J'ai vu l'abbé Viot tout récemment entrer en conflit avec des pompes funèbres et célébrer dans une église parisienne les obsèques d'une personne.

L'article publié ce jour dans le journal du Loiret n'est peut-être pas bien informé, je ne sais. Ne demandons aux journalistes connaissances et recul, finesse dans le vocabulaire et honnêteté dans le propos, surtout à l'égard de l'Eglise.

Je connais des curés qui font des obsèques, devant moins de dix personnes, mais leur présence est essentielle, évidemment.

Qu'on invoque l'âge de vieux prêtres pour ne pas se frotter aux personnes, j'approuve. Mais il se trouve des prêtres jeunes ou robustes. Par ailleurs, il y a des diacres dans l'Eglise issue de Vatican II. Ils peuvent aussi travailler.

Je connais un diocèse où l'évêque a demandé, par décret (public), qu'une bénédiction soit faite au cimetière comme pis-aller. Ce qui est très bien. Du coup, un jeune curé est de nouveau obligé de faire ces obsèques - catholiques - alors qu'il déléguait cela à des laïcs depuis des années…

Si le clergé, diaconat compris, abandonne en rase campagne les derniers fidèles, alors que les précautions sont possibles (sans quoi on ne ferait pas garder les enfants du monde médical par des tiers ou les boulangeries seraient fermées), alors la rupture sera grande par endroit. Les habitudes se perdent très très vite. Les obsèques sans messe sont entrées dans les mœurs très facilement, comme les obsèques présidées par des laïcs. Rien à voir avec des chapelles desservies pour un public captif et des prêtres qui n'ont que des funérailles une fois toutes les trois semaines, et encore.

Voir ces vautours des pompes funèbres organiser des cérémonies avec l'officiant (sic), cela me fait peur et me dégoûte. En temps normal, ils ont un rôle déjà bien trop important en portant le cercueil, alors que c'était dans ma campagne un honneur et un devoir que d'être le porteur d'un ami ou d'un voisin. Comme il n'y a plus de servants non plus…
L'histoire des funérailles catholiques depuis les années 80 est effrayante et j'essaie de l'écrire pour avoir du matériau quand je serai en retraite, avec le recul nécessaire. On ne dit plus de messe, mais on taxe la famille d'une forte somme pour l'encens et les bougies (pff), en invitant la famille, souvent éloignée et incroyante, à s'unir un dimanche imprécis dans un ou deux mois ! L'argent et un culot monstre. Tel évêque a pu interdire toute messe dans son diocèse, et cela est passé comme une lettre à la poste. Du coup, j'ai assisté à des funérailles où il y aurait eu 200 communions, dont la veuve… Il se trouvait parfois deux ou six prêtres ! Et le top, la mère d'un vicaire épiscopal, très pieuse, dont le cercueil fut entouré d'une trentaine de prêtres, sans messe ! Le fils devait suivre la politique de son patron… Mais il y a les enterrements avec classe : le député ou le maire, surtout s'il est divorcé et maçon/socialiste a droit à l'évêque ou à plusieurs (Frêche, Seguin aux Invalides…). Et une messe, c'est "plus mieux". Le pauvre paysan modeste des campagnes aura son équipe de laïcs, tout content d'avoir préparé sa sauce autour d'une tisane pas trop chaude. Un ami curé a 62 villages et fait tous les enterrements demandés, et y tient ! Il est moins souvent que d'autres en réunion et devant l'ordinateur. Et il doit aussi lutter contre ses laïcs, contre le doyen, contre les mentalités, contre les pompes funèbres. Le jour où ce curé changera de presbytère, cela en sera fini des funérailles catholiques.
Si on me donnait le choix pour moi ou les miens entre rien et des obsèques présidées par des laïcs, ce serait rien. Il est entendu que j'ai des dizaines d'amis prêtres qui feraient des centaines de km… L'évêque serait accueillant, mais avec un autre ? J'ai connu des familles qui ont faire dire une messe à domicile devant le cercueil le matin, car l'après-midi le curé du lieu, qui présidait, refusait la messe. D'autres fois, la messe fut dite par le fils prêtre dans une grange pour sa mère. Interdiction de dire la messe dans l'église. Idem pour un ""dominicain"" d'Avrillé qui voulait dire la messe pour sa mère. zéro charité. Tel évêque n'a pas prêté une église à des Lefebvristes, mais la donnait pour des obsèques protestantes et même civiles !!! Tous nos villages n'ont pas de salles des fêtes… Je n'aurais pas de mots assez sévères pour qualifier ceux qui ont foutu en l'air ces funérailles catholiques à la décharge. Naturellement ces évêques et prêtres auront leur… eucharistie ! Et tout le monde ira communier.

Les prêtres du diocèse que je connais donnent de leurs nouvelles, pour ceux qui ont une messagerie, mais l'évêque ! Nada.
J'apprendrai sans doute que Mgr a présidé les funérailles d'un mendiant sans en faire la réclame. Le bien ne fait pas de bruit…

L'Eglise est un peu à la remorque. Et dites-vous bien que tous les catholiques ne sont pas derrière leur écran sur les sites que nous fréquentons…

Je ne demande nullement aux prêtres de risquer leur vie, qu'ils soient prudents. Et les diacres ! Ils ne peuvent se découper en quatre, mais il s'en trouve, évêques ou curés ou prêtres retirés, qui se coupent en quatre !
Avec nos mentalités bien sécularisées, il n'y aurait pas eu beaucoup de prêtres aumôniers en 1916 ou au débarquement (étant entendu que j'appartiens à ceux qui bénissent le débarquement !). Lire en poche la réédition récente des mémoires de l'abbé René de Naurois !



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