CHAPITRE IV
Pratiques de dévotion pour tous les ans, les mois, les semaines et les jours
(...)Comme l'on doit tenir à gloire d'être chargé des fers de l'esclavage de la reine du ciel, il est bon, de temps en temps, de baiser avec amour et respect les petites chaînes que l'on porte, comme les douces et glorieuses marques de la servitude où l'on est si heureusement engagé ; l'on doit tenir à grand honneur de faire une haute profession d'un si illustre esclavage, se déclarant partout avec une sainte hardiesse l'esclave de la Mère de Dieu, prenant cette qualité en toutes les occasions où l'on pourra s'en servir, comme dans les lettres que l'on écrit, et en d'autres semblables rencontres.
Mais la persévérance est ce qui couronne toutes les pratiques de la vertu. Il y en a beaucoup qui commencent avec une ferveur admirable, plusieurs qui continuent pendant quelques années ; mais il y en a bien peu qui persévèrent jusqu'à la fin. L'on marche facilement dans les voies de la vertu pendant que la consolation dure ; il est aisé d'aller à Dieu lorsque les mouvements qui y portent sont sensibles, qu'on ne trouve rien qui y répugne ; ou si l'on rencontre des difficultés, la douceur que l'on trouve d'autre part les fait surmonter facilement.
L'on n'a pas grand'peine quand les occasions où l'on est, les compagnies que l'on fréquente ne servent pas d'obstacles ; mais la difficulté est de ne pas désister dans la privation des douceurs spirituelles, de tenir bon parmi toutes les contradictions qui arrivent, de ne point retourner en arrière lorsqu'il nous semble que le ciel s'éloigne de nous, et que la terre s'en approche de bien près ; lorsque la nature se révolte, que les lumières s'éclipsent, que l'on avait de la beauté de la vertu, des grandeurs des humiliations, des richesses de la pauvreté, du bonheur des mépris, du plaisir de la douleur ; que le rien des créatures disparaît, et qu'on ne voit plus que ce que les sens découvrent ; le monde et ses plaisirs que l'on avait eus en horreur devenant agréables, l'âme étant destituée de tout le sensible, Dieu tout bon la voulant conduire par la pure foi.
Oh ! Qu'il y a peu d'âmes qui soient fidèles dans ces états, qui pratiquent exactement tous leurs exercices dans la privation de tout goût et sentiment, de même qu'elles faisaient dans le temps de la consolation !
Que c'est une chose rare de persévérer dans le dégagement des créatures, lorsque l'on se trouve obligé de converser souvent avec elles, et d'avoir toujours l'esprit mortifié par des gens immortifiés.
Où trouvera-t-on des personnes dont la pureté des maximes ne se corrompe pas par les maximes du monde ; qui n'aient que ces mépris pour les richesses, les honneurs et les plaisirs de la vie présente, conversant souvent avec des gens qui n'ont que de l'estime pour ces choses, et qui n'en parlent jamais qu'avec goût et plaisir ? (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
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