Je ne sais qui vous êtes, Sénéchal, mais puisque vous avez la mémoire des figures de "Présent", vous devriez tout de même vous rappeler que les choses étaient très claires. Elles l'étaient en tout cas pour moi lorsque je suis arrivée au journal en 1987 et qu'au cours de mon premier entretien avec Jean Madiran (Brigneau était parti depuis longtemps), il me demanda si j'étais catholique. "Présent" n'était pas une feuille d'informations religieuses mais son regard, son jugement, ses analyses étaient généralement orientés depuis une perspective catholique.

En 1988, Jean Madiran écrivait :

En commençant je veux rappeler d’où nous parlons ici. PRÉSENT n'est ni « l'organe du Front national », ni « le journal de Mgr Lefebvre », ni « une feuille intégriste », ni « raciste », ni « fasciste ». Ces qualifications et étiquettes, les seules que nous donnent Le Monde et les télévisions, sont toutes fausses. Et les télévisions comme Le Monde s'abstiennent toujours de mentionner ce que nous disons de nous-même, et que voici. Premièrement, cela devrait aller sans dire, nous ne sommes le journal de personne d'autre. PRÉSENT ne dépend, moralement et matériellement, que de sa direction, de ses convictions, de ses lecteurs. Il ne dépend même pas, à la différence de la quasi-totalité de ses confrères, de la publicité commerciale et des intérêts financiers qu'elle sert. Mais cela ne constitue encore qu'une définition négative. Notre définition positive, notre qualification exacte, notre juste étiquette et notre drapeau, énoncés en termes techniques, c'est que PRÉSENT est un journal formellement catholique et matériellement politique. Cela veut dire que notre inspiration est catholique ; et que, sous cette inspiration, la matière traitée dans nos colonnes et le combat que nous y menons sont politiques. Comme le font la plupart des quotidiens politiques, nous donnons cependant aussi - subsidiairement - des informations et des commentaires religieux ; nous avons une page hebdomadaire qui répond à la première de nos trois devises : Dieu premier servi. Mais bien entendu pour nous c'est Dieu premier servi en politique, c'est la politique qui, pour notre journal, est le devoir d'état quotidien.

« PRÉSENT est un journal formellement catholique et matériellement politique… pour nous c'est Dieu premier servi en politique, c'est la politique qui, pour notre journal, est le devoir d'état quotidien. »

C'était une affaire entendue : "Présent", c'était Dieu, famille, patrie, et : "Dieu premier servi".

C'est en adhérant à cette ligne que j'ai été moi-même, nommée à ce poste par Jean Madiran, "directeur de la rédaction" depuis 2007 jusqu'à début mars 2014.

Après le décès de Jean Madiran (actif au journal jusqu'au bout !) les choses ont changé. Les colonnes du journal sont désormais ouvertes à la droite païenne, le soutien à Marine Le Pen est quasi total…

Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait plus aucun journaliste catholique à "Présent", ni qu'il n'y ait plus d'informations religieuses, mais l'angle et les priorités ne sont plus les mêmes.

Croyez-vous que je serais partie, sinon ?

Jeanne Smits

     

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