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Répliques ce matin : Mauriac, l'éducation des enfants et le pape
par JVJ 2020-10-03 12:01:07
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Pour ceux qui osent écouter une radio d'Etat maçonnique sans dieu, vous pouvez vous instruire, ainsi que vos enfants (ce fut le cas chez moi ce matin...), au sujet de la réédition des Blocs-notes de Mauriac.
Certes, Finkielkraut est né juif et a encore confessé ce matin son athéisme, mais j'apprécie particulièrement cet homme, désolé.

Et lui, de répéter encore ce matin que le pape François proposait des idées chrétiennes devenues folles avec la fin des frontières (vers la fin de l'émission que vous trouverez en ligne). L'Eglise catholique se suicide avec ce genre de pape, pour dire vite et résumer ce que Fink a déjà égrené. Les plus optimistes diront que l'Eglise se tire une balle dans le pied.

Il est bon qu'un tel homme libre puisse éclairer certains catholiques, mais je doute que ceux qui écoutent RCF écoutent aussi France Culture... Il y en a qui aspergent leur poste de radio à l'idée d'écouter les ondes sataniques. Par hasard ce jeudi, je suis tombé sur RCF : émission économique entre Melchior et Bérénice. Au moins deux prénoms de la diversité. Et la gourde se pâmait devant les entreprises des banlieues tenues en vérité par des gens diplômés comme ailleurs, sur leur esprit d'initiatives, sur le fait qu'on les regardait de travers injustement... Bref, c'était oui-oui dans la banlieue. Rien ne fut dit du travail au noir, de la fraude aux impôts, de l'hygiène dans certains lieux, des vendeurs de sales choses qui servent de relais aux trafiquants... RCF au pays des Bisounours. Aussi orienté que Rance Inter et Rance Culture. Si ces endroits sont si merveilleux, on devrait y trouver des taux de chômage ridicule et des latinistes germanistes partout dans les collèges...

Dans l'émission de ce matin, il est question aussi d'une collection littéraire des années 60 qui demandait aux écrivains de dire ce à quoi il croyait. Puis en 1968/9, la collection s'est transformée en "dis-moi d'où tu parles ?". Révélateur.
Clavel, qui est un homme intrigant et difficile à mettre dans une case, avait répondu au sujet de cette question qu'il ne faudrait répondre que... : merde !

Mauriac agace au sujet de son tropisme musulman, spécialement marocain, et mendésiste. Il n'a jamais choisi entre le Sillon et Barrès, puis d'autres temps sont arrivés. Sa fascination pour JJSS laisse songeur, avant qu'il ne se récupère (à mes yeux...). Les pages durant le concile et d'après concile hésitent entre son obéissance au pauvre Paul VI et son constat de messes affligeantes, son regret de "belles" liturgies. Après d'autres, je ne le sens pas très net sur ses penchants sexuels. On lui prête ce mot qu'un Roger Peyrefitte a pu inventer : si je l'avais été, j'aurais adoré.
Il eut des obsèques nationales à Notre-Dame et vers lui convergeait un petit monde clérical. Il fait état, comme Julien Green dans son journal, de confidences de prêtres séculiers, de séminaristes (mode opératoire dangereux à mon avis...) et de religieux qui ne vont pas bien.

Ceux qui ne l'auraient jamais lu doivent lire au moins "Le sagouin" (il s'y trouve un prêtre au rôle troublant) et cela ne vous retiendra que deux heures. C'est magnifique. On voit aussi une mère indigne qui ne sait pas aimer son enfant. Je me moque à cet égard de l'encyclique de Pie XI en vertu de laquelle toute famille est de droit le légitime éducateur de ses gosses. Je peux présenter une liste innombrable de parents indignes, y compris mariés devant l'Eglise et pratiquants. Le comte de Paris eut onze enfants, mais ceux-ci ont beaucoup souffert de leur éducation (y compris en étant mis chez des Capucins ou chez certains tortionnaires de la Pierre-qui-Vire, avant concile !). Et avoir onze enfants, c'est plaisant quand on a des domestiques. Dans ses mémoires, la comtesse, qui était une femme pieuse et fidèle..., parle de sa smala, de ses petits sauvages, de son incapacité à les... scolariser à la maison et ailleurs. Le comte, qui se voulait pieux avant 1945, abandonna très souvent ses enfants et sa femme. Ils allaient à la messe, aux pèlerinages, lisaient le missel le dimanche si aucun prêtre n'était près d'eux au Maroc ou ailleurs. Mais il n'empêche que ces enfants étaient de vrais sauvages et que leur éducation laissa à désirer. Le comte prit même en haine ses enfants et ne voulut rien leur laisser. Par cet exemple, on voit que les apparences et la présence de précepteurs conduisent parfois au pire.

Je vois dans certaines chapelles des parents totalement débordés, et surtout des mères. Si on n'a pas obtenu le recueillement d'un enfant à la messe qui dure 2 h quand il a cinq ans, il y a un truc. Et cela ne se règle pas à coup de baffes dans la tête après le Sanctus comme il m'a été donné de voir dans une église tradi (le desservant m'a dit que cela regardait le père). Un jour il y eut une messe avec des pères partis en pèlerinage. Quel cirque ce fut ! Je sais que des gens se rengorgent à admirer une litanie d'enfants, par sentiment narcissique de puissance. Je voudrais qu'on me dise quel est le nombre idéal. Il y a des mères catholiques déprimées ou usées jusqu'à la corde, comme nos grands-mères qui n'avaient ni machine à laver, ni allocations, ni argent. Et elles ont intériorisé qu'elles devaient se taire et souffrir. Je ne connais pas une grand-mère des campagnes qui n'aurait souhaité avoir plutôt trois ou quatre enfants, que six ou sept comme c'était la règle jusque dans les années 60. Tomber enceinte alors que le dernier n'avait pas deux ans était vécu comme un malheur. Des jumeaux pouvaient arriver... Il fallait nourrir les autres et aller traire les vaches jusqu'au matin de l'accouchement, pour des revenus de misère, pas de douche et pas de télévision, ni de voiture, jamais de vacances, même le jour où on mariait sa fille, il fallait se changer pour traire les vaches (les gens des villes doivent ignorer cela). Le dimanche après la messe, les hommes jouaient aux cartes, mais qui se cassait la tête pour le repas et déshabiller les enfants ? Souvent il y avait aussi la grand-mère grabataire au lit qui n'était pas médicalisé... Trois générations vivaient ensemble. Saintes mamans ! Telle mère pieuse invitait M. le curé pour frimer socialement et lui présenter une pièce de viande, alors que les enfants la semaine n'avaient jamais de viande. Je ne veux pas de cette société. Et les mères catholiques possessives qui ont refusé que leurs enfants se marient ! J'ai des listes et des noms, jusque dans ma famille.
A l'opposé, des filles tenues à distance de bien des choses qui sont tombées enceintes avec le premier jeune homme venu, car on n'imagine pas le degré de naïveté et de méconnaissance (sans compter les mâles qui savent abuser du moment). C'était très courant jusque dans les années 70. Les curés devaient se débrouiller pour gérer au mieux le mariage qui serait fait en blanc. D'autres ont refusé que les mariés se prennent en photo et que les familles soient invités, car la future épouse était enceinte. Je trouve cela odieux et cela a traumatisé bien des couples. Il est juste que l'Eglise ait un peu détendu les ficelles, sans pour autant exposer l'idéal.

G. Cuchet parle démographie pour expliquer aussi que ces familles nombreuses donnaient un prêtre et une religieuse. Les vocations tiennent parfois à la démographie. Pour un médiéviste, l'appel de Dieu ou de l'Eglise en matière de vocation ne veut rien dire du tout. L'autonomie du sujet est une invention moderne que nous effaçons de nos jours en faisant croire que l'appel ne peut pas venir de l'individu, mais de Dieu et de l'Eglise. Quand un jeune est persuadé d'avoir la vocation mais que sa tête et sa forma mentis ne reviennent pas à l'évêque, ce dernier n'hésite pas à se prendre pour Dieu et à envoyer paître la jeune personne, en se moquant pas mal de ce qu'elle deviendra.

"Un adolescent d'autrefois" est aussi très beau. Attention, il est question de se baigner nu... Jésus, Marie, Joseph.
Les familles catholiques d'avant le concile ne sortent pas grandies des romans de Mauriac, car il n'est pas dans l'apologie.
Ce sont les références du jeune Mitterrand, qui lisait Chardonne plutôt que Gide.

     

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