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Histoire de NOTRE DAME DE GRÂCE A COTIGNAC
par Diafoirus 2020-08-16 20:53:54
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NOTRE DAME DE GRÂCE A COTIGNAC

Le 10 août 1519, un vieil homme pauvre et pieux, Jean de la Saque ou Jean de la Baume, de Cotignac en Provence, à 25 km au nord de Brignolles s'était rendu sur les pentes du mont Verdaille pour y faire provision de bois. Achevant une prière de louange à Dieu pour la beauté de son pays, une extraordinaire lumière l'éblouit. Accompagnée de saint Michel Archange, de saint Bernard et de sainte Catherine, la sainte Vierge portant l'enfant Jésus dans ses bras le considérait avec complaisance. D'une voix merveilleusement musicale elle dit à Jean :

" Va dire de ma part au clergé et aux habitants de Cotignac que je veux sur ce coteau une chapelle en mon honneur, sous le titre de Notre-Dame de Grâces. Je désire qu'on y vien¬ne en procession, parce que j'entends, en cette chapelle, accorder beaucoup de grâces à ceux qui y viendront prier. "

Étonné et émerveillé, Jean de la Saque croyait vivre un songe. La vision évanouie, ayant rassemblé son bois il descendit dans sa chaumière et ne dormit pas de la nuit. Le lendemain, tout en priant la Très Sainte Vierge il repartit pour le mont Verdaille. La Vierge lui apparut comme la veille et répéta mot pour mot ce qu'elle lui avait dit. Jean de la Saque ramassa son bois rapidement et transmis le message à son curé qui connaissant sa piété lui fit confiance. Aussitôt le clergé et les consuls décidèrent la construction d'une chapelle. Le 14 septembre, un mois et quatre jours après l'apparition, la première pierre fut posée. Le maître-autel se dressait à l'endroit même des apparitions où en creusant, on mit à jour un sépulcre avec des ossements et des instruments de supplice. A l'ouverture du tombeau plusieurs malades furent guéris disent les archives.

Les premières guérisons furent rapidement connues et les foules commencèrent à visiter le sanctuaire. Deux ans après les apparitions, le Seigneur Jean de Pontevès, baron et seigneur de Cotignac accorda les franchises à cette terre, ne se réservant que la justice et le pape Léon X accorda des indulgences pour les pèlerins. Pour gérer les offrandes on créa l'ceuvre de Notre-Dame, dirigée par des notables ou des consuls honoraires. En 1522 le renom de Notre-Dame de Grâces était tel qu'on y venait de toute la Provence. La ville d' Aix à l'occasion d'une épidémie de peste y envoya une députation pour "prier pour la ville, dans la chapelle de la Vierge Marie des Grâces, aux terres de Cotignac ".

Dès 1524, les consuls décidèrent la construction d'une nouvelle chapelle "plus grandiose et pouvant contenir plus de peuple ". Elle fut mise en chantier en 1534 avec les dons de Catherine de Grasse, veuve de Durand Pontevès et achevée quelques années plus tard. Bâtie dans le style gothique de cette époque elle mesurait 20 m. de long 9 de large et 10 de haut. Un immense retable en bois doré occupait tout le fond du sanctuaire avec dans une niche la statue de la Sainte Vierge debout, ses cheveux tombant sans voile sur ses épaules et sur son bras gauche, portant l 'Enfant Jésus qui tient un fruit dans une main et bénit de l'autre. C'est cette même statue de la Vierge qui est actuellement révérée et spécialement le 8 septembre pour la grande fête du sanctuaire.

De la même époque que la statue miraculeuse, un tableau fixé au mur au-dessus de l’autel représente Marie de Grâces différemment. Sur cette toile elle est debout sur un vaste croissant. Sa chevelure enveloppe ses épaules et descend jusqu'à la ceinture. La robe vieux rose, découvre l'extrémité de ses pieds nus. Le manteau est bleu. Elle porte sur le bras gauche l 'Enfant bénissant, en chemisette blanche, et le soutient de la main droite.

En 1586 le curé Rollin-Ferrier se rendit à Rome pour y étudier le projet d'un établissement religieux indépendant sur le mont Verdaille. Il y rencontra le fondateur de l'Oratoire, Philippe de Néri qui avec l'approbation de l'Evêque du lieu fonda en 1593 près de la Chapelle de Notre-Dame de Grâces, la première maison en France de l’ordre de l’Oratoire. Pendant deux siècles, jusqu'à la Révolution, les Oratoriens devaient rester les gardiens de cette chapelle. Au début du XVIIe siècle le pèlerinage atteignit l'apogée de sa gloire. On y venait de toute la Région. Les ex-voto pendus à tous les murs en font foi et une bulle d'Urbain VII datée de Castel Gondolfo en 1628 le souligne, rien ne manquait à la gloire du sanctuaire "ni les miracles que Dieu y a opérés ni l'affluence des pèlerins qui y viennent de presque tous les points du monde ".

Dans ce même temps, un petit moine, le frère Fiacre de Sainte Marguerite vivait à Paris chez les Augustins de Montmartre. Il était né le 21 février 1609, de pauvres paysans de Marly-la-Ville et après son entrée au couvent il y resta frère lai jusqu'à sa mort. Très pieux et très humble religieux, il brillait de toutes les vertus. Sa dévotion à la sainte Vierge le poussait à passer ses nuits en prières. Dès le début de son noviciat, en 1631, il fut cloué au lit par une grave maladie et se lamentait des dépenses ainsi occasionnées à la communauté. Pour le tranquilliser, le frère infirmier lui expliquait que le couvent était protégé par une haute, puissante et généreuse bienfaitrice, la Reine de France elle-même qui sollicitait les prières des moines car elle se désolait de n'avoir pas d'enfant et de ne pouvoir donner un Dauphin à la France alors qu'elle était mariée depuis 17 ans déjà. Depuis ce jour le jeune Fiacre offrit ses souffrances et ses prières pour la reine, le roi et la France. Guéri il continua de prier à ces intentions. Quatre ans plus tard Dieu lui fit connaître qu'Anne d'Autriche aurait un enfant lorsque trois neuvaines auraient été célébrées, la première à Notre-Dame de Grâces, la deuxième à Notre-Dame de Paris et la troisième à Notre-Dame des Victoires. Le saint religieux s'en ouvrit aussitôt à son confesseur et avec de ce dernier à son supérieur. L'un et l'autre estimèrent que pour une affaire aussi grave, délicate et même dangereuse, il importait que le petit frère garde soigneusement son secret pour lui. Il obéit et pendant deux années encore pria Dieu d'envoyer un Dauphin à la France. Le 28 octobre 1637, fête des saints apôtres, étant au chœur avec la communauté, une force irrésistible le poussa à se jeter aux pieds de son supérieur et à demander l'autorisation de parler sur le champ à son confesseur. "C'est véritablement la volonté de Dieu, dit-il, qu'on prévienne la reine de faire célébrer les trois neuvaines, pour qu'elle obtienne enfin la grâce de donner un héritier à Louis XIII". Supérieur et confesseur demandèrent des preuves plus évidentes de cette volonté. Le 3 novembre après matines au lieu de s'étendre pour se reposer, comme c'est permis, il se met à genoux et poursuit ses oraisons pour le Dauphin. Tout à coup il entend les vagissements d'un petit enfant. Tournant le tête, dans une douce lumière, il voit la sainte Vierge, couronne triple sur la tête, les cheveux tombant sur les épaules, en robe blanche semée d'étoiles d'or assise et portant un enfant dans ses bras. "N'ayez pas peur, je suis la mère de Dieu, et cet enfant est le Dauphin que Dieu veut donner à la France ". Elle disparut après un peu de temps laissant le frère Fiacre dans le ravissement, riant et pleurant à la fois. Il priait. Puis il céda à un mouvement de défiance, craignant d'avoir été le jeu d'un rêve ou de son imagination. Pour le rassurer la sainte Vierge se montra à lui trois fois encore, les deux premières silencieusement et " accompagnée de Jésus-Christ comme on le représente dans la flagellation et la résurrection " et la troisième vers quatre heures du matin pour lui dire :

"Ne doutez plus mon enfant de ce que vous avez déclaré à votre confesseur. Pour preuve de la mission que je vous confie d'avertir la reine de faire les trois neuvaines en mon honneur si elle veut être exaucée, voilà la même image qui est à notre-Dame de Grâces en Provence et la façon de l'église".

Et le petit frère vit alors de ses propres yeux, dans sa misérable cellule, le tableau vénéré à Notre-Dame de Grâces et la chapelle du mont Verdaille où il n'avait jamais mis les pieds. Il les vit ! Il les observa même dans tous leurs détails et rapporta notamment à son supérieur que "l'église était faite tout en demi rond, tout azurée et semée d'étoiles à l'endroit de l'autel".

Bien sûr le supérieur fit une enquête pour savoir si les déclarations et les nombreux détails rapportés par le frère Fiacre sur une image et un sanctuaire qu'il n'avait jamais vus et qui avaient été enregistrés dès le 5 novembre sous serment en présence du vicaire général de la Congrégation, correspondaient à la réalité. Le Cardinal de la Rochefoucauld, grand aumônier de France, frappé de ces faits stupéfiants, écrivit au gouverneur de Provence pour plus ample informé et convoqua le frère Fiacre en l'abbaye sainte Geneviève devant un conseil où figurait le confesseur du roi et d'autres personnages "recommandables par leur science et leur piété". Le petit frère maintint ses dires et les renseignements et témoignages prouvèrent qu'il disait vrai. Tout cela avait demandé du temps. Chacun hésitant à mettre le couple royal au courant de l'affaire, ce ne fut qu'en décembre 1637 que le Père Bernard, dit "le pauvre prêtre" aumônier des malades de l'Hotel-Dieu et des condamnés à mort, trouva l'occasion d'en informer la reine et que le père Sirmond, confesseur du roi, se décida à informer Sa Majesté. Louis XIII et Anne d'Autriche remplis d'espoir assurèrent que les neuvaines seraient faites.

Mais le frère Fiacre, tout à sa conviction n'avait pas perdu de temps et les neuvaines, il les avait prises à sa charge et commencées le 8 novembre 1637. Elles se terminèrent le 5 décembre et l'enfant qu’Anne d' Autriche voulut appeler Dieudonné et que l'histoire nommera Louis XIV naîtra neuf mois plus tard, jour pour jour. Lorsque, l'enquête terminée à l'avantage du frère Fiacre, celui-ci fut invité au Louvre dans les premiers jours de février 1638, pour relater ses visions et trans¬mettre son message, Anne d'Autriche, comme on dit en Dauphiné " attendait famille ". La promesse devenait une certitude. Sans plus attendre, le 7 février, Louis XIII signa l'ordonnance suivante :

« Le roi,

Vu les grandes assistances que plusieurs femmes enceintes ont reçues pour la conservation de leur fruit par l'intercession de Notre-Dame de Grâces, en Provence, et voulant n'omettre aucun des moyens qui viennent à sa connaissance pour obtenir cette grâce du Ciel en faveur de la reine, son épouse, a chargé le P. Chrysostome, supérieur du couvent des Pères Augustins déchaussés de Paris, de s'acheminer au lieu de Notre-Dame de Grâces avec le F. Fiacre, du même ordre, et, y étant, présenter à Dieu les vœux et prières de Sa Majesté, et y célébrer pendant neuf jours la sain¬te messe, afin que, par l'offrande de ce grand sacrifice, il plaise à la divine Bonté accorder à la reine, son épouse, une heureuse lignée, et conduire à la fin désirée le fruit dont toute la France espère qu'elle est enceinte. . . . . .

Fait en Saint-Germain-en-Laye, le 7 février 1638.


Signé LOU1S »

Le 10 février éclata sur la France la prodigieuse nouvelle, le Roi consacrait solennellement la Couronne et le Royaume à la Très Sainte Vierge.

« ...A ces causes, nous avons déclaré et nous déclarons que, prenant la très sainte et très glorieuse Vierge Marie pour protectrice spéciale de notre royaume nous lui consacrons particuliè¬rement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, et nous avertissons le sieur Archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, que tous les ans, fête et jour de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand-messe, qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres du dit jour il soit fait une procession en la dite église, à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et les corps de ville, avec pareille cérémonies que celles qui s'observent aux processions générales les plus solennelles, ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises, tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourgs, et en toutes villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris. Exhortons pareillement les archevêques et évêques de notre royaume, et néanmoins leur enjoignons, de faire célébrer la même solennité en leur église épiscopale, et autres de leurs diocèses, entendant qu'à la dite cérémonie, les cours de Parlement et autres compagnies souveraines, et les principaux officiers des villes y soient présents, et d'avertir tous les peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit couvert de toutes les entre¬prise, qu'il jouisse longtemps d'une bonne paix, que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés, car tel est notre bon plaisir. Donné en Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil six cent trente huit, et de notre règne le vingt-huitième.

Signé LOUIS »

Cette reconnaissance n'a jamais été rapportée, de sorte que la France reste bel et bien consacrée à Marie. La grossesse d’Anne d’Autriche n'est sans doute pas la raison déterminante de la publication de cette consécration car depuis longtemps, la reconnaissance de Louis le Juste était acquise à la sainte Vierge et depuis plusieurs années il désirait rendre au nom de la France un écla¬tant hommage à la Mère de Dieu. On peut cependant tenir pour certain que les révélations du frère Fiacre, l’exactitude incroyable de la description d'une église où il n' avait jamais mis les pieds et d'un tableau qu'il n'avait jamais vu, la fin d'une stérilité conjugale de vingt-trois années pleines et l'annonce d'une naissance dont Notre-Dame avait dit expressément qu'elle serait celle d'un Dauphin, contribuèrent à la décision. La correspondance entre les dates du miracle et celle de la consécration ne peuvent laisser aucun doute à ce sujet.

Pendant ce temps le frère Fiacre et son supérieur marchaient sur les routes de France pour accomplir la mission que leur avait confiée le Roi : célébrer la neuvaine de messes demandée par la très Sainte Vierge en la chapelle Notre-Dame de Grâces à Cotignac Ils mirent près de trois mois pour arriver au mont Verdaille. En arrivant à la chapelle le Frère Fiacre reconnut avec émotion tous les détails de sa vision et il se prosterna devant le tabernacle pour remercier Dieu, Il releva la tête pour contempler le tableau miraculeux. Déception ! Ce n'était pas celui-là. Il pleura. Il avait donc trompé son confesseur, son supérieur, la reine.

« Consolez-vous, dirent les Oratoriens, il y a quinze jours que nous avons placé ce tableau. L'autre est dans la sacristie ». Il y courut et le trouva, le tableau de sa vision...

A suivre...

D'après " L'Itinéraire de la Vierge Marie " par Pierre MOLAINE -

     

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