Disparition à 100 ans du père Léon Gahier, prêtre-ouvrier : le fidèle et le révolté
Publié le 11/06/2020

Indre-et-Loire

Sa grande stature, sa voix puissante, son engagement auprès des plus pauvres et des travailleurs ont marqué des générations de Tourangeaux. Le Père Léon Gahier, prêtre ouvrier, entré au diocèse de Tours en 1949, est décédé dans sa 101e année.

Le père Léon Gahier, prêtre-ouvrier tourangeau, s’en est allé dans la nuit de mercredi à jeudi, à plus de 100 ans. Léon Gahier était né le 15 décembre 1919 dans une famille de la bourgeoisie nantaise. Fils d’un journaliste, il était entré au noviciat des capucins, au Mans, en 1937, juste avant ses 18 ans. Ordonné prêtre en mars 1944 « sous les bombardements », professeur de latin-grec en lycée, il travailla dans l’immédiate après-guerre en usine, en banlieue parisienne, avant d’être nommé au diocèse de Tours en 1949.

Il avait pris sa carte de la CGT en 1946
Franciscain, frère capucin, militant syndical et politique, le dernier des prêtres ouvriers du département était aussi le premier des cégétistes d’Indre-et-Loire, ayant pris sa carte du syndicat en 1946. Employé successivement aux Nouvelles Galeries, dans plusieurs usines, et des fermes agricoles, il finit sa carrière aux Docks de France, jusqu’à sa retraite en 1980. Élu du personnel, secrétaire de comités d’entreprises, son activité syndicale lui valut six licenciements.
Pendant trois ans, chiffonnier aux halles de Tours, il vécut auprès des miséreux...
Ancien chiffonnier du quartier des halles où il vécut auprès des miséreux pendant trois ans, membre de L’Entraide ouvrière et de l’association pour le Droit au logement, il appartint de 1972 à 1984 au Parti socialiste. Le Père Léon Gahier résidait depuis plusieurs années à l’Ehpad de La Source à Tours-Nord. Lui, le fidèle et le révolté, n’avait rien perdu de son esprit militant et combatif, comme nous avions pu le constater en octobre dernier, au centre pastoral du Christ-Roi à Tours. Célébrant ses trois-quarts de siècle de sacerdoce, il avait fêté ses cent ans un peu avant l’heure, entouré d’une centaine d’amis, et de ses frères capucins.

"La politique et le mystique, ça va ensemble...même si ça n'en a pas l'air !"
A cette occasion, retrouvant ses talents de tribun au micro, il rappelait pourquoi il était resté fidèle toute sa vie autant à ses engagements politiques et syndicaux, qu’à l’Église : « Je ne vois pas d’opposition entre la politique et le mystique, ça va ensemble... même si ça n’en a pas l’air. Quand on a découvert cela, on est libre, on dépasse les appareils et on trouve la fraternité d’un peuple. Il n’y a pas de classe sociale dans le cœur de Dieu, il n’y a que des frères et des sœurs ». Lui qui consacra sa vie à aider les autres, s’adressait en ces termes à ses prochesavant de les inviter à reprendre en choeur la chanson de Piaf " Non je ne regrette rien..." : « C’est parce que je suis à la fin de ma vie que je veux crier la vie ! Non, le cimetière n’est pas l’avenir de l’homme, je vous le dis : c’est l’amour, c’est la tendresse, c’est bâtir un monde meilleur. »

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