CINQUIÈME PARTIE
PROVIDENCE, JUSTICE ET MISÉRICORDE
CHAPITRE PREMIER - PROVIDENCE ET JUSTICE DIVINE
Ce dernier avertissement de Dieu nous permet de dire : Les pécheurs oseraient-ils affirmer que Dieu est un tyran pour eux ? C'est eux qui sont des tyrans pour eux-mêmes ; c'est eux qui manquent de bienveillance envers eux-mêmes et de bienveillance envers Dieu en lui refusant cette joie qu'il aurait à leur dire ce qu'il dit au sujet du prodigue : « mon fils était perdu et je l'ai retrouvé : perierat et inventus est ». Luc, XV, 32.
Oh ! si le pécheur décharge sa conscience par une sincère confession, par un acte de foi, de confiance en Dieu, de contrition, il est sauvé en cette dernière minute par la Miséricorde Divine, qui vient s'unir à la justice. Par la Miséricorde, chacun, à la mort, peut, s'il le veut, s'il ne résiste pas, se rattacher à l'espérance. Le repentir succède alors au remords.
Sans cela, l'âme succombe sous le remords en s'abandonnant au désespoir : péché plus grave encore que les précédents, péché qui n'a pas l'excuse de la faiblesse, de l'entraînement de la sensualité, péché par lequel le pécheur estime son crime plus grand que la Miséricorde Divine. Et une fois ce péché commis, l'âme ne s'afflige plus que de son propre malheur, et non pas du péché comme offense à Dieu ; cette affliction diffère hélas ! beaucoup de celle de l'attrition, et de la contrition.
Oh ! bienheureux le pécheur qui se repent alors, comme le bon larron, en pensant que « la Miséricorde Divine est, comme le dit Catherine de Sienne, incomparablement plus grande que tous les péchés que peuvent commettre toutes les créatures ensemble ».
Plus heureux encore le juste, qui a considéré toute sa vie le devoir à accomplir par amour, et qui, après avoir mérité et lutté ici-bas, désire la mort pour jouir de la vision de Dieu, un peu comme saint Paul qui désirait mourir pour être avec le Christ : « cupio dissolvi et esse cum Christo ». Phil., I, 23.
Une paix plus ou moins profonde, suivant la perfection de chacun, remplit généralement l'âme des justes à l'agonie, et parfois surtout l'âme de ceux qui ont le plus redouté dans le cours de la vie la justice divine. Leur mort est paisible, parce que leurs ennemis ont été vaincus pendant la vie. La sensualité a été réduite en esclavage, par le frein de la raison. La vertu triomphe de la nature, réprime la crainte naturelle de la mort, par le désir d'atteindre la fin dernière, le souverain Bien.
La conscience, qui s'est conformée pendant la vie à la justice, demeure tranquille, bien que le démon cherche à la troubler et à l'effrayer.
Alors, il est vrai, apparaît davantage la valeur du temps de l'épreuve, le prix de la vertu, et l'âme juste se reproche de n'avoir pas assez bien employé ce temps. Mais la peine qu'elle en éprouve n'est pas accablante ; elle est profitable et porte l'âme à se recueillir, pour se mettre en présence du précieux sang du Sauveur, de l'Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde.
La Miséricorde et la Justice s'unissent ainsi admirablement dans ce passage du temps à l'éternité. Le juste, en mourant, pressent le bonheur qui lui est préparé, il goûte déjà à sa destinée, et l'on peut en voir quelquefois un reflet sur ses traits.
La Providence et la Justice de l'autre vie
Sitôt après la mort la Providence et la Justice s'exercent par le jugement particulier. La révélation nous le dit assez clairement dans la parabole dont nous parlions tout à l'heure : celle du mauvais riche et du pauvre Lazare, dont les âmes sont définitivement jugées sitôt après avoir quitté ce monde. Saint Paul l'enseigne aussi clairement en plusieurs endroits : « Il nous faut tous comparaître devant le tribunal du Christ, afin que chacun reçoive ce qu'il a mérité étant dans son corps, selon ses œuvres, soit bien, soit mal ». – « J'ai le désir de partir et d'être avec le Christ ».
- « J'ai achevé ma course... il ne me reste plus qu'à recevoir la couronne de justice, que me donnera en ce jour-là le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé son avènement ». - « Il est arrêté que les hommes meurent une seule fois, après quoi vient le jugement ».
L'Église primitive croyait universellement que les martyrs entrent aussitôt au ciel, et que les criminels non repentants, comme le mauvais larron, sont punis sitôt après la mort.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde