CINQUIÈME PRATIQUE
Converser intérieurement avec les saints anges
L'on dira que ce sont des dévotions extraordinaires ; je l'avoue ; mais aussi il faut avouer qu'elles devraient être très ordinaires.
C'est une chose extraordinaire que de voir un véritable saint, une véritable sainte ; c'est une chose extraordinaire que de voir des familles, quoique chrétiennes, des bourgades et villes du christianisme même, où l'amour de Dieu règne, et dont le péché soit banni. Hélas ! Tout le monde est dans la malignité ; pour cela faut-il crier, si l'on exhorte à cet extraordinaire ?
Faut-il trouver à redire si l'on prêche la sainteté, l'amour de Dieu et la destruction du péché ? Il est vrai que la dévotion aux saints anges est rare, que la conversation intérieure avec ces esprits célestes est extraordinaire ; mais c'est ce qu'il faut regretter avec larmes. Partout, dans les lettres des Turcs, le nom de Mahomet y paraît ; et les Chrétiens, qui font profession d'une piété singulière, invectiveront contre une lettre où le nom de Dieu se fera remarquer, où l'on tâchera d'y rendre ses respects aux saints anges !
On a vu, à la fin du siècle dernier, le célèbre saint homme le P. de Royas, confesseur en la cour d'Espagne de la reine Marguerite, non-seulement saluer hautement toutes les personnes de cette cour par ces paroles, Ave, Maria, mais même il en établit si fortement la pratique, que la reine saluait ordinairement le roi par ces mêmes paroles ; et Dieu voulut récompenser la dévotion de cette grande reine, et autoriser cette pratique de piété par un signalé miracle, qui se lit en la personne de cette princesse, au salut que lui donna son confesseur par ces saintes paroles.
Cet homme de Dieu les mettait au commencement de toutes ses lettres, et sans doute qu'il ne manqua pas de contradictions, car vous verrez des gens qui désapprouvent tout ce qu'ils ne font pas ; mais Dieu après sa mort a bien fait voir, par les miracles dont il l'a honoré, que souvent le ciel donne son approbation à ce que les hommes de la terre condamnent.
SIXIÈME PRATIQUE
Faire des neuvaines en l'honneur des neuf chœurs des anges
Les catholiques enseignent qu'il ne faut pas s'arrêter superstitieusement aux nombres, et c'est la doctrine de la sainte Église ; mais l'on peut dire, sans superstition, qu'il y a de certains nombres mystérieux et consacrés par la piété des fidèles, comme celui de quarante, que les saints Pères remarquent avoir été sanctifié en la personne de Notre-Seigneur, et en celle des anciens prophètes ; celui de trois qui, étant multiplié par trois, compose le nombre neuvième, qui nous représente la très sainte Trinité ; c'est pourquoi dans le ciel il y a trois hiérarchies d'anges, et chaque hiérarchie est composée de trois churs ; et c'est parmi ces neuf chœurs que les élus seront placés.
L'usage des fidèles a rendu ensuite dans ces vues la dévotion des neuvaines célèbre, et la séraphique sainte Thérèse nous apprend qu'elle pratiquait cette dévotion, qu'elle faisait quantité de neuvaines en ses besoins.
C'est donc une louable pratique de faire des neuvaines, et spécialement en l'honneur des neuf chœurs des anges, y ayant des motifs tout particuliers qui nous y doivent exciter. Je suis témoin des grâces extraordinaires qui ont été accordées par cette dévotion.
J'ai vu des choses merveilleuses arriver pendant que l'on honorait tous les saints anges par cet exercice, et la puissance des démons ruinée en des choses d'importance ; et c'est un moyen très efficace pour obtenir les secours du ciel dans les calamités publiques et dans les besoins particuliers.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde