…contre ce qu’il est convenu d’appeler le “libéralisme”, c’est-à-dire la mise sur un pied d’égalité de la vérité et de l’erreur, en particulier dans le domaine religieux.

Au congrès de Vienne (1815), les monarques de la prétendue “sainte alliance” des pays vainqueurs de Napoléon – tellement “sainte” qu’elle n’avait même pas songé à demander son avis au pape – avaient décidé de rattacher les provinces belges, majoritairement catholiques, au “royaume de Hollande” majoritairement protestant. Qui plus est, les provinces belges formaient les sept dixièmes de la population du royaume agrandi !

Napoléon, en dépit de son esprit laïciste qu’il avait hérité de la révolution dite française, avait reconnu au moins en paroles que le catholicisme restait la religion de la grande majorité de ses sujets. Le roi de Hollande, en revanche, mettait dans son projet de constitution toutes les “opinions religieuses” sur le même pied.

C’est pour réagir à ce projet que Mgr Maurice de Broglie écrivit d’abord, conjointement avec ses collègues belges, des “Représentations respectueuses à S.M. le Roi des Pays-Bas” (28 juillet 1815). Puis, quelques jours plus tard, il adressa une lettre pastorale à ses diocésains, pour les mettre en garde. Il s’en expliquera plus tard (1) :

“La nouvelle constitution du royaume des Pays-Bas contient des articles sur le culte, qui non seulement consacrent expressément les principes de tolérance universelle adoptés en Hollande, mais encore les étendent fort au-delà. La loi fondamentale de 1814 se bornait à accorder protection égale à toutes les religions existantes ; à tolérer tout culte public qui ne pouvait être considéré de nature à troubler l’ordre et la tranquillité publique (art. 134 et 135). Celle des Pays-Bas garantit de plus la liberté de toutes les opinions religieuses.”

Cette contestation ne fut pas du goût du pouvoir hollandais. Alors que son projet de constitution déclarait en son article 127 que “la presse étant le moyen le plus propre à répandre les lumières, chacun peut s’en servir pour communiquer ses pensées, sans avoir besoin d’une permission préalable” (2), sa police fit saisir tous les exemplaires de la pastorale de Mgr de Broglie, et lui-même fut écarté du pays par le bannissement…!

V.

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¹ Cité par P.M. Bourguignon, “La Belgique indépendante, cobaye de la démocratie libérale”, Didasco n° 34, p. 12.
² op. cit., p. 11.
 

     

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