CHAPITRE XIX
Aimer tout ce que la très sacrée Vierge a aimé
La glorieuse sainte Thérèse, dont nous parlons si souvent, et avec une particulière consolation, dit qu'elle ne sait pas comme l'on peut penser à la reine du ciel, et au petit enfant Jésus, sans le remercier pour les assistances qu'il leur a rendues.
Le Dieu du ciel et de la terre s'étant fait homme, a bien voulu lui obéir, c'est ce qui l'élève à des grandeurs incomparables.
Il a voulu dans l'excès de son amour en dépendre, et il est vrai de dire qu'il est le sauveur du Sauveur. C'est ce qui le met dans l'ordre de l'union hypostatique, ayant servi en tant de manières à l'adorable Jésus dont il a été le père putatif, et à la divine Marie la mère de Dieu, et sa virginale épouse.
C'est ce qui fait que plusieurs savants estiment qu'il fait dans le ciel un choeur à part et hors de tous les choeurs des anges et des saints, aussi bien que la glorieuse Vierge.
Cela est aisé à croire à celui qui considérera ses emplois auprès de Jésus et de Marie, qui ont été si relevés, que si les séraphins étaient capables d'envie, sans doute ils en prendraient à la vue d'un état si sublime.
Les élévations de la grâce incomparable de ce saint sont si hautes, qu'elles surpassent toutes les pensées des hommes : aussi sa divine vie a été une vie toute cachée, parce que la terre en était indigne, et ne méritait pas de la connaître.
En un mot, c'est tout dire, quand on dit qu'il a eu un Homme-Dieu pour sujet : si l'on excepte sa sacrée épouse, il n'y a point d'ange ni de saint, point de créature au ciel et en la terre, dont cela se puisse dire.
Il faut que tout esprit se perde dans cet abîme de grandeurs.
Ces deux qualités de père putatif de Jésus et époux de Marie, lui donne une gloire qui ne peut souffrir de comparaison dans tout le reste des créatures.
Dans cet état si glorieux ses mortifications ont été extraordinaires.
Saint François de Sales parlant de la mortification de saint Jean-Baptiste, qui demeurait dans son désert selon sa vocation, se privant de la conversation d'un Dieu incarné qui était proche de lui, estime que c'est une des plus grandes qui ait jamais été pratiquée, et il est vrai : mais celle de saint Joseph en sa précieuse mort la surpasse.
Il est privé de la conversation de Jésus aussi bien que saint Jean-Baptiste ; mais c'est après l'avoir goûtée et en avoir expérimenté les douceurs.
C'est une chose bien sensible à ceux qui ne respirent que l'amour du paradis, de se voir retardés de sa bienheureuse possession : mais il est vrai que sa privation toucherait encore bien plus vivement, si l'on en avait joui quelque temps.
Source : Livres-mystiques.com
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