euh, Tonton, pourquoi tu tousses ? …
Bel art de la récupération quand même …
Mais bon, avec le temps, on va peut-être aligné "milieux identitaires catholiques" et CEF.
Cultes
Malgré la crise sanitaire, l'Eglise catholique revendique son autonomie
Par Bernadette Sauvaget — 12 juin 2020
Les milieux identitaires catholiques ont gagné la bataille de la messe, obtenant une reprise plus rapide que prévue des cérémonies religieuses. Ce bras de fer avec le gouvernement a révélé une nouvelle génération d'évêques, prêts à en découdre.
Le «patron» des évêques catholiques français, Eric de Moulins-Beaufort, persiste et signe. Le combat mené par les franges identitaires du catholicisme pour obtenir une reprise de la messe avant la date prévue par le gouvernement était, selon le président de la Conférence des évêques de France (CEF), légitime.
«L’Eglise catholique, en revendiquant sa liberté, n’a pas réclamé un privilège mais le respect de la dignité de chaque citoyen», a déclaré Eric de Moulins-Beaufort lors de son discours de clôture de l’assemblée plénière des évêques qui s’est tenue, en visioconférence, au début de cette semaine. L’événement, qui devait avoir lieu début mars à Lourdes, a été déprogrammé à cause de l’épidémie de Covid-19.
Se référant à l’histoire, Moulins-Beaufort a plaidé ardemment pour la «liberté de l’Eglise», une terminologie qu’il substitue à celle, plus laïque, de liberté de cultes. «Dans la préparation du déconfinement, cette liberté a pu paraître menacée par l’interdiction maintenue de toute réunion ou rassemblement dans les établissements de culte», a-t-il pointé. Prudent, le patron des évêques n’a toutefois pas accablé le gouvernement.
Imaginaire de la majorité
Un bras de fer a bel et bien eu lieu entre les autorités civiles et des franges de l’Eglise catholique sur la reprise des messes, tandis que les autres cultes avaient, eux, accepté d’attendre début juin pour le redémarrage des cérémonies religieuses.
«Cette bataille n’a pas fait l’unanimité dans les rangs catholiques, y compris parmi les plus pratiquants», analyse toutefois la sociologue Céline Béraud, spécialiste du catholicisme. L’épisode a mis sur le devant de la scène une nouvelle génération d’évêques, formée sous les pontificats conservateurs de Jean Paul II et Benoît XVI, qui a pris le pouvoir au sein des instances dirigeantes de l’épiscopat français. «Ceux-ci ont été marqués par la pensée du cardinal Jean-Marie Lustiger, qui estimait que le catholicisme était consubstantiel à l’histoire de France et que le pays a été construit sur un substrat chrétien», explique le sociologue et historien du catholicisme Philippe Portier.
Selon le chercheur, les franges identitaires du catholicisme et la nouvelle gouvernance de l’épiscopat exaltent un imaginaire de la majorité, même si l’Eglise catholique est devenue une minorité religieuse parmi d’autres. Ces milieux ont une vision très verticale et hiérarchique de la religion et, pour eux, la messe dominicale et la figure du prêtre sont centrales.
L’attitude de l’Etat, selon Philippe Portier, a été peu claire, hésitante même au cours de cette bataille pour le déconfinement de la messe. Matignon et le ministère de l’Intérieur ont, de fait, varié dans leur positionnement à l’égard des revendications des milieux catholiques les plus radicaux.
Une partie de la hiérarchie épiscopale a joué cette carte du maximalisme et de la revendication identitaire. De prime abord, elle a été payante. «Face aux actions de lobbying, l’exécutif cède fréquemment», remarque Philippe Portier. Mais elle risque à terme de laisser des traces dans les relations des cultes avec le pouvoir.
Psychodrame catho
Quoi qu’il en soit, l’attitude des autorités politiques face à l’Eglise catholique est ambivalente. Depuis la fin des années 70, un processus de recomposition des relations entre l’Etat et l’Eglise catholique est à l’œuvre. «Faut-il traiter l’institution catholique comme un monde à part ? Faut-il lui attribuer un statut particulier ou bien la mettre à pied d’égalité avec les autres cultes ? L’Etat doute», analyse Philippe Portier. «Nous nous trouvons dans une situation intermédiaire, poursuit l’historien et sociologue des religions. C’est un choc entre le passé où la catholicité marquait l’histoire de la France et le présent qui est un temps de minoration pour le catholicisme. Le vieux est encore là et le neuf n’est pas encore advenu.»
Une frange significative des catholiques – celle qui a mené le combat contre le mariage homosexuel – continue à avoir un lourd contentieux avec l’Etat et même la République. La défaite de la Manif pour tous a été vécue, chez elle, comme une sorte de traumatisme. «Ces milieux estiment être malmenés par le pouvoir», pointe Céline Béraud. Ce psychodrame catho s’est rejoué pendant la bataille de la reprise des messes.
La nouvelle génération d’évêques, plus proche des milieux identitaires et désormais aux commandes de l’épiscopat, semble prête, elle aussi, à en découdre avec le reste de la société, brisant le pacte tacite qui existait depuis une quarantaine d’années avec le pouvoir politique.
https://www.liberation.fr/france/2020/06/12/malgre-la-crise-sanitaire-l-eglise-catholique-revendique-son-autonomie_1790948?xtor=EREC-25&actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkNUcvuQDVN7a57ET3fWtrS_LHVy6uV4PMrW-z78OKl2k&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=503315