CHAPITRE XVIII
De l'oraison de la très sainte Vierge
(...) Le grand saint Nicolas, étant encore laïque, faisait un usage très chrétien de ses biens, en en faisant part à ceux qui en avaient besoin ; mais dès lors qu'il fut prêtre, il les vendit, et ayant aimé les pauvres, il se fit pauvre lui-même. « Les riches, dit saint Bernard, qui assistent les pauvres, sont heureux, en ce qu'ils sont les amis des rois du ciel ; ils sont en faveur, et ont du crédit auprès de ces grands princes : mais les pauvres ne sont pas les favoris des rois, mais ils sont eux-mêmes de grands rois. Ils ne sont pas seulement du royaume du ciel, mais le royaume du ciel leur appartient. » (Matth. V, 3.)
Saint Nicolas ayant été choisi pour évêque, bien loin au moins de se réserver quelque peu de chose pour soutenir sa dignité épiscopale, il voulut être plus pauvre que jamais, car n'ayant plus que quelques livres, il s'en défit, n'en voulant plus avoir que par emprunt. Que ne fit pas cet évêque pauvre pour la gloire de Dieu et l'honneur de l'Église ?
Saint François d'Assise était choisi de Dieu pour réformer les murs corrompues des hommes. Les voies par lesquelles l'Esprit de Dieu le conduit, sont voies d'une extrême pauvreté. Ce saint, en plusieurs rencontres, faisait l'insensé, et s'attirait toute sorte de mépris et de confusions.
Saint Dominique est donné à l'Église par les intercessions de la très sacrée Vierge, pour y combattre les ennemis du royaume de Dieu, et travailler à l'établissement de son empire divin ; à l'âge de vingt-un ans il donna son argent aux pauvres, ses meubles, ses livres ; et, ayant été fait archidiacre d'Osme, qui était conformément au droit, la première dignité de cette Église, il vendit jusqu'à ses habits, croyant ne pouvoir mieux soutenir sa dignité d'archidiacre que par un dépouillement parfait de tous ses biens.
Étant venu en France, et ayant été fait grand vicaire de Carcassonne, il souffrit toutes sortes d'ignominies et d'affronts. On le huait, on le sifflait quand il passait par les rues, on lui disait des paroles vilaines, on lui contait toutes sortes d'injures, on vomissait contre lui des blasphèmes horribles. On lui jetait de la boue, des pierres, des bouchons de paille ; on courait après lui comme après un insensé. Prêchant contre les Albigeois, on fit des libelles diffamatoires contre le saint.
Les légats du Saint-Siège, voyant que tous leurs travaux et ceux des missionnaires n'avaient presque point d'effet, voulaient s'en retourner dans la pensée que l'on travaillait inutilement à la conversion des hérétiques et des mauvais catholiques. Mais saint Dominique ayant eu recours à l'oraison, ce fut là que le ciel lui apprit que la cause qui rendait inutiles tous leurs travaux, était que l'on se servait trop de moyens humains, et qu'il fallait, pour attirer la bénédiction de Dieu sur leurs emplois, et pour prêcher efficacement la parole de Dieu, vivre en pauvreté, dans l'abandon à la divine Providence, sans or ni argent, sans train, sans aucun valet.
Le saint proposa ce qu'il avait appris dans l'oraison en l'assemblée de Montpellier, et plusieurs prélats, embrassant cette vie avec le saint, en huit jours deux mille personnes se convertirent, quoique durant plusieurs années, les sermons eussent été sans effet. C'étaient les mêmes personnes qui prêchaient, mais elles prêchaient, menant une vie très pauvre et abjecte, et auparavant elles travaillaient soutenues de leur or et argent, suivies d'une troupe de valets, vivant dans l'éclat et l'honneur du monde.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde