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La Providence et la confiance en Dieu par Fr.Garrigou-Lagrange
par ami de la Miséricorde 2020-04-15 21:30:54
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CINQUIÈME PARTIE
PROVIDENCE, JUSTICE ET MISÉRICORDE

CHAPITRE IV
LA PROVIDENCE ET LA CHARITÉ ENVERS LE PROCHAIN

La pratique de la charité fraternelle et les attentions de la Providence


Par ailleurs les occasions d'y manquer ne font pas défaut, même dans des milieux très chrétiens, où, à côté d'admirables vertus, il faut bien constater de réelles infirmités morales. Et même si tous les défauts étaient supprimés, les occasions de heurt et de froissement subsisteraient du fait de la diversité des tempéraments, des caractères, des aptitudes intellectuelles qui orientent celui-ci vers la spéculation, cet autre vers la pratique, qui ouvrent à celui-ci les plus grands aperçus, qui rendent cet autre plus attentif aux détails qu'à l'ensemble.

Les occasions de conflit naissent aussi sous l'influence de celui qui se plaît à diviser pour entraver l'œuvre de Dieu, pour empêcher surtout les choses les plus hautes, les plus divines et les plus belles. Ce n'est qu'au ciel que toute occasion de conflit disparaîtra, parce qu'au ciel tous les bienheureux voient dans le Verbe à la lumière divine tout ce qu'ils doivent désirer et vouloir.

Au milieu de tant de difficultés de tous genres, comment pratiquer la charité fraternelle ? De deux façons. Premièrement par la bienveillance, en voyant le prochain à la lumière de la foi, pour découvrir en lui la vie de la grâce, ou du moins les aspirations à cette vie ; secondement par la bienfaisance, en rendant service, en supportant aussi les défauts d'autrui, en rendant même le bien pour le mal, en évitant la jalousie, et en demandant souvent à Dieu l'union des esprits et des cœurs.

Tout d'abord la bienveillance. Il faut avoir l'œil pur et attentif pour voir dans le prochain, parfois sous une enveloppe épaisse et opaque, la vie divine ou les aspirations latentes à cette vie, qui sont le fruit des grâces actuelles prévenantes que tout homme reçoit un jour ou l'autre. Pour voir l'âme du prochain, il faut être détaché de soi-même.

Souvent ce qui en lui nous impatiente ou nous irrite, ce ne sont pas des fautes graves aux yeux de Dieu, ce sont des défauts de tempérament ou des travers de caractère qui peuvent subsister malgré une réelle vertu. Nous supporterions peut-être assez facilement des pécheurs très éloignés de Dieu mais naturellement aimables, tandis que des âmes assez avancées sont parfois pour nous très exerçantes. Il faut donc être attentif à regarder les personnes avec lesquelles nous vivons à la lumière de la foi, pour découvrir en elles ce qui plaît à Dieu, pour les aimer comme il les aime.

Or ce qui s'oppose à cette bienveillance, c'est le jugement téméraire, qui n'est pas une simple impression, mais qui consiste à affirmer le mal sur un léger indice du mal. On voit deux et l'on affirme quatre, et cela généralement par orgueil. Si c'est pleinement délibéré et consenti en matière grave, ce jugement est un manquement grave à la justice et à la charité. On manque ainsi à la justice parce que le prochain a droit à sa bonne réputation, et, après le droit de faire son devoir, c'est un des plus sacrés, beaucoup plus que le droit de propriété.

Bien des personnes, qui ne voudraient jamais voler vingt francs, volent au prochain sa bonne réputation par des jugements téméraires sans aucun fondement. Le plus souvent le jugement téméraire est faux ; comment juger avec vérité les intentions intérieures d'une personne dont nous ignorons les doutes, les erreurs, les difficultés, les tentations, les bons désirs, les repentirs ?

Et, même si le jugement téméraire est vrai, il reste un manque à la justice, parce qu'en le portant on s'arroge une juridiction qu'on n'a pas : Dieu seul peut juger des intentions des cœurs, tant qu'elles ne sont, pas suffisamment manifestées.

Le jugement téméraire est aussi un manque à la charité, car il procède de la malveillance, bien qu'il soit souvent formulé avec le masque de la bienveillance, à la suite de quelques éloges superficiels, qui amènent un mais caractéristique. Au lieu de voir dans le prochain un frère, on voit en lui un adversaire ou un rival à supplanter.

C'est pourquoi Notre-Seigneur nous dit (Matthieu, VII, 1) : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car selon ce que vous aurez jugé, on vous jugera, et de la même mesure dont vous aurez mesuré, on vous mesurera. Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans le tien ? »

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde

     

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