Abbesse de Mariendonk : « Ce qui m'inquiète, c'est l'insécurité de beaucoup de nos évêques, leurs clins d'œil à l'opinion publique »
Juanjo Romero , le 9.07.21 à 15h20


« Avez-vous lu ce que l'abbesse de Mariendonk a écrit ?

Honnêtement, j'aurais aimé savoir ce qu'était Mariedonk. Je suis allé avec la prévention de «quoi d'autre se passe-t-il maintenant en Allemagne»

J'ai lu le blog " Abtei Mariendonk " (Abbaye de Mariendonk) . De courts extraits du journal écrite par l'abbesse Christiana Reemts, OSB .
Je ne remercierai jamais assez la découverte, et je ne peux m'empêcher de regretter de ne pas pouvoir apprécier les subtilités et les ironies de l'allemand.

Je partage la traduction du mois dernier, mais vous pouvez commencer n'importe où. En première lecture, il m'a semblé une analyse suggestive, par élévation, de la crise à laquelle l'Église est soumise en Allemagne, et dans le monde, avec l'heureuse « Voie synodale » . Commentaires avec beaucoup d'esprit surnaturel. Celui qui suit les événements verra, comme on dit dans mon pays, qu'« il tire avec une balle ». J'adorerais voir les visages des personnes concernées par les commentaires.

Mais il a aussi une autre lecture. Encore plus haut et cela m'a fait beaucoup de bien. D'une part, cela rend visible que lorsque nous parlons blasés de l'Église en Allemagne, nous devons nous rendre compte qu'il y a des gens merveilleux, des fidèles et des combattants pour être saints et que, parfois, ils ne sont pas tellement entendus.

Et de l'autre, parce que l'abbesse Christiana Reemts, OSB, avec ses propos simples et profonds, très christocentriques , met en perspective le véritable objectif et quelles devraient être les vraies préoccupations.

Il est à noter que cette abbaye bénédictine, outre les vêtements, les bougies et le lait, est également dédiée à la patristique, avec des projets liés à l'Institut Dölger, à l'Écriture avec une édition du Vetus Latina et du Novum Testamentum Patristicum (NTP).

Toute glose gâcherait le texte, je le laisse tel quel :

29 mai 2021
Derrière presque tous les problèmes de l'Église, il me semble qu'il y a une christologie tronquée au sens des mots célèbres de R. Niebuhr : « Un Dieu sans colère a conduit des hommes sans péché dans un royaume sans jugement par les soins d'un Christ. sans croix.

Dans une traduction très libre : « Un Dieu qui comprend tout et n'en veut à rien, fait entrer dans le royaume des cieux des hommes qui n'ont conscience d'aucune culpabilité. Ils arrivent à ce lieu des bienheureux sans avoir à subir de jugement préalable, par la médiation du Christ qui les aime. La croix est tout à fait inutile pour cela.

Un beau mythe, mais pas la foi chrétienne, malheureusement.

31 mai 2021
La question de savoir qui a le pouvoir dans l'Église se pose partout. Les évêques et les prêtres sont censés abandonner ou partager le pouvoir. Je pense que c'est une question qui ne considère pas suffisamment ce qu'est l'Église et où elle a son but. Il ne s'agit pas de partager le pouvoir, mais de "celui qui veut être le plus grand d'entre vous, qu'il soit votre serviteur..." "pour ne pas être servi, mais pour donner sa vie".

Mais aussi demandé en termes purement humano-sociologiques, un évêque a-t-il du pouvoir ? J'en doute et je crains que bientôt personne ne veuille assumer cette position.

03 juin 2021
À travers la pandémie, à travers mon propre vieillissement et en faisant face à la situation actuelle dans l'église, j'apprends à vivre au jour le jour et à laisser l'avenir, comme quelque chose d'imprévu, à Dieu.

"Bien que notre homme extérieur s'use, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour..." (2 Cor. 4:16). J'expérimente que l'homme extérieur est épuisé ; Je ne peux que demander le renouvellement de l'homme intérieur. C'est semblable au pain quotidien : Dieu ne nous donne pas du pain qui dure pour toujours, ni ne nous donne une force intérieure durable par une parole magique, mais il nous donne jour après jour ce dont nous avons besoin pour vivre. Mais je me retrouve sans cesse à vouloir faire des provisions pour demain.

06 juin 2021
Dans la communauté, nous parlons souvent de l'état actuel de l'Église. L'autre jour, une question d'un collègue : « L'Église peut-elle déjà être considérée comme une autorité morale ? Cette fonction n'a-t-elle pas été assumée par les médias ? Cette question me trotte dans la tête depuis des jours.

Jésus a dit : « Celui qui vous écoute m'écoute » (Luc 101, 6), et cela m'engage absolument. En même temps, « fais et obéis à tout ce qu'ils te disent, mais ne te juge pas sur leurs œuvres, car ils ne font que parler, mais ne font pas » (Mt 23, 3).

Pour que je puisse vivre avec quand les ministres échouent personnellement, il est beaucoup plus important pour moi qu'ils proclament vraiment l'Évangile de Jésus-Christ. Après tout, je ne crois pas en Mgr X ou en Pasteur Z, mais en Celui qui est pour moi le Chemin, la Vérité et la Vie.

Bien sûr, il serait bon que chacun de nous, ou du moins chaque ministre, exige des autres, comme Paul, « prenez-moi pour exemple, comme je prends le Christ pour exemple » (1 Co 11, 1). Cependant, je dois honnêtement dire que j'hésite moi-même à m'adresser à mes pairs de cette manière par peur du manque de véracité et de l'hypocrisie, en termes modernes, du manque d'authenticité. Je ne veux pas parler différemment que j'agis, je ne veux pas montrer au monde extérieur quelque chose que je ne suis pas vraiment.

Mais je doute qu'il soit acceptable pour moi de trop céder à cet inconfort. Parce que mon travail d'abbesse est de proclamer et d'exhorter, même là où je dois honnêtement admettre que j'ai moi-même échoué. Mais devrais-je laisser tomber les Dix Commandements et le Sermon sur la Montagne parce que je déforme moi-même la vérité et n'aime pas Dieu de tout mon cœur, parce que je suis rancunier et égoïste ?

Au couvent, le travail de l'abbesse est de garder en mémoire les valeurs communes. Je me sentirais coupable si je ne le faisais pas, mais en même temps je sais - et avec l'étroite coexistence dans notre communauté, bien sûr mes collègues le savent - que moi-même je ne vis pas pleinement ce que je dis. Mais, par conséquent, ce que je dis peut encore être correct, car je ne proclame pas ma propre parole, mais le message d'un autre, que je ne dois pas abréger, même si j'ai honte.

Retour à notre église. Je suis convaincu que ceux qui occupent des postes dans notre église ne sont, en moyenne, ni meilleurs ni pires qu'ils ne l'étaient à tout moment. Ce qui compte, c'est de savoir si l'Église annonce l'Évangile et est la seule institution qui le fait. Je suis reconnaissante pour les nombreux saints qui existent en elle, mais je sais aussi et j'accepte que l'ivraie grandira avec elle jusqu'à la récolte - malheureusement, même en moi-même. Se mettre en colère à ce sujet est immature.

08 juin 2021
« Conditionné par le temps » : quelle est la pertinence herméneutique de ce terme ?

12 juin 2021
Un ajout à l'article de blog 6/6 : Il n'y a pas seulement la différence entre parler et faire, mais aussi celle entre l'action extérieure et le sentiment intérieur. Très souvent, les gens me disent que la demande de Jésus d'aimer son prochain ne peut pas être satisfaite, parce que l'amour ne peut pas être ordonné. Cette dernière est, bien entendu, vraie, au moins en ce qui concerne l'amour en tant que sentiment. Mais est-ce ce que Jésus voulait dire ? Je pense que ses exemples montrent plutôt qu'il voulait que nous traitions l'autre comme nous-mêmes, c'est-à-dire que nous nous souciions de ses besoins corporels, spirituels et émotionnels autant que des nôtres, même s'ils étaient désagréables au cœur. C'est la charité ; le sentiment amoureux est assez secondaire. Agissons comme nous voulons être et comme nous avons réalisé que c'est la bonne chose à faire. Ce n'est pas de l'hypocrisie, mais une telle action porte en elle l'espoir que nos actions nous façonneront et que notre moi intérieur, y compris nos sentiments, suivra. En d'autres termes, si nous nous comportons comme des personnes qui aiment leur prochain, nous deviendrons ces personnes.

15 juin 2021
Aux moteurs de ce monde, l'argent, le pouvoir et la sexualité, Jésus a opposé pauvreté, obéissance et virginité. Notre monde en rit et beaucoup dans l'église se joignent à ce rire. En même temps, il devient de plus en plus clair comment le gaspillage, la domination et la débauche sexuelle détruisent notre monde et l'Église. Nous devrions nous repentir beaucoup plus radicalement et écouter l'Évangile au lieu de chercher le salut dans ce qui nous détruit et de penser qu'il y a la raison ultime.

22 juin 2021
Dieu vit et je peux le rencontrer en écoutant sa parole. Je le crois, j'en suis convaincu.

En suis-je vraiment convaincu ? Ou est-ce que j'invente la foi à ma mesure à travers des relativisations historiques ? Je n'ose pas nier clairement ce dernier.

Une expérience de pensée : si je savais avec certitude que Dieu me parlait, est-ce que j'obéirais quoi qu'il arrive ? Même s'il exigeait quelque chose de complètement « hors du temps », par exemple, la subordination des femmes aux hommes ?

25 juin 2021
Mon article du 22 juin a soulevé des questions, principalement sur la façon dont ma compréhension de la Bible est réfléchie, ou si je crois vraiment qu'une compréhension littérale de la Bible est la seule correcte. Non, je ne pense pas, cependant je ne vais pas supprimer l'entrée, car mon propos n'était pas sur l'herméneutique, mais sur qui est responsable de ma vie, Dieu ou moi-même.

Je crois que l'Écriture est la parole de Dieu dans la parole de l'homme, et que ce n'est qu'en connaissant bien la langue et la culture dans lesquelles les textes bibliques ont été écrits que l'on peut comprendre ce qu'ils signifient. La lecture de la Bible requiert une interprétation et les images doivent être reconnues comme telles, mais il est tout aussi important que la chose signifiée ne disparaisse pas avec l'image.

Je me demande toujours si je ne fais pas constamment en sorte que la Bible me corresponde, si je continue vraiment à écouter ce que disent les textes, même quand cela va à contre-courant. La subordination des femmes aux hommes n'était qu'un exemple particulièrement provocateur, on pourrait aussi citer la colère de Dieu, beaucoup de choses du Sermon sur la Montagne ou, pour être clair que je ne parle pas des autres, mais certainement de moi-même, la question de savoir si Dieu voulait vraiment des monastères.

Encore et encore, je me retrouve à penser que juste parce que je fais quelque chose, cela doit être juste, juste devant Dieu. Cela pourrait être une erreur ! Et de plus, si la Parole de Dieu ne fait que confirmer et consoler, et non plus irriter, gêner, juger et exhorter au repentir, elle est au fond superflue.

29 juin 2021
Ce qui m'inquiète, c'est l'insécurité de beaucoup de nos évêques, leurs clins d'œil à l'opinion publique. Ils ne voient pas que le navire a navigué, que l'Église en Allemagne n'est plus une force sociale - ce ne le sera pas avant des décennies. Aucune quantité de "processus" ne changera cela.

Bien sûr, l'église est plus qu'un service religieux, mais je reste convaincu que se tourner vers Dieu dans la lecture des Écritures et la prière doit être plus central que jamais. Tout le reste peut être fait par d'autres. Gardons les cieux ouverts, c'est le plus grand ministère pour notre monde. Et faisons confiance à la promesse : "... les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle" (Mt 16,18).

https://www.infocatolica.com/blog/delapsis.php/2107090320-abadesa-de-mariendonk-llo-que
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Mariendonk, la Mère Abbesse Christiana Reemts

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