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Extrait :

J.-M. Guénois : Jamais, avant vous, l’épiscopat n’avait voulu rencontrer les organisateurs de la Manif pour tous. Vous avez rencontré officiellement les organisateurs de la manifestation de ce samedi, est-ce le signe de votre soutien?

Mgr de Reims : La situation s’est aggravée avec la révision des lois de bioéthique ; nous avons aussi changé de génération. Entendre et connaître les associations qui sont engagées dans ce combat pour voir comment agir utilement et, surtout, comment intéresser l’opinion publique aux enjeux bioéthiques, est une nécessité.

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"Nous avons aussi changé de génération" : Mgr parle-t-il de la société, des politiques ou de certains évêques moins frileux et socialistophiles ?
Le journaliste demande si les évêques soutiennent la manifestation de ce jour. Attendez-vous à une réponse digne du cardinal Vingt-Trois.
Il serait temps de se demander pourquoi Mgr d'Ornellas, chargé des questions de bioéthique, est un illustre inconnu totalement inaudible.
L'archevêque de Rennes doit vivre dans son petit monde pour ne pas se rendre compte qu'il est totalement inefficace. Je suis persuadé que certains de ses confrères ont fait le constat, mais collégialité oblige, personne n'ose le pousser dehors.
Se demander en octobre 2020 pourquoi l'opinion ne s'intéresse pas du tout à des problèmes qui datent de plusieurs années, est un peu court. Un peu d'autocritique ne nuirait pas. Certains évêques courageux sont clairs et nets, d'autres préfèrent d'autres thèmes plus faciles devant leur auditoire vieillissant et fidèle : clandestins qu'ils appellent migrants ou réfugiés, réchauffement climatique, tri des bouteilles, Amazonie, chocolat équitable et verveine pas trop chaude.
Je suis étonné qu’un théologien en appelle à l’opinion, car Bachelard considérait que l’opinion ne pensait pas et devait être tuée. L’opinion considère dans son grand bon sens que les prêtres doivent être mariés et que l’avortement à 12 semaines n’est pas un mal en soi, que les femmes feront de bons prêtres et que cette discrimination n'a que trop duré… Un jour on apprendra que la CEF commandait des sondages secrets pour savoir ce qu’il fallait dire a minima et surtout ne pas dire pour heurter les chastes oreilles des électeurs écolos et socialistes. Comme dit La Croix, il y a moyen de s'entendre avec EELV (alors qu'il s'agit d'un parti microscopique, savamment monté en mayonnaise dans les médias). On appréciera l'objectivité de la Croix quand ils se poseront la même question avec la dizaine de millions d'électeurs du RN. Si le général de Villiers se lance dans la présidentielle, La Croix sera bien embêtée... Un jésuite de 80 ans ira de son article sur les risques d'un coup d'Etat militaire... Et la candidate à la nonciature dira que la phallocratie lui passe en travers de la gorge.

Il est certain que Mgr de Reims aura une plus grande audience en répondant au Figaro, qu'à La Croix, RCF ou à Libé.
Mais tout cela retombera, passé le week end des lecteurs du Figaro dans leur résidence secondaire ou chez Angelina.
Ce n'est pas non plus en pondant un bouquin de "bioéthique" que personne ne lira, qu'un évêque peut se donner bonne conscience.

L'avortement au 9e mois sous des prétextes subjectifs est une chose totalement inconnue des médias, exception singulière de Pascal Praud sur cnews qui fait parler dessus Charlotte d'Ornellas et Eugénie Bastié.
Où sont les jeunes femmes catholiques lancées par La Croix et que les médias pourraient recevoir ?

Ces deux-là n'auraient pas leur place dans ce machin. Trop clivantes, trop conservatrices, trop structurées de la colonne, et j'ajoute une remarque que les esprits éthérés ne comprendront pas : risquant de faire trop d'ombres esthétiques aux anciennes journalistes de La Croix ou aux dames de 60/70 ans qui aspirent à l'épiscopat...

L'Institut dit catholique de Paris a embauché pendant neuf ans Alice Coffin, qui indiquait sur son compte tweeter "ICP" que peu de monde pouvait comprendre. La "femme" met toujours Sorbonne, histoire de se faire mousser. Dans les médias, le nombre de maître de conférences à sciences po est considérable. Le titre est usurpé, car il s'agit de simple chargé de cours ou de TD. Il y a ainsi des centaines de mcf à sciences po.
Mais l'ICP (ou de Lille...) aurait-il le courage de confier des cours aux deux journalistes susdites ? Ou à Robert Ménard ? Ou à Mme Maréchal ? Certainement pas, évidemment.
Et on trouverait bien deux évêques émérites et un archevêque de Poitiers pour se pincer le nez en public.
Si l'ICP recrutait des prêtres traditionnalistes docteurs ? Eh bien non, il n'aura pas cette intelligence et ce courage. Les efforts doivent se faire dans les deux sens.

Jamais la CEF n'a eu de si belles têtes pensantes, je crois, à commencer par son président. Paris a un archevêque moins transparent que le précédent (pas difficile). Et je crois aussi que ces évêques-là, qui se moquent totalement des anciennes haines de la Tradition, sont de bonne volonté. Ils pourraient se débrouiller pour être connus. Il y a des évêques qui occupent le terrain de leur cité et leur diocèse. Ils ne restent pas dans leur bureau et leurs églises. Mais quand ils se retournent derrière eux : le nombre de clercs fond comme neige au soleil. Ils voient les chiffres des séminaires chuter toujours et encore, jusqu'au séminaire français de Rome qui finira par fermer sous le prétexte économique. D'autres évêques et ceux qui ont les manettes dans l'Eglise sont encore sur la ligne Léon Taverdet (évêque de Langres, ancien supérieur général des frères missionnaires des campagnes, celui qui a viré le fondateur...) : "le manque de prêtres ? une chance pour les laïcs !". Nous devions répéter le mantra de ce génie dès l'adolescence. Ce paradoxe se voulait intelligent. J'ai compris assez vite que cela relevait du crime de haute trahison et de l'esprit de collaboration avec le siècle. Un ami prêtre (en cravate) m'avait dit que c'était comme l'Etat-Major en 40 : nous reculons, mais c'était prévu par les plans, n'ayez crainte ! La baisse des revenus des diocèses ? Mais une chance pour une Eglise enfin pauvre ! La disparition des pratiquants ? Mais un gain en qualité ! J'ai entendu cela du même évêque et de combien d'autres catholiques ! J'y sentais plutôt du catharisme. Une Eglise des purs (ce en quoi ils ressemblent à d'autres de l'autre bord...).

En ce moment, un certain clergé et ceux du Secours catholique s'empressent de relayer la lettre du pape sur la fraternité planétaire. L'IVG à 14 semaines ou à 9 mois (on s'habitue à tout en France), la suppression des frontières, l'abandon des OQTF, etc sont bien loin de leurs préoccupations. Un synode va réveiller tout cela à l'échelle de chaque diocèse. La covid a torpillé celui d'Orléans : Dieu fit d'un mal un bien. Les résolutions du politburo furent néanmoins relayées sur des feuilles imprimées de rouge en hommage au comité d'entreprise CGT d'EDF... Et depuis lors, on observe des cohortes de fidèles vers les églises, le séminaire diocésain recrute à tour de bras, l'évêque d'Orléans est devenu quelqu'un et se fait arrêter dans la rue quand il pédale, col roulé et barbe au vent. L'important est d'interdire la communion sur la langue.

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