Les évêques de France ont entamé mardi 5 novembre leur traditionnelle assemblée plénière d'automne, autour de leur nouveaux président et vice-présidents élu au printemps dernier. Une édition marquée par des changements et du renouveau.
Un vent de renouveau souffle sur la Conférence des évêques de France (CEF), qui a entamé ce matin son assemblée plénière d’automne. Renouveau car c’est la première édition depuis l’élection de la nouvelle présidence – composée d’Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, et des deux vice-présidents Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard, et Olivier Leborgne, évêque d’Amiens. Des personnalités aussi diverses que fortes. Renouveau aussi dans la forme, car, pour la première fois dans l’histoire de la CEF, chaque évêque a été invité à venir avec deux baptisés de son diocèse – laïcs, clercs ou religieux –, pour participer pendant deux jours aux échanges sur l’écologie intégrale, un des grands thèmes de cette année. Signe d’une volonté réelle de donner corps à la synodalité, particulièrement plébiscitée par le pape François comme un des axes majeurs de sa réforme ecclésiale.
Renouveau, enfin, dans le ton. Fini le traditionnel grand discours d’information en ouverture, brossant le tableau de la situation ecclésiale, sociale et bioéthique en France ; tout cela est renvoyé au discours de clôture, qui conclura l’assemblée. Ainsi, le « mot » d’ouverture, prononcé par Éric de Moulins-Beaufort, était bref (moins de 10 minutes), fixant les grandes lignes et les enjeux de la semaine, et ponctué de traits d’humour.
Ironisant sur les problèmes de train de certains évêques qui compromettent le bilan carbone, il a immédiatement associé le conseil permanent au lancement de l’assemblée. « Comme j’ai pu l’écrire aux évêques, a-t-il expliqué, le conseil permanent, en se réunissant en juillet, s’est demandé ce qui, de notre époque, marquerait l’histoire. » Réponse : les abus sexuels et spirituels commis par des prêtres à l’encontre de personnes mineures ou vulnérables, les migrations et leurs mutations, la bioéthique et les transformations de la famille, mais surtout la contrainte écologique. Quatre points qui constituent le programme de cette assemblée, durant laquelle Jean-Marc Sauvé, le président de la Commission indépendante d’enquête sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), doit présenter un rapport d’étape.
Quatre points au programme
Ainsi, les évêques de France ont décidé d’attraper la balle Laudato si’ au bond. « Notre époque restera dans l’histoire comme celle où l’humanité a pris conscience des limites des ressources de la planète et de la transformation nécessaire des modes de production et de consommation, et de l’ensemble de nos modes de vie », a déclaré Éric de Moulins-Beaufort. « Le souci de la maison commune requiert de veiller à ce qu’elle soit avant tout une maison pour tous les pauvres du monde, a-t-il poursuivi. Comment porter l’évangile du salut dans le monde qui sent de tous côtés les limites du cosmos et qui s’inquiète de la place de l’humanité ? » Dans la foulée du synode sur l’Amazonie, il a introduit la réflexion par une série de questions : « Comment l’humanité en sortira-t-elle ? Nous le verrons si Dieu nous prête vie. Et nous, que disons-nous en ce temps, qu’avons-nous à dire, nous disciples du Christ ? Quelle bonne nouvelle faire entendre ? Grâces en soient rendues au pape François, nous avons Laudato si’. Mais qu’en faisons-nous ? Avons-nous pris toute la mesure des richesses que cette encyclique contient ? »
Remarquable, enfin, l’envie d’associer les jeunes à la réflexion, en pensant à eux, mais surtout, en pensant avec eux : « Que disons-nous aux jeunes qui auront à vivre dans un tout autre monde que celui des “trente glorieuses” qui a vu grandir la plupart des évêques ? », a lancé le président. Le monde et l’Église entrent dans une nouvelle ère de leur Histoire, et l’assemblée de ce matin manifeste que l’Église de France a amorcé le tournant.LV