Si j'étais cynique, je dirais que je comprends mieux pourquoi certains s'inquiètent de la fermeture des églises !

Le Figaro relaie la CEF qui a abordé le sujet ce jour.

Le Figaro

Je redis ici quelques considérations économiques et pastorales :

- plusieurs diocèses ont été gérés par des prêtres et/ou laïcs incapables, et il y eut plusieurs économes diocésains depuis vingt ans qui sont passés en justice pour détournement. Les évêques et leurs vicaires généraux n'ont rien vu ?! Aucune responsabilité dans la confiance accordée à des malhonnêtes ou des incapables ? J'ai le souvenir d'un évêque qui a donné la direction d'une maison de retraite diocésaine à un Libanais réfugié en France, recommandé par un prêtre. Ce type n'y connaissait rien, s'est mis à dos le supérieur de la maison et après quelques années, la maison a fermé. Il avait été remplacé par un catholique du cru, entre son licenciement et sa retraite. On recrute au doigt mouillé dans l'Eglise, comme on place des déléguées au catéchisme qui ne pratiquent pas nécessairement (je suis formel pour au moins un cas) ou à la liturgie (car la dame a un DEA en théologie obtenu à Strasbourg).

- beaucoup de diocèses ont vendu ou bradé des patrimoines hérités de familles ou de prêtres qui, eux, s'étaient saignés depuis 1905. Il y eut des investissements inconséquents. J'ai signalé ici que le séminaire intercontinental d'Orléans appelle au mécénat (avant de vendre d'ici dix ans quand il n'y aura plus assez de séminaristes ?), va supprimer ou a supprimé les stalles de la chapelle du séminaire, etc. J'ai connu un prêtre qui avait pour mission urgente de vérifier toute la comptabilité d'un diocèse, car l'évêque nouvellement arrivé voulait y voir clair, fort de quelques doutes. Je connais de près un notaire retraité que l'évêque a appelé pour le conseiller. Le notaire, bénévole, a demandé d'avoir accès à tout. L'évêque s'est rétracté quelque temps après... Des laïcs ont été embauchés de manière inconséquente, et après, il faut aligner les salaires et les charges. Même Paris a osé licencier une partie de ses salariés (dont les zombies en bleu) après l'incendie. Bonjour la moralité ! Et j'ai bien en tête le curé dire qu'il n'y aurait pas de licenciement, mais des personnes recasées dans les paroisses.

- le pape veut une Eglise pauvre pour les pauvres. En France, on peut aider en ce sens. Qu'on ne me sorte pas le fait que les diocèses ont besoin d'argent pour ça et ça. Je le sais, et si au moins les réunions et les synodes servaient à quelque chose. C'est l'Etat qui change l'électricité dans la cathédrale ou répare les dais, sauve les chapiers et les bancs d'oeuvre, pas les catholiques. Certains tracts de cathédrale laissent entendre, en jouant sur les mots, que l'Eglise les entretient et qu'il faut donc donner ! Sans foi ni loi.

- il y a des évêques qui trouvent toujours 100 000 euros pour refaire aux normes conciliaires leur autel et leur tribune, en 2020 encore... Depuis 1965, il serait temps. Pendant ce temps, de pauvres églises et leurs maires peinent à trouver quatre sous pour un tableau ou une statue qui ne sont pas classés ou inscrits.

- la pastorale et la doctrine consistant à placer la messe comme un vulgaire rassemblement convivial, la fin de la prédication sur les fins dernières (G. Cuchet) et tout le toutim ont produit un effondrement considérable des croyants. Qui aujourd'hui, dans le NOM, chez les moins de 65/70 ans offre régulièrement des messes ? Et je vous épargne les trentains... L'accumulation des intentions de messes lors d'une messe, la liste des noms pour lesquels on prie ânonnée par la dame qui la PU (alors que ce n'est pas la place !), l'absence totale du Purgatoire dans l'univers mental des catholiques...

- je trouve gonflées les paroisses qui demandent la bouche en coeur aux familles en deuil de payer une forte somme, alors qu'il n'y a pas de messe en présence du cercueil. La messe sera dite ultérieurement ! Tant mieux. L'argent n'a pas d'odeurs... Pas d'organiste à payer pourtant !

- le fidèle n'est nullement tenu de donner à sa paroisse ou à son diocèse, il vote avec les pieds, désolé. Je donne à des séminaires, à un autre diocèse que le mien, à des couvents, à des prêtres isolés (et sans demander un reçu fiscal !). Je donne parce que ma forma mentis n'a pas suivi le tout-venant. Je refuse de payer le chauffage de la déléguée épiscopale préposée à la persécution des prêtres ou aux affiches cégétistes du synode, à l'achat de livres tendancieux par le pseudo-centre de recherches diocésain.

- qu'on ne nous fasse le coût des bougies qui n'ont pas été vendues. J'ai cité ici une cathédrale dont la paroisse oblige les touristes à se servir de leurs seuls audio-guides ! C'est strictement illégal, en plus d'être immoral. Le guide paroissial bénévole ne manque pas de tendre sa main pour recevoir les oboles généreuses des touristes retraités. C'est grandiose.

- l'Eglise de France devrait se servir de cette baisse drastique pour savoir que ce n'est pas fini. Dans vingt ans, les vieux élèves avant le concile ou peu après auront disparu, et la relève sera très très mince. Si je gérais mon budget familial comme certaines finances ecclésiales sont gérées, je serais à la rue. Il ne me reste rien à chaque fin de mois, au passage, et à la différence de beaucoup de diocèses, je n'ai pas aucun actif et un patrimoine quand j'aurai remboursé le prêt. Ici un lecteur a attiré mon attention sur un diocèse qui se dit pauvre, mais dont les comptes, publics, révèlent des comptes en banque de plusieurs millions d'euros. Certains évêques se sont réunis à Notre-Dame de l'Epine près de Châlons pour se préparer à ce choc financier qui arrive (bien avant le confinement). Voilà des personnes sérieuses et lucides.

- le secours dit catholique est censé aider les pauvres. Quand je leur ai apporté des habits que mes enfants mettaient il y a encore peu, on me les a refusés, car ils n'étaient pas à la mode ! Que ces catholiques de gauche aillent se faire voir ! Et quand je vois qui fréquente telle antenne du secours catholique, je vois de nombreuses femmes qui ne sont pas des catholiques de stricte obédience. Quand on est pauvre, on prend ce qui vient. Et je ne change pas ma garde-robe tous les ans, loin de là. Bientôt on nous demandera de ne pas donner des habits qui portent un motif cruciforme, même le plus anodin.

- il y a des parents heureux qui vont régulièrement avec leurs enfants dans les églises. Et certains enfants demandent en premier d'aller prendre un cierge et d'y prier à une intention. C'est une attitude, une pratique. Bien sûr, de courageux curés et quelques dames du caté (ce qu'il en reste...) invitent à cette pratique, mais c'est de longue date l'exception. Cet après-midi, mon église de campagne était encore fermée : il y aurait eu deux personnes de passage pendant quelques minutes.

Puis-je enfin vous soumettre cette video de messe retransmise par un curé de 40 ans. Merci de ne pas chercher où cela se trouve (je souhaiterais ne pas trop accabler ce jeune prêtre, puis-je compter sur vous ?). Disons que je connais très très bien. Admirez ! Cette Eglise-là n'a pas besoin d'argent et je souhaite ardemment qu'elle meure. Non possumus, comme dirait l'évêque d'Orléans pour exiger de voter Macron au deuxième tour.
Cette messe est un cirque, exprime ce qu'on pense de la messe, révèle les références culturelles et artistiques des laïcs qui ont en main la paroisse. Le curé s'est filmé récemment sur facebook où il se déguise en curé avec barette, les dents noires, faisant un faux baptême, etc. Le journal hier a titré que cette paroisse se trouvait entre solidarité (mot socialiste) et humour. Un soir de messe de minuit (20 h, ça aussi, une belle chose...), j'ai déjà raconté que ce curé a demandé d'éteindre les lumières pour qu'il se prenne en selfie avec les lumières de smartphone allumées. J'ai demandé alors pardon à mes enfants pour ce qui était plus qu'un crève-coeur et une offense faite à cette messe.

Finançons les choses solides et qui sont sous-tendues par un état d'esprit catholique. Qu'ils se débrouillent, sinon. Le tradi est très généreux par nature, de son temps et de son argent. Je sais que les familles bourgeoises et certains clercs n'aiment pas parler d'argent. Je ne suis ni bourgeois ni clerc, et pas hypocrite à cet égard. Ce sont qui ont suffisamment d'argent en 2020, qui peuvent se permettre de ne pas compter.

Cardiaques, s'abstenir !


Vous noterez que ces messes ne sont vues de personne.

Un moraliste ou un historien nous diront dans dix ans qu'il y avait une vanité à filmer sa messe.

Les chants sont particulièrement atroces et c'est le lot de la majorité des paroisses françaises.

Ceux qui chantent n'écoutent jamais Bach ni Widor. Parfois ils répètent le chant qu'ils découvrent dix minutes avant la messe.

Ce serait comique si ce n'était à pleurer.

Je connais la plupart de ces gens, qui pour certains n'ont aucune idée de ce qui pourrait se faire ailleurs. Ils n'ont jamais entendu parler du motu proprio et encore moins de Civitas !

messe juin 2020

messe des défunts

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