de ce déballage.
Le père Michel Gitton explique très bien ce que je ressens:
LE NOUVEAU PRINTEMPS DE L’ADORATION
Il y eut des années noires, où les catholiques se détournaient de l ‘adoration du Saint-Sacrement.
J'entends encore ce slogan répété à l'envi : « Jésus n'a pas dit : "prenez et regardez, mais prenez et mangez !" »
Ils n'avaient pas compris, les pauvres, que pour communier au Corps du Christ de façon fructueuse, il fallait avoir pris le temps de mesurer ce don que Dieu nous fait: il est si incroyable, si unique, qu'on peut bien passer à côté. Et si on ne se rend pas compte de l'honneur que Dieu nous fait quand il partage ce qu'il a de plus intime, quel gâchis ! La pornographie permet de comprendre ce qu'est la consommation du corps quand il n'y a plus de respect.
Renouveau de ferveur
Heureusement, des jours plus heureux ont ramené parmi nous la pratique de l'adoration eucharistique : les communautés nouvelles, les groupes de jeunes, qui n'avaient pas trempé dans les polémiques d'hier, ont trouvé très normal de se retrouver autour du Corps très saint de Jésus. Pour le chanter, le contempler, passer du temps en sa compagnie. Et peu à peu beaucoup s'y sont mis, ou remis.
Ce fut dans bien des cas un renouveau de ferveur autour du Saint-Sacrement, pour lequel il faut rendre grâce.
Risque de la banalisation
Mais un autre danger apparaît peut-être à l'horizon: une certaine banalisation, qui amène à faire de l'adoration quelque chose de tellement normal, habituel, à notre disposition, qu'on n'en mesure plus le caractère exceptionnel. On fait des discours ou des témoignages devant le Saint-Sacrement exposé, on répète des chants, on le laisse quelquefois tout seul, en attendant l'arrivée d'éventuels adorateurs. Certains ouvrent et ferment la porte du tabernacle pour avoir leur adoration personnelle. Personne sans doute ne pense mal faire, et tout cela est plein de bonnes intentions. Mais à force d'ignorer les règles existantes sur ce sujet, on finit par faire de l'Hostie sainte un grigri qu'on installe et déplace selon nos envies.
Il faut se souvenir que l'Église n'a consenti que tardivement à exposer son plus cher trésor. Pendant longtemps elle a reculé
Avoir un sens très vif de son indicible grandeur devant l'audace d'exposer aux veux de tous le Saint des Saints, celui que les anges ne voient qu'en tremblant.
C'est la ferveur des fidèles, avides de voir l'Hostie, qui l'a amenée à autoriser l'élévation à la messe, les expositions plus ou moins longues, les processions, etc.
Encore -y a-t-elle mis des limites, demandant un nombre d'adorateurs minimum, exigeant des lumières nombreuses mettant en place tout un cérémonial pour transporter et exposer le Corps de Sauveur.
On a réduit beaucoup de ces choses. Or elles servaient à nous empêcher de penser que nous sommes face à une réalité à notre mesure. Certains ont pu croire qu'en faisant plus simple, on rejoignait l'humilité de la crèche, où il n'y avait ni encensoir, ni cierges allumés. Mais autour de la crèche, il y avait mieux encore : des anges pour dire aux bergers ce qui arrivait, car sans eux ils n'auraient perçu qu'un simple fait divers. Pour que nous profitions du cadeau inouï que Dieu nous fait, il faut avoir un sens très vif de son indicible grandeur. Et, sans signes visibles, il est bien difficile de se situer d'emblée à ce niveau.
Père Michel GITTON
France-catholique. N° 3685 12 juin 2020
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