CHAPITRE III
DIEU, ÊTRE ET VÉRITÉ SUPRÊMES
Le principe: « le plus et le moins parfait présupposent la Perfection même ».
A la suite de Platon, d'Aristote et de saint Augustin, saint Thomas explique ce fait des degrés divers du bien et du vrai par le principe suivant : « Le plus et le moins parfait se disent de différents êtres, selon qu'ils approchent plus ou moins de l'être qui est la perfection même ».
Saint Thomas veut-il parler seulement d'une souveraine perfection idéale, qui n'existerait que dans notre esprit, ou d'une perfection réelle ?
Il veut parler d'une perfection réelle, car elle seule peut être cause des degrés divers de perfection que nous avons constatés et qui ont besoin d'une cause.
Le principe invoqué par saint Thomas veut dire : Lorsqu'une perfection, dont le concept n'implique pas d'imperfection, comme la bonté, la vérité, la beauté, se trouve à des degrés divers dans différents êtres, AUCUN DE CEUX QUI LA POSSÈDENT A UN DEGRÉ IMPARFAIT NE SUFFIT A EN RENDRE COMPTE, il faut donc qu'elle ait sa cause dans un être supérieur, qui est cette perfection même.
Arrêtons-nous à la formule de ce principe, pour le bien entendre. Lorsqu'une perfection absolue se trouve, à des degrés divers, en différents êtres, aucun de ceux qui la possèdent à un degré encore imparfait, ne suffit à en rendre compte. Il faut considérer ici 1° le multiple et 2° l'imparfait.
1° Le multiple suppose l'un. En effet, comme le dit Platon, dans le Phédon 101, a, Phédon, son disciple, est beau; mais la beauté n'est point chose propre à Phédon; Phèdre lui aussi est beau. « La beauté qui se trouve dans un être fini quelconque est sueur de la beauté qui se trouve dans les êtres semblables. Aucun n'est la beauté, mais seulement il y participe, il en a une partie ou un reflet. »
Et donc la beauté de Phédon ne peut avoir en lui sa raison d'être, son principe, pas plus que celle de Phèdre ; et si aucun de ces deux hommes ne peut rendre compte de la beauté limitée qui est en lui, il faut qu'ils l'aient reçue d'un principe supérieur, et en fin de compte d'un principe supérieur, qui soit la Beauté même. Bref : toute multiplicité d'êtres plus ou moins semblables suppose une unité supérieure. Le multiple suppose l'un.
2° L'imparfait suppose le parfait. Le principe que nous expliquons s'impose d'autant plus que les êtres que nous voyons n'ont jamais qu'une perfection mêlée de son contraire, mêlée d'imperfection; on ne peut dire que la noblesse et la bonté d'un homme soit sans restriction, elle est si mêlée de faiblesse, d'heures de trouble, d'égarement !
De même la science humaine est très mêlée d'ignorance et même d'erreurs; elle participe seulement à la vérité, elle n'en a qu'une part, une faible part. Et si elle N'EST pas vérité, c'est qu'elle l'a reçue d'une cause supérieure.
Bref : L'être imparfait est composé, et tout composé demande une cause qui ait réuni les éléments qui le constituent. Le divers suppose l'identique, et le composé suppose le simple. (Cf. S. Thomas, Ia, q. 3, a. 7.)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde