Et si ça ne vous suffit pas par Meneau 2020-01-17 11:42:15 |
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voyez (exemples parmi tant d'autres)
L'apôtre donc, après avoir rappelé ses dangers, ses épreuves, les piéges qui lui ont été tendus, ses chagrins, ses naufrages, passe à un tout autre ordre de faits à sa gloire, il dit : « Je connais un homme, il y a quatorze ans, (fut-ce avec son corps? je ne le sais ; fut-ce sans son corps ? je ne le sais; Dieu le sait) qui fut ravi jusqu'au troisième ciel. Et je sais qu'il fut ravi dans le paradis; (fut-ce avec son corps? je ne le sais; fut-ce sans son corps? je ne le sais); et il y entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un homme de rapporter. Je pourrais me glorifier en « parlant d'un tel homme, mais je ne me glorifierai pas de moi-même (2Co 12,2-5) ». Ce fut là une grande révélation, mais ce ne fut pas la seule qu'il eut, il en reçut beaucoup d'autres encore; mais il n'en dit qu'une dans (157) le grand nombre. Ce qui prouve combien il en reçut, c'est ce qu'il dit : «De peur que la grandeur de mes révélations ne me donne de l'orgueil ».(...)
Or si Paul, dès le début de sa carrière, méritait d'être honoré d'une telle révélation, lui qui n'avait pas encore fait paraître de si éminentes vertus, considérez ce qu'il dut devenir quatorze ans après. Et voyez sa modestie à raconter certaines choses, à reconnaître qu'il en ignore d'autres. Qu'il a été ravi, c'est ce qu'il dit; fut-ce en corps? fut-ce sans son corps? c'est ce qu'il reconnaît ignorer. Il pouvait se contenter de parler de ce ravissement, et de ne rien dire ensuite ; mais il n'écoute que sa modestie et il ajoute son observation.
Quoi donc? est-ce son esprit qui a été ravi avec son âme, et son corps serait resté mort? ou est-ce le contraire? Son corps a-t-il été ravi ? Impossible de le dire. Si Paul n'en sait rien, lui qui a été ravi, lui qui s'est vu révéler de si grands mystères, à bien plus forte raison devons-nous l'ignorer. Il était dans le paradis, voilà ce qu'il sait; il était dans le troisième ciel, voilà ce qu'il n'ignorait pas; mais la manière, voilà ce qu'il ne distinguait pas clairement. Considérez une autre marque de sa modestie. Quand il parle de la ville des Damascéniens, il pense à garantir la véracité de son discours ; ici, au contraire, il ne s'en inquiète plus; c'est qu'en effet, il n'attachait pas une extrême importance à être cru, il parle seulement à mots couverts. Ainsi ajoute-t-il : « Je pourrais me glorifier, en parlant d'un tel Homme » ; il n'entend pas dire par là que ce soit un autre que lui qui ait été ravi, mais, autant qu'il lui est permis et possible, il évite de parler de lui ouvertement; de là , la tournure de ses paroles. D'ailleurs à quoi bon, puisqu'il parlait de lui, recourir à un intermédiaire? Pourquoi donc cette composition, cet arrangement? C'est que ce n'était pas la même chose de dire : J'ai été ravi, et je connais un homme qui a été ravi; ni : Je me glorifie en parlant de moi-même, et : Je pourrais me glorifier en parlant d'un tel homme. Que si l'on objecte : Mais comment pouvait-il être ravi sans son corps? Je demanderai à l'auteur de l'objection : Mais comment pouvait-il être ravi avec son corps? car le second fait est encore plus incompréhensible que le premier, si l'on ramène tout au raisonnement, si l'on ne veut pas s'incliner devant la foi. Maintenant pourquoi a-t-il été ravi ? C'est, je pense, afin qu'il ne parût pas inférieur aux autres apôtres. Ils avaient vécu avec le Christ, Paul ne l'avait pas approché, voilà pourquoi il fut élevé, dans un ravissement, à la gloire, au paradis. Le paradis ! le nom en était fameux, partout célébré.
Et Dieu nous attire vers lui, nous fait escalader le mont de la sainteté, afin que nous soyons toujours plus proches de Lui, en nous offrant le long du chemin des lumières et des consolations. Telle est l’expérience personnelle à laquelle saint Paul fait référence dans le chapitre 12 de la Seconde Lettre aux Corinthiens, sur laquelle je souhaite m’arrêter aujourd’hui. Face à ceux qui contestaient la légitimité de son apostolat, il ne fait pas tant la liste des communautés qu’il a fondées, des kilomètres qu’il a parcourus ; il ne se limite pas à rappeler les difficultés et les oppositions qu’il a affrontées pour annoncer l’Évangile, mais il indique son rapport avec le Seigneur, un rapport si intense qu’il se caractérise aussi par des moments d’extase, de contemplation profonde (cf. 2 Co 12, 1) ; ainsi ne se vante-t-il pas de ce qu’il a fait, de sa force, de ses activités et de ses succès, mais il se vante de l’action qu’a fait Dieu en lui et à travers lui. Avec une grande pudeur, il raconte, en effet, le moment où il vécut l’expérience particulière d’être enlevé jusqu’au ciel de Dieu. Il rappelle que, quatorze ans avant l’envoi de sa Lettre, il « a été enlevé — ce sont ses mots — jusqu’au troisième ciel » (v. 2). Avec le langage et les manières de qui raconte ce qui ne peut pas être raconté, saint Paul parle même de cet événement à la troisième personne ; il affirme qu’un homme fut enlevé jusqu’au « jardin » de Dieu, au paradis.
Remarquons que la Glose dit que ce ravissement est différent du premier. Et si on y prête attention, il y a deux textes qui concernent l’Apôtre et auxquels ces deux ravissements peuvent se rapporter. Car dans Actes IX, 9, on lit qu’il demeura trois jours aveugle, sans manger ni boire, et à cela peut se rapporter le premier ravissement qui le transporta jusqu’au troisième ciel. Mais dans Actes XXII, 17, on lit que dans le temple il fut ravi en esprit, et à cela se rapporte le second ravissement.
Pourtant cela ne paraît pas vraisemblable parce que, quand il fut ravi en esprit, l’Apôtre avait déjà été jeté en prison; mais il écrivit cette lettre longtemps avant, d’où il faut conclure qu’elle a été écrite avant qu’il eût ce ravissement, et que celui-ci diffère du premier quant au terme du ravissement. Dans la premier il fut ravi jusqu’au troisième ciel, dans le second jusqu’au paradis de Dieu.
(...)
Ces deux grâces furent accordées à l’Apôtre, de telle sorte qu’il a été élevé à cette très haute clarté de connaissance -c’est la troisième ciel- et qu’il a senti la suavité de la douceur divine -et c’est le paradis-. Psaume XXX, 20 – Immense est ta douceur... Apoc. II, 17 – Au vainqueur je donnerai une manne cachée...
(...)
464. Lorsqu’il dit ensuite : "Pour cet homme-là je me glorifierai", il montre de quelle manière il entend "glorifier".
A. Il montre qu’il ne se glorifie pas de révélations de ce genre.
B. Il laisse entendre qu’outre cela il y a quelque chose dont il pourrait se glorifier (n° 467) : "Car ai je voulais me glorifier"...
C. Il dévoile la raison pour laquelle il ne se glorifie pas de tout (n° 468) : "mais je veux vous épargner"...
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