L’abbé de Nork, pour conserver le poste, s’engagea sans trop de peine à lâcher la messe. Il parvint même à imposer cet abandon, séance tenante, aux plus bouillants de ses novices, qui avaient organisé une vigile à la Vierge pendant toute la durée de l’interrogatoire, et passé trois jours à genoux dans la chapelle, les bras en croix, pour obtenir la conservation du Saint Sacrifice. C’est ce renoncement final, cette misérable conclusion, que notre confrère Pierre d’André, dans sa chronique de L’Homme Nouveau, qualifie au passage de « remarquable exemple de mise en pratique de la vertu d’obéissance » (1). Sic.
On se demandera peut-être pourquoi un Jack Gold a gâché tant de maîtrise cinématographique (et d’argent) pour tourner une histoire à laquelle lui-même croit si peu qu’il en a grossièrement détourné le sens, émasculé le drame, et truqué d’avance le dénouement. Plus inquiétante semble la réaction de ce bon chrétien qui trouve « remarquable », de la part d’un prêtre, de troquer le Sang de Notre Seigneur pour le confort de sa retraite et de ses relations avec le Vatican. Un prêtre qui ne croit plus à la rédemption, il est vrai ; sans quoi il aurait certainement choisi de se sacrifier, lui, plutôt que la messe. Mais cela montre où peut mener aujourd’hui le chantage à l’obéissance, quand il est subi par les chrétiens sans référence véritable au mystère de la foi et aux enseignements pourtant lumineux de la tradition.
Hugues Kéraly, « Le Visiteur », Itinéraires n° 203, p. 132.
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(1) L’Homme Nouveau du 7 mars 1976, « Les films du mois », page 14.
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