CHAPITRE V
CONDUITE DE LA PROVIDENCE A L'ÉGARD DE CEUX QUI S'ABANDONNENT PLEINEMENT A ELLE
CHAPITRE VI
LA PROVIDENCE ET LE CHEMIN DE LA PERFECTION
IV - Les épreuves providentielles et l'union à Dieu
Aux tentations l'âme peut toujours résister par la vertu du sang du Sauveur, Dieu ne commande jamais l'impossible. Ces tentations lorsqu'on y résiste, nous font mieux connaître et nous-mêmes et la bonté de Dieu, et elles fortifient la vertu.
De même Dieu nous envoie des tribulations pour nous purifier de nos fautes et imperfections et nous mettre dans la nécessité de grandir dans son amour, lorsqu'il n'y a plus pour nous d'air respirable qu'en Lui. La manière d'accueillir ces épreuves est la pierre de touche de la perfection de l'âme.
Alors peu à peu, après les larmes stériles de l'amour-propre, après celles de la crainte servile qui redoute le châtiment plus que le péché, l'âme finit par connaître les larmes du pur amour, comme il est dit au ch. 89 : « Lorsque l'amour sensitif a été vaincu (par la mortification et les premières épreuves), il reste l'amour-propre spirituel, avec ce besoin égoïste de consolations spirituelles, qu'elles viennent de moi directement ou de quelque créature aimée d'une affection spirituelle.
Quand donc l'âme éprouvée se voit privée de ce qu'elle aime, des consolations, soit intérieures qui viennent de Moi, soit extérieures, qui lui viennent des créatures, et qu'elle se trouve en butte aux tentations ou aux persécutions des hommes, son cœur est en souffrance. Aussitôt les yeux, qui sympathisent avec la douleur et la peine du cœur, se mettent à pleurer.
Ce sont des larmes de tendresse et de compassion que l'âme répand sur elle-même, d'une compassion spirituelle, il est vrai, mais qui n'en procède pas moins de l'amour-propre... Mais en progressant encore dans la connaissance d'elle-même, elle apprend à se mépriser et à se haïr parfaitement... et elle en arrive à ne s'affliger vraiment et profondément que de l'offense faite à Dieu et de la perte des âmes... Alors, ses yeux répandent les larmes du pur amour… ; elle est tout ensemble bienheureuse et affligée, bienheureuse à cause de l'union qu'elle a avec moi, en goûtant l'amour divin, et affligée par l'offense qu'elle voit faire à ma Bonté et à ma Grandeur qu'elle contemple et savoure dans la connaissance d'elle-même et de moi. Cette affliction ne fait pas obstacle à l'état d'union ». Elle rappelle l'affliction de Notre-Seigneur qui s'unissait, même sur la croix, à la paix parfaite.
Les purifications qui conduisent à cet état d'union sont manifestement, on le voit, les purifications passives dont parlera si longuement saint Jean de la Croix ; il suffit pour s'en rendre compte de lire le ch. 24 : De quelle manière Dieu coupe les rameaux vivants unis au cep pour leur faire porter beaucoup de fruit ; de même le ch. 43 : de l'utilité des tentations, le ch. 45 : quels sont ceux à qui ces épines ne font aucun mal, et encore le ch. 20 : comment sans les tribulations supportées avec patience, il est impossible de plaire à Dieu.
V - Conclusion:
L'Appel général Que conclure ? Les textes que nous venons de citer le montrent assez clairement : L'union à Dieu, en laquelle consiste normalement la pleine perfection de la vie chrétienne, n'est pas seulement une union active, fruit de notre activité personnelle, aidée de la grâce commune ; c'est aussi une union passive, fruit de la docilité au Saint-Esprit, aux divines inspirations des sept dons, qui grandissent normalement avec la charité.
Ainsi l'âme arrive normalement à une manière contemplative de prier, de lire l'Écriture, d'assister à la messe, en contemplant toujours plus profondément la valeur infinie du sacrifice de l'autel, qui perpétue en substance celui de la Croix. Elle arrive à une manière contemplative d'exercer l'apostolat, sans perdre l'union à Dieu, mais au contraire en la conservant, pour la donner aux autres.
A cet état d'union toutes les âmes intérieures sont-elles appelées ? - Sainte Catherine, ne répond-elle pas à cette question, en expliquant, au ch. 53, les paroles de Notre-Seigneur : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive et des fleuves d'eaux vives couleront de sa poitrine. (Jean, VII, 37).
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde