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L’Eglise toujours sainte malgré les péchés de ses fils-CE 216/01 -
par Diafoirus 2020-02-25 19:56:46
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CE 216/01 - L’Eglise toujours sainte malgré les péchés de ses fils

En 1985, parut un livre qui fit du bruit : le Rapport sur la foi du cardinal Joseph Ratzinger. Le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de l’époque, sous forme d’interview avec Vittorio Messori, y mettait en relief la crise religieuse qui suivit le Concile Vatican II. « Il est incontestable – disait le cardinal Ratzinger – que les vingt dernières années ont été décidément défavorables pour l’Église catholique. Les résultats qui ont suivi le Concile semblent cruellement opposés à l’attente de tous, à commencer par celle du Pape Jean XXIII, puis de Paul VI. »

D’autres vingt ans passèrent et le cardinal Ratzinger lui-même, le Vendredi saint de 2005, à la veille de son élection au pontificat, fit une autre affirmation qui toucha par sa force : « Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l'Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! (à Jésus) ». Dans sa lettre aux catholiques d’Irlande du 19 mars 2010, Benoît XVI est encore plus explicite : il rappelle que dans les années soixante du XXème siècle, « la tendance fut déterminante, également de la part de prêtres et de religieux, à adopter des façons de penser et à considérer les réalités séculières sans référence suffisante à l'Évangile. Le programme de renouveau proposé par le Concile Vatican II fut parfois mal interprété » ; il y eut « une tendance, dictée par de justes intentions, mais erronée, une tendance à éviter les approches pénales à l'égard de situations canoniques irrégulières ». « C’est dans ce contexte général » d’« affaiblissement de la foi » et de « perte de respect pour l'Église et pour ses enseignements » que « nous devons chercher à comprendre le problème déconcertant de l'abus sexuel des enfants ».

La vision des scandales moraux qui ressort de ces mots est exactement antithétique à celle qui paraît dans la presse progressiste internationale. Celui qui aujourd’hui met en accusation le Pape et les hiérarchies ecclésiastiques prétend que la cause des abus sexuels des prêtres réside dans l’institution du célibat et dans la « répression » catholique de la sexualité. Mais les faits nous montrent exactement le contraire : la décadence morale du clergé a eu son origine, dans les années post-conciliaires, précisément lorsque la « nouvelle théologie » refusa la morale traditionnelle pour s’emparer de la mythologie de la « Révolution sexuelle ». Il faut rappeler en effet que, lors des travaux du Vatican II, l’idée se dessine d’une Église non plus militante, mais pérégrinante, à l’écoute des signes des temps, prête à renoncer à la virginité de sa doctrine, pour se laisser féconder par les valeurs du monde. S’offrir aux valeurs du monde signifiait renoncer à ses propres valeurs, à partir de celle qui est la plus intrinsèque au Christianisme : l’idée du Sacrifice, qui du mystère de la Croix embrasse tous les aspects de la vie ecclésiale, jusqu’à la doctrine morale, qui jadis inspirait la vie de tout baptisé, qu’il soit clerc ou laïc.

Le Concile imposa aux évêques, comme un devoir, la « sociologie pastorale », et il recommandait de s’ouvrir aux sciences du monde, de la sociologie à la psychanalyse. Dans ces années-là, on avait redécouvert le psychanalyste autrichien Wilhelm Reich, mort presque complètement oublié dans un hôpital psychiatrique américain en 1957. Herbert Marcuse et Eric Fromm en suivirent la musique. Dans son livre-manifeste, La Révolution sexuelle, Reich avait substitué les catégories de la bourgeoisie et du prolétariat avec celles de répression et de libération, en entendant par ce dernier terme la libération sexuelle totale. Cela impliquait la réduction de l’homme à un ensemble de besoins physiques et, finalement, à une énergie sexuelle. La famille, fondée sur le mariage monogamique indissoluble entre homme et femme, était considérée comme l’institution sociale répressive par excellence : aucune considération sociologique ne pouvait en autoriser la survie. Une nouvelle morale, basée sur l’exaltation du plaisir, balaierait bientôt la morale traditionnelle chrétienne qui attribuait une valeur positive à l’idée de sacrifice et de souffrance.

La nouvelle théologie, qui du point de vue œcuménique embrassait les valeurs du monde, chercha l’impossible dialogue entre la morale chrétienne et ses ennemis. Les coryphées de la « nouvelle morale », définis par quelqu’un comme des « porno-théologiens », remplaçaient l’objectivité de la loi naturelle par la « personne », libérée de toute contrainte normative et plongée dans le contexte historico-culturel, c’est-à-dire dans l’« éthique de la situation ». Comme le sexe constitue une partie intégrante de la personne, ils revendiquaient le rôle positif de la sexualité, aussi parce que, d’après eux, le Concile enseignait que c’est uniquement dans le rapport dialogique avec l’autre que la personne humaine se réalise. À ce sujet, ils citaient le concept selon lequel « j’ai besoin de l’autre pour être moi-même », qui repose sur le n° 24 de la Gaudium et Spes, magna carta du progressisme postconciliaire. Il suffit malheureusement d’entrer dans toute librairie catholique pour trouver sur les rayons les livres de ces pseudo-moralistes diffusés par les principales maisons d’édition catholiques.

Aujourd’hui, cependant, on constate l’échec de la « porno-théologie » et la nécessité de retourner aux enseignements de la morale traditionnelle, en redécouvrant les valeurs de la pénitence et du sacrifice. Il faut souligner donc que, malgré les péchés de nombreux de ses fils, l’Église catholique n’est jamais « pécheresse », mais elle reste toujours sainte et immaculée dans sa nature et dans son essence. La raison de cette sainteté intégrale de l’Eglise est la sainteté elle-même de Dieu, Un et Trin, ainsi que de Jésus-Christ, Chef et fondateur du Corps Mystique. Saint est l’Évangile de l’Église, sainte sa vérité, saints et salvifiques ses sacrements. Les fautes morales des membres de l’Église n’en détruisent pas la sainteté morale, car les manquements dépendent de l’abus du libre arbitre des hommes, non pas de l’insuffisance des ses moyens de salut. Même dans les périodes de crise morale enregistrées dans son histoire, la doctrine et la loi de l’Église restent identiques dans leur sainteté intrinsèque, en opérant dans les âmes de bonne volonté toujours les mêmes bénéfices.

La seule solution à la très grave crise morale de notre époque se trouve dans l’esprit d’une vraie réforme de l’Église, indiqué par Benoît XVI dans la Lettre aux catholiques d’Irlande. L’appel à la pénitence, qui constitue le fil conducteur du document, n’est jamais séparé de l’appel aux « idéaux de sainteté, de charité et de sagesse transcendante ». Dans le passé, ils rendirent grande l’Irlande et l’Europe et, encore aujourd’hui, ils peuvent la refonder (n° 3). L’exhortation aux fidèles irlandais « à aspirer aux idéaux élevés de sainteté, de charité et de vérité et à tirer inspiration des richesses d'une grande tradition religieuse et culturelle » (n° 12) sonne comme un appel à tous les catholiques de bonne volonté à retrouver le seul fondement de la reconstruction morale et sociale en Jésus-Christ, qui « est le même hier et aujourd'hui, il le sera à jamais » (He. 13, 8). (R. d. M.)

Correspondance européenne n. 216 du 20 avril 2010

http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/letters/2010/documents/hf_ben-xvi_let_20100319_church-ireland.htmlICI

     

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