CINQUIÈME PARTIE
PROVIDENCE, JUSTICE ET MISÉRICORDE
CHAPITRE III
LA PROVIDENCE ET LA GRACE DE LA BONNE MORT
III - Comment la grâce de la bonne mort peut elle être obtenue par la prière ?
Quelles doivent être les conditions de cette prière ?
Si le don de la persévérance finale ne peut être à proprement parler mérité, car le principe du mérite ne se mérite pas, il peut être obtenu par la prière, qui s'adresse non pas à la justice de Dieu, comme le mérite, mais à sa Miséricorde.
Nous ne méritons pas tout ce que nous obtenons par la prière ; par exemple, le pécheur en état de mort peut, par une grâce actuelle, prier et obtenir la grâce sanctifiante ou habituelle, qu'il ne saurait mériter, puisque c'est elle qui est le principe du mérite.
Il en est de même de la grâce de la persévérance finale : nous ne pouvons pas à proprement parler la mériter, mais par la prière nous pouvons l'obtenir pour nous et même pour d'autres (cf. saint Thomas, ibid., ad 1). Nous pouvons aussi et nous devons nous disposer à recevoir cette grâce par une vie meilleure.
Ne pas demander la grâce de la bonne mort et ne pas s'y préparer serait même, bien sûr, quoi qu'en aient dit les quiétistes, la plus funeste et la plus insensée des négligences, incuria salutis.
C'est pourquoi Notre-Seigneur nous a appris à dire dans le Pater : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal ». Et l'Église nous fait dire tous les jours : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort. Ainsi soit-il ».
Pouvons-nous par la prière obtenir infailliblement cette grâce de la bonne mort ?
La théologie, s'appuyant sur la promesse de Notre-Seigneur : « Petite et accipietis », nous enseigne que la prière faite en certaines conditions nous obtient infailliblement les biens nécessaires au salut, et par suite la dernière grâce.
Mais quelles sont ces conditions de la prière infailliblement efficace ? - Saint Thomas nous dit (IIa-IIae, q. 83, a. 15, ad 2) : « Il y a quatre conditions : il faut demander pour soi les biens nécessaires au salut, avec piété et persévérance ».
Nous obtenons en effet plus sûrement ce que nous demandons pour nous que ce que nous implorons pour un pécheur, qui résiste peut-être à la grâce au moment où nous prions pour lui[161]. Mais même en demandant pour nous les biens nécessaires au salut, la prière n'est infailliblement efficace que si elle est faite avec piété, humilité, confiance et aussi avec persévérance.
Ainsi seulement elle exprime un désir sincère et profond, non interrompu de notre cœur. Et ici reparaît, avec notre fragilité, le mystère de la grâce : nous pouvons manquer de persévérance dans la prière, comme dans les œuvres méritoires. Et c'est pourquoi nous disons à la sainte messe avant la communion :
« Ne permettez pas, Seigneur, que nous nous séparions jamais de vous, a te nunquam separari permittas ». Ne permettez pas que nous succombions à la tentation de ne pas prier, délivrez-nous du mal de perdre le goût et la volonté de prier ; donnez-nous de persévérer dans la prière, malgré les sécheresses et la lassitude profonde qu'il nous arrive parfois d'éprouver.
Toute notre vie est ainsi enveloppée de mystère chacun de nos actes salutaires suppose le mystère de la grâce, et chacun de nos péchés est un mystère d'iniquité, qui suppose une permission divine du mal en vue d'un bien supérieur, qui ne se verra clairement qu'au ciel. « Justus ex fide vivit ».
Ce n'est pas seulement pour mériter que nous avons besoin d'être aidés jusqu'à la fin, c'est aussi pour prier.
Comment obtiendrons-nous ce secours nécessaire pour persévérer dans la prière ? En nous rappelant la parole du Sauveur : « Si vous demandez à mon Père une chose en mon nom, il vous la donnera ; vous n'avez encore rien demandé en mon nom ». (Jean, XVI, 23, 24).
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde