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La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
par ami de la Miséricorde 2020-06-15 21:28:14
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CHAPITRE III

Article I - LE PROGRÈS SPIRITUEL EN MARIE JUSQU'A L'ANNONCIATION

Le progrès spirituel en Marie par le mérite et la prière


Mais, en nous, il arrive souvent que les actes méritoi­res restent imparfaits, remissi, disent les théologiens, rémittents, comme on dit chaleur rémittente, ferveur rémittente, c'est-à-dire inférieurs au degré où la vertu de charité est en nous.

En ayant une charité de trois talents, il nous arrive souvent d'agir comme si nous rien avions que deux, comme un homme assez intelligent, qui par négligence n'appliquerait que très faiblement son intelligence. Ces actes de charité imparfaits ou rémittents sont encore méritoires, mais, selon saint Thomas et les anciens théologiens, ils n'obtiennent pas aussitôt l'aug­mentation de charité qu'ils méritent, parce qu'ils ne disposent pas encore à la recevoir[143]. Celui qui, ayant une charité de trois talents, opère seulement comme s'il n'en avait que deux, ne se dispose, pas à recevoir aussitôt une augmentation de cette vertu jusqu'à quatre talents. Il ne l'obtiendra que lorsqu'il fera un acte plus généreux ou plus intense de cette vertu ou des autres vertus inspirées ou impérées par la charité.

Ces principes éclairent beaucoup ce qu'a été en Marie le progrès spirituel par ses propres mérites. En elle, il n`y a jamais eu d'acte méritoire imparfait ou rémittent ; c'eût été une imperfection morale, une moindre généro­sité au service de Dieu, et les théologiens, nous l'avons vu, s'accordent à nier en elle cette imperfection. Ses mérites obtenaient donc aussitôt l'augmentation de charité méritée.

De plus, pour mieux voir le prix de cette générosité, il faut se rappeler, comme on l'enseigne communémen, que Dieu est plus glorifié par un seul acte de charité de six talents que par dix actes de charité d'un seul talent.

De même, un seul juste très parfait plait plus à Dieu que beaucoup d'autres réunis, qui restent dans la médiocrité ou une tiédeur relative. La qualité l'emporte sur la quantité, surtout en ce domaine spirituel.

Les mérites de Marie étaient donc toujours plus par­faits ; son cœur très pur se dilatait pour ainsi dire de plus en plus et sa capacité divine s'agrandissait, selon la parole du Psaume CXVIII, 32 : « J'ai couru dans la voie de vos commandements, Seigneur, lorsque vous avez dilaté mon cœur. »

Tandis que nous oublions souvent que nous sommes en voyage vers l'éternité, et que nous cherchons à nous installer dans la vie présente comme si elle devait tou­jours durer, Marie ne cessait d'avoir les yeux fixés sur la fin ultime du voyage, sur Dieu même, et elle ne per­dait pas une minute du temps qui lui était donné. Cha­cun des instants de sa vie terrestre entrait ainsi, par les mérites accumulés et toujours plus parfaits, dans l'uni­que instant de l'immobile éternité. Elle voyait les moments de sa vie non pas seulement sur la ligne horizon­tale du temps par rapport à l'avenir terrestre, mais sur la ligne verticale qui les rattache tous à l'instant éternel qui ne passe pas.

Il faut remarquer en outre que, comme l'enseigne saint Thomas, il n'y a pas dans la réalité concrète de la vie d'acte délibéré indifférent ; si tel acte est indifférent (c'est­-à-dire ni moralement bon ni moralement mauvais) par son objet, comme aller se promener ou enseigner les mathématiques, ce même acte est soit moralement bon, soit moralement mauvais par la fin pour laquelle on le pose, car un être raisonnable doit toujours agir pour un motif raisonnable, pour une fin honnête, et non pas seulement délectable ou utile. Il s'ensuit que dans une personne en état de grâce, tout acte délibéré qui n'est pas mauvais, qui n'est pas un péché, est bon; il est par suite virtuellement ordonné à Dieu, fin dernière du juste, et il est donc méritoire. « In habentibus caritatem omnis actus est meritorius vel demeritorius. »

Il résulte de là qu'en Marie tous ses actes délibérés étaient bons et méritoires, et, dans l'état de veille, il n'y a pas eu en elle d'acte indélibéré ou purement machinal, qui se serait pro­duit indépendamment de la direction de l'intelligence et de l'influence de sa volonté vivifiée par la charité.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde

     

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