CHAPITRE III
Article II
- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
A L'INSTANT DE L'INCARNATION
Le jour de l'Annonciation marque un très grand progrès de la grâce et de la charité en l'âme de Marie.
Convenance de l'Annonciation
Comme l'explique saint Thomas, il convenait que l'annonce du mystère de l'Incarnation fût faite à la Sainte Vierge, pour qu'elle en fût instruite et pût y donner son consentement. Par là elle concevait spirituellement le Verbe fait chair, disent les Pères, avant de le concevoir corporellement. Elle a donné, ajoute saint Thomas, ce consentement surnaturel et méritoire au nom de toute l'humanité, qui avait besoin d'être régénérée par le Sauveur promis.
Il convenait aussi que l'Annonciation fût faite par un ange, comme par un ambassadeur du Très-Haut. Un ange rebelle avait été cause de la perdition ou de la chute, un ange saint et le plus élevé des archanges annoncent la rédemption.
Il convenait encore que Marie fût instruite du mystère qui allait s'accomplir en elle avant saint Joseph, car elle lui était supérieure par sa prédestination à la maternité divine. Enfin il convenait que l'Annonciation se fît par une vision corporelle accompagnée d'une illumination intellectuelle, car la vision corporelle, à l'état de veille, est plus sûre que la vision imaginaire qui se fait parfois en songe, comme celle dont fut favorisé saint Joseph, et l'illumination surnaturelle de l'intelligence montrait infailliblement le sens des paroles dites. La joie avec la sécurité succédèrent à la crainte révérentielle et à l'étonnement, lorsque l'ange dit à Marie : « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez en votre sein et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.
Il sera grand, on l'appellera le Fils du Très-Haut... L'Esprit-Saint viendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'être saint qui naîtra (de vous) sera appelé Fils de Dieu » (Luc, I, 30-35). L'ange ajoute un signe et la raison de l'événement : « Déjà Elisabeth, votre parente, a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse, et c'est actuellement son sixième mois, à elle qu'on appelle stérile : car rien n'est impossible à Dieu » (ibid., I, 36-38)
Marie donne alors son consentement, en disant : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole » (ibid., 38).
Bossuet remarque dans les Elévations sur les mystères, XIIe semaine, VIe élévation, que la Sainte Vierge a manifesté par ce consentement trois vertus principales : la sainte virginité, par la haute résolution de renoncer à jamais à toute joie, des sens ; l'humilité parfaite devant l'infinie grandeur de Dieu qui s'incline vers elle ; la foi, car il fallait concevoir le Fils de Dieu dans son esprit avant de le concevoir dans son corps. C'est pourquoi Elisabeth lui dira : « Heureuse celle qui a cru ! car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur » (Luc, I, 45). Elle a manifesté aussi une grande confiance en Dieu et un grand courage, car elle n'ignorait pas les prophéties messianiques, notamment celles d'Isaïe, qui annonçaient les grandes souffrances du Sauveur promis, auxquelles elle devait participer.
Ce qui frappe bien des âmes intérieures en la Sainte Vierge, au jour de l'Annonciation, c'est son total oubli d'elle-même, qui paraît être le summum de l'humilité. Elle n'a pensé qu'à la volonté de Dieu, à l'élévation de ce mystère pour la gloire divine et pour le salut de notre pauvre race. Dieu, qui est la grandeur des humbles, a été la sienne, et par là même sa foi, sa confiance et sa générosité ont été à la hauteur du mystère auquel elle allait participer.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde