J'étais à Evron l'autre jour, mais je ne vois pas pourquoi j'y aurais parlé de ces malheureux événements.

Mais puisque vous me posez la question, j'ai moi-même été souvent l'objet de mauvais traitements de la part de mes supérieurs ecclésiastiques, et plusieurs fois de harcèlement. (Exemple : "Tu aimes dire la messe en latin, mais pour nous prêtres, ce qui compte, c'est le bien des fidèles. - Monseigneur, je suis d'accord avec chacune de vos propositions, mais je ne vois pas pourquoi vous les opposez. - Je l'ai écrit et je le répète, tu aimes dire la messe en latin, mais pour nous prêtres ce qui compte c'est le bien des fidèles." On le voit, il n'y a pas possibilité de dialogue avec un pareil homme ; cela a duré des mois et s'est traduit dans mes affectations : interdiction de prendre des congés sous un prétexte futile, nomination dans un poste où l'on est toujours d'alerte, alors qu'on savait que j'étais épuisé et que j'avais demandé un poste calme après avoir bourlingué sans interruption pendant sept ans...)

Mais jamais je n'ai fait de procès. Ai-je eu tort ? Peut-être, mais je ne le crois pas. L'Eglise devrait pouvoir juger cela en interne, mais elle le fait rarement (Exemple : quand le diocèse de Chartres m'a viré alors que j'étais en dernière année de séminaire, des amis prêtres ont fait passer au Cardinal Garrone la lettre où on m'écrivait qu'on n'avait rien à me reprocher : - Mais enfin, fit-il, si Mgr Michon l'exclut, il doit bien y avoir une raison ! La raison était que je n'étais pas dans l'herméneutique de la rupture : en plus d'être fondamentalement injuste, cette exclusion était parfaitement infamante.)

Une question se pose d'emblée : cette Soeur a-t-elle parlé de ce harcèlement au moins supposé lors des démêlées canoniques de sa congrégation ? Si oui, cela pourrait être un motif pour porter plainte devant un tribunal qui lui, pourrait bien en tenir compte.
Mais cela reste une très grande tristesse de voir l'Eglise tombée à ce niveau.

Reste la question plus générale de l'intention affichée de la congrégation (dissoute, mais le groupe reste constitué) de porter plainte. Je l'ai dit, Mgr Pontier a justifié ce genre de procédés, mais sans doute ne s'attendait-il pas à ce qu'on puisse l'employer contre un évêque. Donc si les délits sont bien établis, et puisque l'Eglise a refusé d'en tenir compte, il me semble que la démarche est justifiée.

Sur le fond, du moins d'après les éléments que j'ai, il a manqué une chose dans cette affaire.
Il y avait eu un premier rapport sur les Soeurs, très négatif, à la suite de quoi des mesures très dures avaient été prises.
Puis un second rapport a été fait, bien moins négatif.
Il aurait fallu alors lever immédiatement les mesures prise après la premier rapport.
L'atmosphère aurait été allégée et le dialogue rendu possible. Et cela aurait manifesté la pureté des intentions.
Cela n'a pas été le cas, et c'est pourquoi je ne peux pas condamner a priori la volonté de faire un procès.

Votre dévoué Paterculus

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