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L'inhumain et anti-chrétien excès d'obligation morale
par BK 2019-05-14 12:00:21
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Brèves notes jetées à la volée pour vous proposer d'approfondir un point de morale surgi aux hasards des derniers fils.

L'homme est créé pour connaître et aimer Dieu.
Dieu le crée sans nécessité, par pur débordement d'Amour.
Dieu le crée par Amour, pour lui donc, sans narcissisme.

L'homme n'est pas un moyen au service de la Gloire de Dieu.
L'homme est une fin où Dieu espère - comme un amoureux humble et transi - trouver Sa Gloire.

Dieu n'exauce pas les demandes conformes à Sa Volonté parce qu'elles sont Siennes. Il les exauce parce qu'elles sont celles de ceux qu'Il aime, et bonnes, et donc conformes à Sa Volonté.

Pour le dire autrement : Dieu veut ce que de toute éternité Il sait que nous demanderons de bon (ce que Sa Grâce nous aidera à discerner de bon et choisir librement, d'une façon toute personnelle et unique), et Il le veut parce qu'Il nous aime, et que comme tout amoureux Il veut faire ce que l'être aimé veut de bel et bon.

Dieu est infiniment bon et aimable, et l'homme une créature, blessée par le péché, mais rachetée par l'Amour prévenant de Dieu - Qui est toujours prêt à pardonner le péché - les péchés d'hier, d'aujourd'hui, et de demain.

Il n'est pas possible (ni à l'homme ni à Dieu) que ce pardon soit reçu sans l'humilité et la contrition de la vérité, de la lucidité baignée d'Espérance.

Il y a une obligation 'morale' à agir bien et noblement, qui est une nécessité intérieure pour que l'homme trouve son bonheur, et en particulier ce Bonheur infini qu'est Dieu Lui-même Se donnant librement à lui.

Dieu Se donne à l'homme. C'est ce sur quoi en particulier attire l'attention la prière donnée aux Bergers de Fatima (et à Sainte Marie Faustine Kowalska) : 'J'offre le Corps, le Sang, l'Âme, et la Divinité' - parce que le Christ Se donnant librement et totalement à moi, ceci est réellement mien, et que je peux accomplir cet acte extraordinaire et suréminent et qui donne ma véritable grandeur : redonner tout ceci à Dieu, tout ce que Dieu m'a donné dans le Christ, et moi-même avec en le redonnant au Christ.

Bref, il y a une obligation morale, mais qui n'est pas extérieure à l'homme, qui est au service de l'homme, de son bonheur personnel et particulier (nous verrons, amis liseurs, dans vos réactions, si au fond vous n'êtes pas kantiens... mais tout ceci est chez Saint Thomas).

Une obligation morale à bien agir, à agir du mieux possible.

Pour que ce bien soit possible, il faut qu'il soit atteignable (grâce de Dieu), mais aussi visible (conscience remise profondément à Dieu), et proportionné.

Le bien possible à tel homme à tel instant est celui qu'avec son histoire, sa personnalité, son tempérament, dans ses conditions concrètes et réelles (froid, faim, peur... par exemple), il verra, et il verra de façon unique, avec son propre regard éclairé par la grâce de Dieu.

Il est certain que dans une même situation, Saint Antoine du Désert, Saint Vincent de Paul, Saint Thomas d'Aquin, Sainte Thérèse d'Avila ne verraient pas la même action à accomplir, ils verraient chacun une action bonne, voire excellente, mais ils la verraient selon leur identité personnelle vivifiée par une grâce non moins personnelle (quoique Tri-Personnelle).

Il est certain qu'ils n'auraient pas vu la même action non plus à chaque instant de leur vie - car ils ont grandi, mûri, progressé. Il est certain que la Joie parfaite décrite par Saint François est peu ou prou identique au parfait abandon que recommande Saint Ignace de Loyola. Si leurs mouvements intérieurs - en Dieu - se rejoignent, il reste pour autant certain que leurs actions extérieures ultérieures auraient été différentes, une fois loué Dieu en trouvant la porte close et en étant rejetés dans la neige, le froid, la nuit, avec le ventre creux, les traits tirés, et l'esprit un peu engourdi.

Peut-être Saint François aurait-il appelé un loup ou un ours pour se blottir dans sa fourrure, et Saint Ignace marché toute la nuit, par exemple.

Le Christ Lui-même n'agit pas de la même façon au long de Sa Vie - Vie cachée, malgré ces questions au Temple à douze ans - objurgations, reproches, encouragements, pleurs, silences, question quand on Le soufflette à Son Procès, etc.

Saint Vincent Ferrier et Saint François d'Assise n'annonçaient pas l'Evangile de la même façon.

Il n'y a donc pas une bonne action possible, une unique action excellente, il y a une action particulière qui apparaîtra souhaitable et suréminente à chacun à sa manière à tel instant dans telles conditions.

Mais il y a également le fait qu'il n'est pas possible à l'homme de faire le plus grand bien possible à tout instant (non pas dans l'exercice des vertus surnaturelles, mais dans la mise en oeuvre concrète et immédiate de l'énergie que demanderait à chaque instant un acte suréminent voire héroïque).

Une morale qui dirait 'tu dois faire le meilleur bien imaginable dans l'absolu à chaque instant' n'est donc pas catholique, elle est foncièrement inhumaine et anti-chrétienne.

Une morale qui dirait 'tu dois faire ce qui t'apparaît de mieux à chaque instant' ne l'est pas plus : la vision du plus grand bien désirable dépasse en général les forces concrètes (physiques voire même spirituelles) de chaque instant : il y a, foncièrement chrétienne, une tension vers un plus que je ne peux ultimement que recevoir de Dieu, et attendre qu'Il me donne les forces de l'accomplir.

Et pour les actes mauvais ?

Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces.
J'accomplis le mal que je ne voudrais pas, et non le bien que je voudrais.
Nos fautes ont dominé sur nous, Dieu les pardonne.

Apôtres et Psaumes témoignent d'une même vérité.

Dieu aide à chaque instant pour éviter de pécher, mais pas forcément d'éviter toute action désordonnée, même en matière grave.

Deux exemples :

- l'alcoolique à qui Meneau voulait imposer comme obligation immédiate l'objectif à attendre, au mépris de la loi de gradualité réaliste de la condition humaine - en particulier du danger de mort qu'un sevrage total et immédiat pourrait faire courir, la vertu est alors dans la répétition d'actes faisant progresser réellement, durablement, et sans paresser - et non dans le fait de se tendre de toutes ses forces vers un objectif certes très beau, mais qui pèche en réalité contre la prudence, et donc l'humilité, et donc la vertu.

- le novice en chartreuse, qui repasse inéluctablement par des états de régression adolescente et infantile, qui amènent souvent (si souvent que l'on peut dire que c'est presque une nécessité de notre nature blessée) à des fautes 'en matière grave', sans pour autant qu'il s'agisse d'une régression en vertu (simplement, la nature devant s'ordonner jusque dans ses profondeurs, et s'appuyer dans la Foi nue sur Dieu seul, parfois malgré le désir réel de bien faire, les forces vitales font défaut pour rester aussi vertueux que ce qu'un observateur extérieur, raide, intransigeant et ignorant, 'imposerait' ou jugerait 'objectivement' non seulement nécessaire mais même possible).

     

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