Bonjour Théotime,

J'ai mis un peu de temps à récupérer les éléments que je voulais, mais voilà une réponse, désolé pour le délai :)

Je vais essayer de vous apporter les éléments principaux permettant à la fois de comprendre pourquoi dans cette époque marquée par le modernisme, M. Zundel est une référence, et en quoi ses positions sont particulièrement dangereuses pour la foi. Des prédicateurs très catholiques le citent hélas, car comme dans tous les écrits on peut trouver de beaux passages, même si le fond est particulièrement dangereux. Je prie alors pour eux, car s’ils ne voient pas ce danger, combien d’autres ne voient-ils pas ?

M. Zundel est né en Suisse dans une famille catholique, mais avec une grand-mère protestante dont il dira que je cite « c’est elle qui m’a le plus influencé dans toute ma vie ». Vicaire à Genève, il se fait remarquer car il refuse par exemple d’enseigner le catéchisme comme tel, lui préférant pour mener (d’après lui) les enfants à Dieu l’art et la science. Marqué politiquement à gauche, il signe en 1936 le manifeste de soutien au Front populaire. Il est déplacé par ses supérieurs à Ouchy.

Confesseur de l’Abbé Pierre, il s’offusque de l’interdiction des prêtres ouvriers par Pie XII. Proche de l’islamologue islamophile Massignon et de Paul VI, il prêche au Vatican en 1972. Végétarien, il aime par contre fumer 100 cigarettes par jour ! Il parle avec emphase, et parfois cela semble d’une pédanterie bien dure à écouter… (je relate ici le témoignage de quelqu’un qui l’a vécu, que j'ai vérifié hier auprès de la personne).

Côté théologie, pour lui croire en Dieu est inséparable de croire en l’Homme, et il ne supporte pas les termes de « justice divine » ou de « toute puissance ». Il en vient presqu’à dire ouvertement que Dieu n’existe qu’en l’Homme. Il prend à son compte la provocation de Maitre Eckhart : « Il faut prier Dieu de nous délivrer de Dieu » (soupir). S’il dénonce les travers de la religion vue comme parfois autoritaire, sa promotion de la foi en l’Homme éteint la Foi en Dieu, le tout avec un "mysticisme complexe", en partie touchant en surface mais qui en profondeur nie la plupart des dogmes, dont l’Eucharistie qu’il prétend défendre en la vidant de sa (SI BELLE) substance. Il aime bien les ambiguïtés et les propos abruptes choquant les bien pensants.

Quelques citations qui parlent d’elles-mêmes, d’abord de ses amis :

*"Les amis de M. Zundel" invitées sur Radio N.D. le 24.9.2015, à 17h45 : « Dieu est à genoux devant l’homme » ; Le Christ ne nous demande pas d’aimer Dieu, mais d’aimer l’homme ». Ce n’est vraiment pas catholique, c'est le moins que l'on puisse dire ;

* Marcel Neusch : « pour Zundel, Dieu n’est nul par ailleurs qu’en l’Homme », quelle hérésie !

* Ramón MARTÍNEZ de PISÓN LIÉBANAS dans : "La fragilité de Dieu selon Maurice Zundel " : « La découverte de Zundel s'inscrit à travers sa rencontre d'un Dieu pauvre et désapproprié de lui-même ; un Dieu fragile. » Confondre la miséricorde et la fragilité… c’est encore très grave…

* Avis du théologien protestant libéral L. Gagnebin : « Le "protestantisme libéral" n'a le monopole ni de l'Évangile ni du libéralisme ! Il y a des catholiques libéraux, des théologiens comme Jacques Pohier, Louis Evely, Maurice ZUNDEL, tous attachés aux deux mots qui me semblent résumer notre pensée : Évangile et liberté. »

Et maintenant quelques citations de lui, toutes redoutables à la lumière de la foi, de la tradition, des mystiques, et du vrai. Je vais essayer de les classer en deux groupes : lutte contre la foi de l’Eglise (au nom de la défense d’une « vraie foi » délivrée des archaïsmes et déification de l’Homme (au détriment d’un Dieu qui fragile disparait presque).

1) Citations de M. Zundel appelant au rejet de l’enseignement de l’Eglise, et à sa transformation complète :

*Il fallait tout changer, tout remettre en question, toute la Bible, toute la tradition, toute la liturgie, toute la morale chrétienne, toute la philosophie (autobiographie)

* Il faut changer de Dieu

* Je crois en Dieu parce que je crois en l’homme.

* Le paradis est nié subtilement : « "L’au-delà" n’est pas à situer après la mort, il est d’abord un "au-delà" de la biologie et il est en réalité un au-dedans ». Ou encore « La question primordiale n'est pas de savoir si nous serons vivants après la mort mais de l'être avant. »

* la suprême consigne est d’aimer l’homme et non pas Dieu.

* "Notre Credo risque d'induire en erreur : avant que d'être tout-puissant, notre Dieu est très aimant et fragile ; il faut changer de Dieu."

* "Il y aurait une immense purification à faire de tout le vocabulaire religieux, en tenant compte de l'immense distance qui sépare les conceptions d'aujourd'hui et il y a seulement 100 ans."

* Il propose même un credo qui crie justice devant Dieu dont je recopie le début en souffrant de lire des choses aussi moches :

" Je crois en l’homme créateur de l’homme. Je crois en la trinité humaine, Père, Mère et enfant. Je crois en la virginité de la paternité et de la maternité authentique. Je crois en la virginité de l’amour. Je crois en la communion de la lumière où les personnes s’engendrent et se reconnaissent réciproquement. Je crois à la valeur infinie du corps humain et à son éternité." Etc.

* Dans un livre contre l’Eucharistie intitulé : « L’Idolâtrie de l’Eucharistie » on lit par exemple :

- " Il y a une religion apparente qui ne suppose aucun engagement profond. Cela est extrêmement grave, et nous pouvons nous demander jusqu’à quel point ce n’est pas à propos de l’Eucharistie qu’on en est arrivé à une confusion aussi radicale sur l’essence même du message de Jésus"

- "S’est-on suffisamment interrogé sur la valeur de nos communions ? sur la valeur de celles des petits enfants ? Que donnent-elles ? Que changent-elles ? "(Qu’en sait-il ???)

- "L’humanité de jésus doit donc disparaître ! (…) Peut-on dès lors imaginer un seul instant que Notre Seigneur nous ait donné l’Eucharistie pour que nous refabriquions avec ce sacrement un culte idolâtrique, pour que nous puissions le posséder là, à la portée de notre main, en l’enfermant dans une boîte pour qu’il soit bien à nous ? Peut-on concevoir un pareil matérialisme de la part du Seigneur ? Peut-on imaginer qu’il ait dérobé sa présence visible aux Apôtres pour nous restituer dans l’hostie un foyer d’idolâtrie, comme si nous pouvions disposer de Dieu comme on le fait d’un objet ? C’est absolument impossible."

2) Quelques citations de déification de l’Homme :

* "La foi la plus difficile, c’est la foi en l’homme"

* « Jésus, c’est l’humanité qui est venue à Dieu, l’humanité assumée en Dieu. »

* « Dieu est totalement remis entre nos mains et que son règne arrive, c’est notre affaire.»

* "La Trinité est la délivrance d’un cauchemar où l’humanité se débat quand elle se situe en face d’une divinité dont elle dépend et à laquelle elle est assujettie : pourquoi Lui plutôt que moi ? Pourquoi suis-je la créature, et Lui le Créateur ? " (on retrouve la tentation de l’Homme de vouloir se faire Dieu, car derrière la toute puissance de Dieu qu’il rejette, en réalité il refuse aussi de tout son être la faiblesse, l’humiliation de l’état de l’Homme. L’orgueil est partout dans ses écrits sur la fragilité de Dieu...

*" Il y a une révolte sourde et implacable qui monte du cœur de l’homme dans cette confrontation de son esprit avec cette espèce de Dieu qui lui apparaît comme le rouleau compresseur de l’esprit !"

* Il prend même la défense de satan : « dans l’Ancien Testament le péché suprême, le péché originel, c’est de vouloir être comme Dieu, dans le Nouveau, c’est cela même qui est l’unique nécessaire. "

* "Il s’agit d’être comme Dieu ! Et, au fond, cette intuition nietzschéenne, cette volonté d’être Dieu, de ne supporter aucun Dieu en dehors de soi, est l’ébauche d’une vocation authentique."

* "Rencontrer l’homme et rencontrer Dieu, c’est exactement la même chose" Heureusement qu'il se trompe complètement !!

* "Le sexe est un altruisme scellé dans notre esprit et exprimé dans notre chair." Est ce si simple ???

* " Le Christ est à tous, il est en tous."

En conclusion, les écrits de Maurice Zundel doivent je pense nous appeler à une chose : à prier, à beaucoup prier pour les personnes qu’ils égarent, et à prier pour le salut de son âme.

Encore une chose : cela nous appelle aussi à nous former. Le saint Curé d’Ars disait (de mémoire) que « bien des âmes se perdent par ignorance coupable » alors faisons en sorte non seulement de ne pas être de celles là, mais de prévenir nos frères.

Et puis confions le tout à la très sainte Vierge Marie, elle qui disait à satan lors d’une apparition au père Lamy : « Si vous continuez vos entreprises contre la divinité de mon Fils par le modernisme, comme aujourd’hui j’apparaitrais aux prêtres (…) aux foules, je leur parlerai, et en voyant la Mère, elle comprendront qui est le Fils »

Que le Christ revienne, et que Marie très sainte lui ouvre la voix dans cette période où règne l'apostasie et la confusion comme jamais.

Ps : j'espère que j'ai été clair, pas trop long et que cela vous aidera ! Union de prières :)

     

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