à Montoire, on n'en finit pas de faire de mauvaises rencontres …



Tribunal de Blois : le vicaire volait des objets du culte pour les revendre
Publié le 17/06/2020

Loir-et-Cher

Un ancien prêtre de Montoire a été condamné ce mardi 16 juin 2020 à 1 an de prison avec sursis pour avoir revendu des objets liturgiques à des antiquaires. Le préjudice s'élève à 84.000 euros.

"J’assume la totalité des vols et je demande pardon pour le scandale moral que j’ai pu provoquer." C’est un ancien prêtre qui était appelé à confesser un véritable trafic d’objets liturgiques, mardi à la barre du tribunal. Cheveux coupés courts et vêtu d’un blazer, l’homme a quitté les ordres, repris les études et fondé une famille. Les infractions qui lui sont reprochées ont été révélées il y a tout juste sept années. Le prévenu qui aura bientôt 40 ans, officiait à cette époque dans la paroisse de Montoire qui regroupe une trentaine de clochers.

Nous sommes en juillet 2013. Alors que ce curé en soutane ne manque pas de surprendre ses ouailles en fréquentant chaque jour le bar voisin d'une église, les gendarmes enquêtent sur la disparition de calices, tabernacles et autres chasubles. Comme aucune effraction n’est constatée, les soupçons se tournent vers le jeune vicaire qui a déjà des antécédents.

Quelques années plus tôt, il a vendu en douce des objets sacrés subtilisés dans la cathédrale de Châlons-en-Champagne (Marne). Pour sa pénitence, sa hiérarchie l’envoie au Puy-en-Velay (Haute-Loire) se mettre au vert et consulter un psychiatre. Puis le prêtre rejoint l’évêché de Luçon en Vendée où il rechute rapidement en dérobant un lingot d’or et des bijoux aussitôt revendus pour 28.000 euros. Aucune sanction n'est prise à son encontre.

Début 2012, le voilà affecté en Loir-et-Cher où le démon du vol ne tarde pas à le tenter. Démasqué un an et demi plus tard, il est interpellé et passe aux aveux.
À la barre, l’ancien vicaire a expliqué qu’il avait été ordonné à l’âge de 24 ans. « Je n’étais pas prêt malgré les apparences. J’étais sûr d’être fort moralement mais, confronté à la misère humaine, j’ai été perturbé inconsciemment. » Le jeune homme fréquente les noctambules, il fume et boit de l’alcool.
Tel un Robin des bois des presbytères, il distribue les billets de banque aux plus démunis avec le fruit de la vente d'objets dormant dans les sacristies considérés comme "inutiles ". C’est ainsi qu’à Châlons, il rencontre une mère de famille dans le besoin à qui il verse de grosses sommes, avant de partir avec elle en croisière de luxe et lui offrir des nuits d’hôtel à plusieurs étoiles. Cette quadragénaire était d’ailleurs convoquée à la barre pour recel.
Lors de son court ministère dans le secteur paroissial de Montoire, il dépensera beaucoup d’argent dans les jeux de grattage et les apéritifs anisés.
À l’audience, la présidente Maggy Deligeon a précisé que le préjudice des vols était estimé à 84.000 euros. Certains des 45 objets liturgiques dérobés dans les églises du secteur de Montoire ont été restitués, d’autres, revendus à des collectionneurs étrangers, n’ont jamais été retrouvés. Un brocanteur de Veigné (Indre-et-Loire) et un antiquaire de Béziers (Hérault) sont poursuivis pour recel.

Le second, absent pour raison de santé, sera jugé en novembre. « Nous nous donnions rendez-vous à Tours sur des parkings de supermarchés, ça se passait de coffre à coffre, je lui montrais les objets et il me payait en liquide » explique le prévenu. Le brocanteur plaide la bonne foi. « J’avais toute confiance en lui, comment imaginer qu’un prêtre en soutane proposait des calices volés ? »

"Ce prêtre a menti à mon client sur l'origine de ces objets"
Le vice-procureur Jean Démattéis a requis 1 an de prison avec sursis à l’encontre de l’ex-prêtre. Il a également réclamé de six à sept mois de prison avec sursis et une amende de 15.000 euros contre le brocanteur et trois mois avec sursis pour la mère de famille accusée d'avoir navigué aux frais de la princesse.
Pour cette dernière, Me Annabelle Redon a plaidé la relaxe : « Cette femme modeste ignorait la provenance de l’argent. Pourquoi la poursuivre elle et pas le commerçant qui a vendu des milliers d’euros de jeux à ce prêtre en quelques semaines ? »

En faveur du brocanteur tourangeau, Me Frédéric Landon réclame lui aussi le bénéfice du doute. « Ce prêtre a menti à mon client sur l’origine de ces objets du culte et l’a reconnu. »

Enfin, Me Jacques Sieklucki a plaidé sur la singulière personnalité de ce jeune prêtre parti à la dérive en raison de son altruisme et de ses fragilités. « Il n’a pas voulu s’enrichir, l’argent lui brûlait les doigts, sa générosité exprimait un besoin de reconnaissance. Il a été soulagé quand les gendarmes l’ont interpellé. »
L’ancien vicaire de Montoire a écopé de 1 an de prison avec sursis. Son ancienne amie de Châlons a été condamnée à 4 mois avec sursis. La même peine a été prononcée contre le brocanteur de Veigné qui ne pouvait ignorer " la provenance frauduleuse des objets en raison du nombre et de la fréquence des transactions » a estimé le tribunal. Les demandes des intérêts civils seront étudiées ele 15 février 2021.



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