Sa fondation remonte aux temps mérovingiens, elle est due à Sainte Opportune. L'abbaye s'est déplacée peu à peu vers Argentan (d'abord un prieuré, puis l'abbaye elle-même) ; elle fut bombardée en 1944 par les Alliés et plusieurs religieuses ont trouvé là la mort. Elle a été reconstruite en limite de marécages qui lui assurent un certain isolement bien que la ville se soit développée jusqu'à la nouvelle implantation (construction un peu austère, on n'avait pas beaucoup d'argent alors). Les reliques de Sainte Opportune sont toujours dans la crypte, la sainte y est priée entre autres par des couples infertiles : plusieurs enfants sont nés grâce à son intercession.

Cette communauté était une congrégation à elle seule, mais je ne sais si les dernières dispositions canoniques n'ont pas changé cette situation. Elle s'est rapprochée de Solesmes au moment des expulsions. La ville d'Argentan a pu leur éviter l'exil en tirant argument de leur importance économique pour le fameux "point d'Argentan". Mais les religieuses se savaient en sursis, et la communauté de Solesmes réfugiée en Angleterre leur avait préparé un lieu d'accueil. De fait le décret les expulsant était sur le bureau du ministre prêt à être signé lorsqu'a éclaté la Grande Guerre : on avait besoin de l'union nationale, et elles n'ont pas été expulsées.

Sans doute en partie grâce à leur lien avec Solesmes elles ont pu conserver une liturgie entièrement en latin avec grégorien. Elles chantent celui-ci en refusant les aménagements récents qui prévalent à Solesmes, lesquels s'appuient sur une interprétation des manuscrits (permettez que je ne me mêle pas de savoir qui a raison !).
Le noviciat a été fermé quelques années, mais a rouvert depuis peu.
Un latiniste distingué va d'ailleurs y prendre les fonctions d'aumônier en septembre.

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