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"N-D de Paris : des chênes normands pour la flèche"
par Cristo 2021-02-03 20:49:56
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on se sent tout petits !



Notre-Dame de Paris : la reconstruction de la flèche se fera grâce à des chênes normands

La sélection nationale des arbres qui constitueront la charpente de Notre-Dame de Paris a commencé dans l’Eure, mercredi 3 février 2021. Experts, propriétaires donateurs, professionnels du bois et architectes ont marqué les premières grumes à La Neuve-Lyre où le massif de Conches-Breteuil doit fournir entre 15 et 20 arbres.

Rémi Fromont, architecte en chef des Monuments historiques, a symboliquement marqué le premier arbre eurois qui servira à la flèche.

Les habitants de La Neuve-Lyre pourront être fiers : quand ils iront visiter Notre-Dame dans dix, cinquante ou cent ans, ils pourront se dire que le premier arbre sélectionné pour reconstruire la charpente de l’édifice vient de leur petit coin du sud de l’Eure. Si tout va bien, le chêne retenu donnera un « débit », selon le terme technique, de forme parallélépipédique, de 40 centimètres de côté et de 8 mètres de long. Mercredi matin, d’un coup de bombe orange, l’arbre a été orné d’un grand « 1 », le plaçant en tête de liste de tous les chênes de France qui apporteront leur écot à la reconstruction.

« C’est un cadeau magnifique qui nous est fait »

« Si je me suis engagé dans ce projet, c’est pour vivre des moments comme ça », ne cachait pas Philippe Gourmain. Cet expert forestier coordonne les dons pour France Bois Forêt : « Ces arbres ont été plantés pour l’usage de l’homme, pour être travaillés et j’ai forcément une pensée pour nos prédécesseurs », souligne-t-il. Le premier chêne choisi aurait ainsi autour de 180 ans... « Je ne crois pas trop à la prédestination, mais il y a des signes qui s’alignent. C’est la cerise sur le gâteau de penser que le gland qui a été semé au moment de la construction de la flèche va servir à la remplacer, sourit Rémi Fromont, architecte en chef des Monuments historiques, venu dans l’Eure spécialement pour l’occasion. Je suis très ému parce qu’on arrive à un moment extraordinaire. On en parle depuis déjà deux ans maintenant et on avance dans le projet. Mais là, il se concrétise. Avec cet arbre et ce gros numéro 1, on s’est dit : ça y est, c’est parti. »

Vaste de 16 000 hectares (sur les 416 000 que compte la Normandie), le massif forestier de Conches-Breteuil doit offrir « entre 15 et 20 arbres » à Notre-Dame et à « la première tranche de travaux de charpente, précise l’expert eurois, François Hauet. Il s’agit de la flèche de Viollet le Duc qui nécessitera environ 1 000 arbres de fortes dimensions. Contrairement à la charpente médiévale de la nef et du chœur façonnée à la main avec des chênes de taille ordinaire, la flèche du XIXe siècle a été réalisée avec des bois sciés et certaines pièces sont de taille exceptionnelle. Toute la filière se mobilise ».

Une fois identifiés et marqués avec le fameux coup de bombe orange, mais aussi une légère taille au pied et un poinçon, les arbres eurois seront abattus, élagués avant de sécher pendant douze à dix-huit mois. « Il faut couper dès cet hiver pour clore le chantier de la charpente en 2024, précise Rémi Fromont. On est très pénible, on le sait, sur les critères de choix. On ne prend que le cœur des arbres, car c’est là qu’il y a la meilleure tenue, la plus grande solidité et le moins de risques de déformation. C’est un cadeau magnifique qui nous est fait et aussi un très beau symbole. Si le drame [de l’incendie de Notre-Dame, NDLR] a été international, c’est beau de voir que le projet de reconstruction est national. » De quoi inciter des propriétaires forestiers à jouer le jeu. Ainsi, Groupama, qui avait proposé très tôt ses chênes du massif de Conches-Breteuil, fera don de plusieurs d’entre eux au programme de reconstruction.

« Une chênaie reconnue dans la région et au-delà »

Mais qu’ont donc de si particulier ces chênes-là ? Déjà, il y en a pas mal. Le massif de Conches-Breteuil représente « entre 700 000 et 750 000 arbres », selon les estimations de François Hauet. Soit « un million de mètres cubes et une production de 20 000 m³ par an. Là, on va rassurer les gens qui avaient des craintes. On va sélectionner entre 15 et 20 arbres, ce qui représente entre 70 et 80 m³ » et, accessoirement, aux alentours de 30 000 euros puisqu’il s’agit de pièces rares.

« C’est une chênaie reconnue dans la région et au-delà, assure l’expert forestier. D’ailleurs, si les scieurs font des kilomètres pour venir ici, c’est qu’ils y trouvent leur compte. » Les chênes de Conches-Breteuil ont pour eux « leur rectitude, explique Quentin Dutertre, de la Scierie Feillet, à Tinchebray (Orne). Ils ont un grain mi-fin qui offre une structure solide. Ils poussent davantage en hauteur qu’en circonférence. C’est typique des taillis sous futaie. Un arbre, c’est comme le vin, c’est la terre qui fait tout ». Alors, à la santé des chênes eurois !

« Il y a encore le savoir-faire »

Fondateur des Charpentiers sans frontières, le Rouennais François Calame a suivi avec beaucoup d’intérêt l’opération de mercredi. Notamment parce qu’en septembre dernier, son association a dressé une partie de la charpente de Notre-Dame, à savoir la ferme n°7, sur le parvis de la cathédrale parisienne, et « en utilisant les techniques du XIIIe siècle, fait valoir François Calame. À l’époque, tout était façonné à la main. C’est différent pour la flèche, qui avait été sciée mécaniquement au XIXe. Ce qui compte, c’est que, contrairement aux dires de certains, il y a encore le savoir-faire et on l’a prouvé ».

Les Charpentiers sans frontières sont ainsi candidats à opérer sur la nef. « Le choix de la technique sera connu fin mars, indique François Calame, qui porte un regard aiguisé sur le choix du bois. Tout le monde voudra mettre un point d’honneur à donner le meilleur et Notre-Dame aura donc le meilleur du meilleur. Autrefois, on était plus pragmatique. Peut-être que là, on arrivera à du bois sans nœuds et, personnellement, je le regretterai. Certes, le bois sans nœuds est plus facile à travailler. Mais le bois de charpente, ce n’est pas le bois d’ébénisterie. Le charpentier a un rapport sensuel avec la matière. C’est un corps à corps avec une matière vivante. Nous, on aime ce côté rustique. On travaille à la main, c’est notre plaisir. » Et cela fait vingt ans que ça dure.

Vincent LE GALLOIS
Paris-Normandie

     

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