CINQUIÈME PARTIE
PROVIDENCE, JUSTICE ET MISÉRICORDE
CHAPITRE III
LA PROVIDENCE ET LA GRACE DE LA BONNE MORT
Le mystère du salut
Avant d'avoir reçu la vision béatifique, la grâce par un instinct secret nous tranquillise sur la conciliation intime de l'infinie Justice et de l'infinie Miséricorde dans la Déité, et elle nous tranquillise ainsi, précisément parce qu'elle est une participation de la Déité et de la lumière de vie, très supérieure à la lumière naturelle de l'intelligence angélique ou de l'intelligence humaine.
Certes toute notre vie intérieure est enveloppée de mystère et de même chacun de nos actes, car tout acte salutaire suppose le mystère de la grâce qui nous le fait produire, et tout péché est un mystère d'iniquité, qui suppose la permission divine du mal en vue d'un bien supérieur, qui nous échappe souvent, et que nous ne verrons clairement qu'au ciel.
Mais dans cette obscurité de la foi, qui est aussi celle de la contemplation ici-bas, ce qui nous rassure, c'est de penser que Dieu est sauveur, que le Christ Jésus est mort pour nous, que son sacrifice se perpétue en substance sur l'autel, et que notre salut est plus assuré entre ses mains qu'entre les nôtres ; nous sommes plus sûrs en effet de la rectitude des intentions divines que de la rectitude de nos intentions les meilleures.
Abandonnons-nous, avec confiance et amour, à l'infinie Miséricorde, c'est le plus sûr moyen d'obtenir d'elle qu'elle s'incline vers nous en ce moment et à l'heure même de notre mort.
Rappelons-nous souvent les belles paroles du Psaume LIV, 23, qui reviennent tous les huit jours, le mercredi à l'office de Tierce : « Jacta super Dominum curam tuam et ipse te enutriet ; non dabit in æternum fluctuationem justo. - Repose-toi de tes soucis sur le Seigneur et il te nourrira ; il ne laissera pas le juste chanceler à jamais ».
Pensons au très beau cantique du vieux Tobie (Tobie, XIII, 2) « Magnus es Domine in æternum et omnia sæcula regnum tuum ; quoniam tu flagellas et salvas, deducis ad inferos et reducis...
Ipse castigavit nos propter iniquitates nostras, et ipse salvabit nos propter misericordiam suam. Vous êtes grand, Seigneur, dans l'éternité, et votre règne s'étend à tous les siècles. Car vous châtier et vous sauvez vous conduisez au tombeau et vous en ramenez. Célébrez le Seigneur, enfants d'Israël..., il nous a châtiés à cause de nos iniquités et il nous sauvera à cause de sa miséricorde ».
Dans cet abandon nous trouverons la paix. Lorsque le Sauveur mourait pour nous, s'unissaient en sa sainte âme la plus vive souffrance, causée par nos péchés, et la paix la plus profonde. De même dans toute mort chrétienne, comme en celle du bon larron, il y a une union très intime de souffrance, de sainte crainte, de tremblement devant l'infinie justice, et de paix profonde. C'est même la paix ou la tranquillité de l'ordre qui domine, comme lorsque Notre-Seigneur dit en mourant : « Consummatum est... Pater, in manus tuas commendo spiritum meum ».
CHAPITRE IV
LA PROVIDENCE ET LA CHARITÉ ENVERS LE PROCHAIN
Comme nous l'avons vu au chapitre précédent, un des plus grands moyens par lesquels s'exerce la Providence est la charité envers le prochain, qui doit unir tous les hommes pour qu'ils s'entr'aident à marcher vers le même but : la vie éternelle.
Ce sujet est toujours du plus grand intérêt, et il importe d'y revenir souvent, surtout à notre époque où la charité à l'égard du prochain est niée somme toute par l'individualisme sous toutes ses formes, et complètement faussée par l'humanitarisme des communistes et des internationalistes.
L'individualisme ne s'élève pour ainsi dire pas au-dessus de la recherche de l'utile et du délectable pour l'individu, ou tout au plus pour le groupe relativement restreint auquel appartient l'individu. De là l'âpreté de la lutte, parfois entre les membres d'une famille, surtout entre les classes et les peuples.
De là la jalousie, l'envie, la discorde, la haine, les divisions les plus profondes. C'est la méconnaissance du bien commun à des degrés divers, et l'affirmation presque exclusive des droits individuels ou particuliers.
Source : Livres-mystiques.com
BONNE SEMAINE SAINTE!
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde