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L'Eglise du XI ème et la mode
par Rothomagus 2020-01-26 20:21:58
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Nous sommes à la fin du XIème siècle.
Voici mon petit labeur du dimanche, puisqu'il ne faut travailler qu'à Dieu, autant se faire copiste d'un moine érudit plutôt que de flâner oisivement.
Pour faire suite à ce message, voici ce qu'on peut lire chez le moine Vital, qui concerne l'abandon des bonnes manières d'être par la jeunesse et la société.
Toujours la traduction Guizot de 1826, tome III, livre VIII.

« Un certain Robert, mauvais sujet, attaché à la cour de Guillaume-le-Roux, commença le premier à remplir d’étoupe des longues pigaces, et à les faire contourner comme des cornes de bélier. C’est pourquoi on le surnomma Cornard. La plus grande partie de la noblesse ne tarda pas à suivre cette frivole invention, comme si c’eût été une marque de mérite et une preuve de vertu. Alors les hommes efféminés avaient partout l’empire sur tout le globe. Ils se livraient à toutes sortes d’excès immoraux, et, sales libertins dignes du feu, ils s’abandonnaient aux ordures de Sodôme. Ils rejetaient les coutumes des guerriers, riaient des exhortations des prêtres, et, dans leurs vêtements comme dans leur vie, suivaient des mœurs étrangères. En effet, ils séparaient leurs cheveux depuis le sommet de la tête jusqu’au front, ils les entretenaient longs à la manière des femmes, et en prenaient grand soin ; ils trouvaient du plaisir à se revêtir de chemises et de tuniques longues et serrées à l’excès. Quelques-uns perdaient tout leur temps et le passaient selon leur fantaisie en opposition avec la loi de Dieu et les habitudes de leurs pères. Leur nuit était employée à des banquets de débauche et d’ivrognerie, à des entretiens futiles, aux dés et aux autres jeux de hasard. Quant au jour, ils l’employaient à dormir. C’est ainsi qu’après la mort du pape Grégoire, de Guillaume-le-Bâtard et des autres princes religieux, les habitudes honnêtes de nos ancêtres furent presque entièrement abolies dans les contrées occidentales. Ceux-ci portaient des habillements modestes tout-à-fait adaptés aux formes de leur corps ; ils étaient habiles dans l’équitation et à la course, ainsi que dans tous les ouvrages que la raison prescrit de faire ; mais de nos jours les usages des anciens ont été presque tous changés par de nouvelles inventions. La jeunesse pétulante adopte la mollesse féminine ; les hommes de cour s’étudient à plaire aux femmes par toutes sortes de lascivetés. Ils placent aux articulations des pieds, où se termine le corps, l’image de la queue des couleuvres qui, comme des scorpions, se présentent aux yeux. De l’extrémité superflue de leurs robes et de leurs manteaux ils balayent la poussière de la terre ; ils se couvrent les mains, quelque chose qu’ils fassent, avec de longues et larges manches, et chargés de ces superfluités, ils ne peuvent marcher promptement ni rien faire d’utile. Comme les voleurs ils ont le front rasé, tandis que comme les courtisanes, ils entretiennent sur le derrière de la tête de longues chevelures. Autrefois les pénitents, les prisonniers et les pèlerins avaient l’habitude de garder tous leurs cheveux, et de porter la barbe longue : c’était la marque, aux yeux du public, de la pénitence, de la captivité ou des pèlerinages. Maintenant presque tous les gens du peuple ont les cheveux frisés et la barbe courte, manifestant ainsi aux regards de tout le monde que, comme des boucs fétides, ils se plaisent dans les ordures de la débauche. Ils frisent leurs cheveux avec le fer du coiffeur ; au lieu de bonnet ils couvrent leurs têtes de bandelettes. A peine voit-on quelques chevaliers sortir en public la tête découverte et rasés comme il convient selon le précepte de l’apôtre. Ainsi ils montrent à l’extérieur, dans leurs vêtements et leurs habitudes, quel est l’état intérieur de leur conscience, et quel est le culte qu’ils rendent à Dieu. »


Ah... les jeunes !
Dans ces mêmes années, un Français, Odon, est devenu pape sous le nom d’Urbain II. Il vint en France où se tint notamment le concile de Clermont en novembre 1095, à la fin duquel pleurant devant la catastrophe de l’Eglise d’Orient, il provoqua chez les Français l’irrésistible envie de délivrer Jérusalem dans un long pèlerinage. C’est là qu’Adhémar, évêque du Puy, s’engagea devant le pape, ainsi que Raymond, comte de Toulouse, via ses ambassadeurs. Puis les cœurs de tous s’enflammèrent et ainsi démarrèrent les préparatifs de ce qui fut ensuite appelé la 1ère croisade.
En février 1096, les prélats de Normandie fraichement rentrés du premier, tinrent un second concile à Rouen, qui, organisant la trève de Dieu et diverses affaires ecclésiastiques, s’occupa de cette affaire de cheveux de la manière suivante :

« Le saint concile a décidé en outre […] que nul de pût conserver sa chevelure, et que tous la fissent couper comme il convient à un Chrétien ; qu’autrement ils soient séquestrés des portes de la sainte mère Eglise, et qu’aucun prêtre ne puisse leur célébrer l’office divin ou assister à leur enterrement […]. »


Radical !

     

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