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Mea culpa, Meneau,
par baudelairec2000 2020-06-12 23:47:47
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je le reconnais, c'est ma très grande faute. Le danger d'Internet, la précipitation... Je ne sais plus où me mettre.


A l'époque on savait écrire Et certains avaient déjà flairé les pièges du suffrage universel.

Avant de trouver la solution, ne pensez-vous pas qu'il faille établir un diagnostic ? Le mal est profond. Parce que la démocratie - c'est tout ce qu'ils disent de Platon à Saint Thomas, en passant par Aristote et Cicéron - est un régime injuste. Un régime injuste est celui qui ne poursuit pas le bien commun. Je ne vous apprendrai pas que saint Thomas, se reposant sur Aristote, distingue trois sortes de régimes injustes:

tyrannie (gouvernement d'un seul homme qui, dans l'exercice du pouvoir, recherche ses propres avantages, et non le bien commun de la multitude qui lui a été confiée ou qui lui est soumise.

oligarchie (gouvernement d'un petit nombre, "comme quand un petit groupe d'hommes opprime le peuple, forts de leurs richesses."

démocratie (gouvernement du grand nombre , ou plutôt domination du peuple, lorsque les plébéiens opprime les riches.

On ne doit pas confondre la démocratie avec la "politia" ou la "politeia", régime juste des citoyens.

La question fondamentale est de savoir ce qu'on entend par peuple ("populus", voire "plebs") et citoyen (le "politès" des Grecs, le "civis "des Latins). Le citoyen est celui qui a un rapport direct avec l'organisation de la cité ou l'Etat (Polis en grec, civitas en latin), celui qui est capable de participer à la gestion des affaires publiques (Respublica) parce qu"il est capable de s'intéresser au bien de la comunauté de préférence à ses peites affaires. Le citoyen, dans un tel contexte, présente comme particularité qu'il est désintéressé.

Quelques citations que j'ai relevés chez Aristote:

- "un gouvernement est une certaine organisation de ceux qui habitent la cité"

- "la cité est une multitude déterminée de citoyens", " une communauté de citoyens entre lesquels il y a communauté de régime".

Les citoyens forment donc cette communauté qu'est la cité parce qu'ils ont en commun un même régime. On doit préciser que le terme de cité peut être pris en deux sens. Au sens large, comme communauté de résidence; ainsi différentes ethnies ou groupes sociaux habitent une même ville (à Athènes, pour Aristote, à côté des citoyens subsistent les métèques, les étrangers domiciliés). Au sens strict, la cité est la communauté que forment les seuls citoyens unis par un seul régime; en sont donc exclus les métèques et les esclaves.

Voilà pour ce qui relève de l'étymologie. Aristote poursuit dans la Politique son approche de la notion de citoyenneté: le citoyen est celui qui se définit par "le fait d'avoir part au jugement (celui des tribunaux) et au pouvoir". Autrement dit, un citoyen doit être capable de remplir des fonctions publiques ou des magistratures. Définition exigeante que celle d'Aristote et qui correspond à la situation d'Athènes à son époque - environ 4000 citoyens -: les citoyens doivent être capables de délibérer en commun sur les orientations fondamentales de leur vie commune en vue de la vie heureuse, car la fin de la vie en ommunauté, c'est le bonheur, finalité qui suppose l'exercice de la vertu. Difficile de trouver de tels ressorts dans le cadre de la démocratie où la licence est le principe premier de l'action, régime dans lequel aussi la masse tend à asservir la minorité des riches. La démocratie, on le voit, ne recherche pas vraiment l'unité et la paix.

La démocratie est un régime qui connaît une inflation de citoyens. On pourrait dire que la démocratie n'est pas très regardante sur les critères de la citoyenneté. Avec un tel régime disparaissent l'exercice de la vertu et la recherche du bien commun qui découle de cet exercice. Dans la cadre de la démocratie, on accorde la qualité de citoyen à ceux qui le méritent le moins. Un exemple avec notre gouvernement actuel: le ministère de l'Intérieur est confié à un voyou... Des individus sont naturalisés par dizaines de milliers et ils pourront prendre part aux scrutins tout aussi légitimement que vous, bien qu'ils relèvent d'une autre culture, qu'ils pratiquent une autre religion.

Le drame est bien celui-là: des millions d'individus résidant sur notre sol ont les mêmes droits q'un français de souche. Leur avis compte plus que le nôtre, surtout quand il est relayé et amplifié par les Médias pour être intégré dans l'opinion.

Nous serions dans le cadre de la démocratie classique, tout cela serait infiniment moins grave. Rousseau et son Contrat social sont passés par là. La population a considérablement augmenté. L'Ancien Régime fonctionnait comme un ordre social, comme une société d'ordres. Rousseau annonce un monde nouveau dont la base est l'individu, tyran sur tous les autres: "l'homme est un tout parfait et solitaire". Rousseau est bien le père du totalitarisme: l'envie devient le resssort de la démocratie moderne. Dès lors comment poursuivre la recherche du bien commun. L'homo democraticus se croit autorisé à donner son avis à tout bout de champ, les médias, il faut bien le dire, sachant se faire son interprète.

Enfin, nous avons tous appris que la démocratie était le gouvernement du peuple; il faut pourtant reconnaître que des dizaines de millions de citoyens peuvent difficilement exercer des fonctions politiques en même temps. C'est pourquoi on a inventé la représentation nationale, instance censée exercer à la place des citoyens et des électeurs leurs fonctions. Quand on sait les motivations des candidats aux différentes élections, quand on connaît leurs compétences et leur degré de vertu, quand on réalise la dépendance congénitale qui les lie aux partis et aux groupes de pression, comment voulez-vous élire des candidats dont on pourrait penser qu'ils contribueront à relever nos sociétés?


     

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