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La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou-Lagrange
par ami de la Miséricorde 2020-06-09 21:29:05
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Article V - LES SUITES DE LA PLÉNITUDE INITIALE DE GRÂCE

La seule difficulté qui se rencontre ici est celle relative à l'exercice de ces vertus infuses déjà si élevées et des sept dons; cet exercice suppose l'usage de la raison et du libre arbitre; on doit donc se demander si Marie a eu dès le premier instant l'usage de ses facultés.

Tous les théologiens l'accordent s'il s'agit de la sainte âme du Christ, ils reconnaissent même qu'il a eu dès ce premier instant la vision béatifique ou vision immédiate de l'essence divine, et le Saint Office, le 6 juin 1918, a déclaré cette doctrine certaine. Jésus en effet, en sa qualité de chef de l'ordre de la grâce, jouis­sait dès le premier instant de la gloire qu'il devait donner aux élus et c'était en lui une conséquence de l'union per­sonnelle de son humanité au Verbe.

Il avait aussi la science infuse à la manière des anges à un degré supé­rieur à celui où cette science infuse a existé chez plu­sieurs saints, chez ceux par exemple qui avaient le don des langues sans les avoir apprises. Les théologiens reconnaissent même que ces deux sciences ont été par­faites en Jésus dès le début, car le progrès n'a convenu qu'à sa science acquise par l'expérience et la réflexion. Jésus, souverain prêtre, juge et roi de l'univers, dés son entrée dans le monde s'est offert pour nous, dit saint Paul, et a connu tout ce qui, dans le passé, le présent ou l'avenir, pouvait être soumis à son jugement.

On distingue enfin, à propos du Sauveur, la science de soi infuse (per se infusa) qui atteint un objet inaccessible à la science acquise, et qui peut s'exercer sans le concours de l'imagination dès le sein maternel, alors qu'aucune image n'a été reçue du monde extérieur, et puis la science accidentellement infuse (per accidens infusa), dont l'ob­jet n'est pas inaccessible à la science acquise et qui s'exerce avec le concours de l'imagination, comme le don des langues qu'on aurait pu apprendre avec le temps.
Sur ces points, l'accord existe généralement entre théo­logiens, quand il s'agit du Christ lui-même.

Pour Marie, rien ne permet d'affirmer qu'elle a eu la vision béatifique dès ici-bas, surtout dès le premier ins­tant. Mais beaucoup de théologiens soutiennent qu'elle a eu dès ce moment la science de soi infuse (per se infusa) au moins de façon transitoire, et d'autres disent d'une façon permanente. De la sorte, elle aurait eu dès le sein maternel, au moins à certains moments, l'usage de l'in­telligence et du libre arbitre, et par suite celui des ver­tus infuses et des dons qu'elle possédait déjà à un degré très élevé. On ne peut même le nier sans supposer qu'en Marie l'intelligence, la liberté et les vertus infuses sont restées en quelque sorte endormies comme chez les autres enfants et ne se sont éveillées que plus tard à l'âge ordinaire du plein usage de la raison.

Tout d'abord il est au moins très probable, selon la grande majorité des théologiens que Marie a eu dès le premier instant de sa conception l'usage du libre arbitre par science infuse au moins de façon transitoire. Ainsi pensent saint Vincent Ferrier, saint Bernardin de Sienne, saint François de Sales, saint Alphonse, et aussi Suarez, Véga, Contenson, Justin de Miéchow, avec eux communément les théologiens modernes. Le P. Terrien déclare même n'avoir trouvé que deux adversaires de cette doctrine : Gerson et Mura­tori. Les raisons alléguées en faveur de ce privilège sont les suivantes :

1° Il ne convient pas que Marie, reine des patriarches, des prophètes, des apôtres, de tous les saints, ait été pri­vée d'un privilège qui a été accordé à saint Jean Bap­tiste. Or, en saint Luc, I, 41 et 44, il est dit de lui, lorsqu'il était encore dans le sein de sa mère : « Dès qu'Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant tressaillit dans son sein », et Elisabeth dit elle-même : « Votre voix, lorsque vous m'avez saluée, n'a pas plus tôt frappé mes oreilles, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein, exultavit infans in gaudio. »

Saint Irénée, saint Ambroise, saint Léon le Grand et saint Gré­goire le Grand ont remarqué que la joie de Jean Baptiste, avant sa naissance, n'était pas seulement d'ordre sensi­ble, mais qu'elle était provoquée par la venue du Sau­veur dont il devait être le précurseur. Aussi Cajetan ajoute : cette joie d'ordre spirituel supposait une con­naissance et l'usage du libre arbitre ; or à ce moment il ne pouvait être question de connaissance acquise, mais de connaissance infuse. L'Eglise dit aussi dans sa liturgie, à l'hymne des vêpres de saint Jean Baptiste : « Senseras Regem thalamo manentem... Suae regenera­tionis cognovit auctorem : Tu as reconnus ton roi et l'au­teur de ta régénération. »

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde

     

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