CHAPITRE III
- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
A L'INSTANT DE L'INCARNATION
Article III
- LA VISITATION ET LE « MAGNIFICAT »
1° La Visitation
Après l'Annonciation, la Sainte Vierge, selon saint Luc, I, 39, vint visiter sa cousine Élisabeth. Dès que celle-ci eut entendu la salutation de Mariè, l'enfant qu'elle portait tressaillit dans son sein et elle fut remplie du Saint-Esprit. Alors elle s'écria : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni. Et d'où m'est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? Car votre voix, lorsque vous m'avez saluée, n'a pas plus tôt frappé mes oreilles, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru ! car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur. »
Elisabeth sous la lumière de la révélation divine, comprend que le fruit des entrailles de Marie commence à répandre par elle sa bénédiction. Elle sent que c'est le Seigneur lui-même qui vient. De fait, le Fils de Dieu vient par sa Mère à son précurseur, et Jean-Baptiste le reconnait par la sienne.
Saint Luc rapporte ici (I, 46) le cantique de Marie. L'autorité de l'immense majorité des manuscrits et des meilleurs, le témoignage unanime des Pères les plus anciens et les plus doctes (saint Irénée, Origène, Tertullien, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, etc.) et le contexte s'accordent à voir en Marie l'auteur inspirée du Magnificat.
Ce cantique est frappant surtout par sa simplicité et son élévation. C'est un chant d'action de grâces, qui rappelle que Dieu est la grandeur des humbles, qu'il les élève et qu'il rabaisse l'orgueil des puissants. Bossuet, dans ses Elévations sur les mystères, XIVe semaine, Ve élévation, résume ce qu'ont dit les Pères sur le Magnificat ; soulignons quelques-unes de ces réflexions.
2° Dieu a fait de grandes, choses en Marie
Elle dit : « Mon âme glorifie le Seigneur. » Elle sort d'elle-même pour ne glorifier que lui et mettre en lui toute sa joie. Elle est dans la paix parfaite, car personne ne peut lui ôter Celui qu'elle chante.
« Mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur. » Ce que Marie ne peut trouver en elle, elle le trouve en Celui qui est la souveraine richesse. Elle tressaille de joie « parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante ». Elle ne croit pas pouvoir attirer ses regards : par elle-même elle n'est rien. Mais puisque de lui-même, par pure bonté, il a tourné vers elle ses regards, elle a un appui qu'elle ne peut perdre : la miséricorde divine par laquelle il l'a regardée.
Dès lors, elle ne craint point de reconnaître ce qu'elle a gratuitement reçu de lui ; la gratitude lui en fait un devoir : « Voici que désormais toutes les générations m'appelleront bienheureuse. » Cette prophétie ne cesse d'être vérifiée depuis bientôt deux mille ans, chaque fois qu'on récite l'Ave Maria. Puis elle voit que son bonheur sera celui de toute la terre ; de toutes les âmes de bonne volonté « Celui qui est puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint, et sa Miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. » Celui qui est puissant a fait en elle le plus grand ouvrage de sa puissance : le mystère de l'Incarnation rédemptrice ; par elle, en lui conservant miraculeusement sa virginité, il a donné au monde un Sauveur.
Le nom du Très-Haut est saint, il est la sainteté même, qui doit nous sanctifier. Il le paraît davantage, lorsque son Fils, qui est aussi celui de Marie, répand la Miséricorde, la grâce, la sainteté d'âge en âge, parmi les différents peuples, sur ceux qui ont la crainte filiale, commencement de la sagesse, et qui, par sa grâce, veulent obéir à ses préceptes.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde