permet à des gens de ne pas faire le lendemain 20, 30, 40 km pour aller à l'unique lieu de messe de l'immense ensemble paroissial…

Les équipes d'animation interdisent dans certains cas le valeureux curé de dire deux messes le dimanche pour favoriser l'illusoire messe de rassemblement.

Ceux qui connaissent bien la campagne profonde, de laquelle je viens avec fierté, savent que toutes les personnes ne peuvent se déplacer sur d'aussi longues distances. Des personnes, veuves ou très âgés, ne se risqueront à demander l'aide d'une voiture que pour de brèves distances, non pour s'aventurer à 20 km de chez eux. Et je ne parle même pas de l'hiver quand les routes sont dangereuses.
Il y a des "paroisses" qui font 50 km de bout en bout dans plusieurs diocèses.

Pour ce qui me concerne, si la messe est dite le samedi soir à 5 km de chez moi ou dans mon village comme samedi dernier, j'y vais sans l'ombre d'une hésitation et les habitants du lieu sont très heureux que leur église reçoive la seule messe du mois. Je ne vais pas à 15 km de là le lendemain ou dans la grande ville d'à côté.

Les personnes qui en ville ont leur église et leurs habitudes ont bine de la chance, même remarque pour le prêtre qui n'a qu'une église ou une chapelle à desservir, à Paris ou ailleurs.

On sait aussi que des prêtres a priori fort bien disposés militent pour les messes de rassemblement en un point fixe, et refusent même de dire la messe dans des églises de leur secteur, quitte à ne plus jamais y dire la messe, le dimanche et en semaine. Ils ne pensent pas aux maires qui refuseront d'entretenir des églises jamais ouvertes (qui connaît les communes qui ont un budget de 180 000 euros par an ? moi !), qui ne connaissent plus d'enterrements ou de baptêmes. Et c'est se moquer des fidèles, morts et vivants, de ces villages. Je crois avoir parfois plus le sens du caractère sacré de ces églises que bien des clercs. Et ce ne sont pas les obsèques présidées par des laïcs qui me feront croire que ces églises sont encore vivantes. Le Saint-Sacrement n'y est évidemment plus déposé.

Je connais des dizaines de villages de moins de cent habitants. Je pense à de braves personnes âgées qui n'ont aucun moyen d'aller à la messe le dimanche (et même le samedi soir), qui ont l'habitude de la suivre faute de mieux à la télévision… On ne peut pas faire le ramassage des fidèles au risque de froisser ceux qui resteront de côté, et nos voitures ne sont pas extensibles dès lors qu'on a des enfants.
Mauriac écoutait déjà la messe à la radio dans les années 60, mais cela me semble une pratique devenue rare.

Cette messe anticipée est le moyen, dans la forme ordinaire, de faire vivre ces églises et de faire venir en ces lieux des catholiques, je le répète souvent très très modestes et humbles et silencieux, qui ne viendraient pas ailleurs. Ils ont gardé dans leur cœur la fréquentation de leur église ou à la rigueur celle du village voisin, et c'est fort respectable. Les églises ne sont pas interchangeables, sans quoi je conseille aux anticléricaux de nous dire de ne garder que deux églises ici et là, puisque les voitures existent, et de faire des économies aux communes. Ce genre de raisonnement existe déjà.

A notre époque très connectée, je ne comprends pas que les diocèses ne publient une carte des messes dans la presse et en ligne, avec des points et des horaires (monastères ouverts au public compris, messe de St-Pie V aussi). Il se peut parfois qu'au lieu de jouer la carte de la paroisse, des personnes aient une messe dans l'ensemble paroissial voisin, tout près de chez eux, mais tout cela est encore cloisonné (même remarque pour les messes des diocèses voisins quand votre village se trouve à proximité d'un autre diocèse !). On se demande pourquoi, hélas, mais c'est ainsi. Avec cette carte, des évêques bien disposés se rendraient compte parfois qu'il y a des endroits où il n'y aucune messe à 50 km à la ronde plusieurs semaines de suite. Et peu importe si le prêtre dit sa messe avec deux pèlerins, l'important est que la messe soit dite. Et pour les messes de semaine, c'est général diffusé de manière confidentielle. Tout le monde ne lit pas la feuille des messes distribuées en début de mois et tout le monde n'est pas abonné au journal local.

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