CHAPITRE IV - DOULEURS DE SAINT JOSEPH
Douleur de saint Joseph à la vue de la grossesse de Marie
Car, aux paroles consolatrices de l'Ange et à son ordre de retenir Marie pour son épouse, Joseph n'oppose aucun obstacle. À peine éveillé, il se lève, sans attendre le jour, pour accomplir ce qui a été prescrit.
Dieu qui n'avait pas voulu que le Verbe se fît chair en Marie sans le consentement explicite de cette Vierge, avait ordonné que la coopération de saint Joseph à ce grand mystère n'eût lieu qu'après un acte de parfaite obéissance de sa part aux ordres du ciel.
Jusqu'ici il n'avait, comme tous les époux, donné son assentiment qu'au mariage avec une vierge qu'il savait être toute sainte ; mais, maintenant, il s'agissait, non plus d'une vierge quelconque, mais de la Mère de Dieu, dont il devrait partager, à l'avenir, la responsabilité, les craintes, les angoisses, les douleurs ineffables.
Le consentement de Joseph, comme auparavant celui de Marie, ne se fit pas attendre : il accepta de garder Marie comme son épouse, accepit coniugern suam. Ce n'était plus à une jeune fille, quelque sainte fût-elle, que le saint Patriarche donnait sa main : c'était à la Corédemptrice du genre humain. Lui-même, il le comprend, devra aider et assister Marie dans sa grande mission, en prenant part à ses immenses douleurs.
Douleur de saint Joseph à la naissance de Jésus
L'Evangile, dans une phrase très brève, nous donne un aperçu de ce que dut être la douleur de saint Joseph, quand il vit à Bethléem se fermer sur lui les portes de l'hôtellerie et qu'il n'eut à donner au Sauveur naissant, que l'hospitalité d'une pauvre cabane. « Il n'y avait pas place pour eux dans l'hôtellerie », dit laconiquement saint Luc.
Conséquemment, Marie fut obligée de mettre au monde, dans une caverne située probablement au-dessous de l'hôtellerie même, son Fils bien-aimé. C'est ainsi que le Créateur du monde avait décrété de faire son apparition sur la terre, au milieu de la plus grande pauvreté.
Il serait difficile de dire combien saint Joseph sentit vivement la douleur de n'avoir rien autre à offrir au Messie Rédempteur, que la pauvreté de cette étable. Car, c'était à lui que Dieu avait confié le soin de pourvoir aux besoins temporels de la sainte Famille. Aussi aurait-il désiré procurer au divin Enfant une habitation digne de lui.
Au contraire, les choses même les plus indispensables lui manquaient pour recevoir et traiter comme il convenait un enfant nouveau-né. Les parois dégarnies de cet antre désert offrent un abri insuffisant contre les rigueurs de la saison; point de berceau convenable pour y placer l'aimable Jésus; seule une crèche, destinée à l'usage de vils animaux, aura l'honneur d'abriter ses membres frêles et délicats.
Et c'est devant cette pauvre crèche que Joseph s'agenouille pour adorer, en compagnie de sa sainte Epouse, ce divin Enfant, venu pour sauver le monde. Marie, la première, adore celui qu'elle a mis au monde, Ipsum quena genuit adoravit, chante la sainte Eglise; mais aux adorations de la sainte Vierge se mêlent, comme une belle mélodie, celles de saint Joseph.
Le mystère d'une crèche, choisie par Dieu pour être le berceau du Sauveur, n'échappe pas à son attention. Il lui enseigne cette grande vérité, que le jour viendra bientôt où le Sauveur se donnera à nous, pour être la nourriture de nos âmes.
Pourtant, la leçon sublime qui se détache de cette scène n'échappe pas à saint Joseph. Le cœur percé d'une profonde douleur, il réfléchit à l'indifférence des hommes envers le Messie que, cependant, ils auraient dû attendre; tandis que la pensée de l'extrême pauvreté, au milieu de laquelle il est laissé par ses créatures, lui transperce le cœur, comme un glaive acéré.
Il comprend comment le royaume de Jésus-Christ n'est pas de ce monde et comment le Sauveur lèguera, comme son plus précieux héritage, cette même pauvreté à l'Eglise. Lui-même, content de son sort de pauvre artisan, ne cessera de travailler des mains pour subvenir aux besoins de la sainte Famille.
Et à défaut d'une plus belle maison, il offrira au nouveau-né son cœur, pour être un tabernacle digne de ses complaisances, un trône d'où Jésus commencera à répandre sur le monde les trésors de sa grâce.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde