.

Descartes avait tort: je pense donc je suis, ça ne veut rien dire. Nous, ça fait 60 ans qu'on pense, et nous n'existons toujours pas. Je me défends, donc je suis !

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