CHAPITRE X
Le sujet précédent est continué
(...) Ce sont des ennemis qui ont toute la rage que l'on peut avoir contre les hommes, qui sont terribles en leur malice, qui nous font la guerre sans aucune trêve, dont les combats durent autant que la vie, qui ne se lassent jamais de nous poursuivre, qui, étant vaincus, reprennent de nouvelles forces pour nous attaquer avec plus de vigueur, et ces ennemis sont invisibles, qui entrent sans difficulté dans les chambres les mieux fermées, qui nous suivent de tous côtés, et dans les villes et dans les campagnes, qui ne dorment jamais, qui veillent tout le long des jours et des nuits à notre ruine, qui souvent même nous font la plus cruelle guerre, lorsque nous pensons être dans la plus grande paix ; dont les embûches sont si cachées que, quelquefois où nous pensons trouver plus de sûreté, c'est où il y a plus de péril.
Ils se glissent imperceptiblement dans les choses qui d'elles-mêmes nous peuvent servir davantage pour les vaincre, ils se servent de nos armes pour nous défaire, ils empoisonnent nos médecines, ils tournent contre nous les secours qui nous sont donnés pour les combattre, et enfin il y a bien peu de personnes qui ne cèdent à leurs tentations, et ne succombent à leurs attaques.
Malheur à nous, qui vivons au milieu de tous ces dangers comme les gens qui sont en assurance. L'on a vu des étoiles du ciel tomber, l'on a vu ceux qui conversaient avec les anges, éloignés dans leurs solitudes des occasions fâcheuses qui nous environnent, remplis des dons de Dieu, et admirables en toutes sortes de vertus, hommes excellents et illustres en sainteté, se perdre et se damner, abattus et terrassés par ces esprits apostats : et nous qui sommes tout plongés dans les sens, qui marchons toujours sur le bord du précipice, il semble que nous n'ayons rien à craindre.
Ô qu'il est vrai que notre aveuglement est une chose surprenante ! Quel moyen donc de se sauver des piéges que nous tendent des ennemis si puissants ? Le moyen le plus assuré est la dévotion à la Mère de Dieu, qui est terrible comme une armée rangée en bataille à nos adversaires de l'enfer. À la vérité, les démons craignent grandement les jeûnes, les veilles, les austérités et pénitences, les prières ; mais ils n'ont pas laissé de perdre plusieurs âmes qui avaient excellé en ces choses ; mais jamais il n'a été dit ni ouï qu'une personne véritablement dévote à la très-sainte Vierge, ait été perdue. De là vient qu'il n'y a rien qu'ils redoutent davantage que le culte de la Mère de Dieu. Aussi voyons-nous qu'ils portent étrangement leurs suppôts, comme les hérétiques ou les mauvais catholiques, à le détruire, soit ouvertement, ou indirectement par des prétextes spécieux. Ils savent qu'il est aisé de jeter de la corruption dans l'intérieur de ceux qui éclatent le plus par les oeuvres extérieures, comme par les aumônes, assistance des malades, austérités corporelles, et choses semblables ; ils n'ignorent pas que les âmes les plus solidement établies en la vertu, sont sujettes à l'inconstance ; et l'expérience ne les rend que trop savants sur ce sujet. Mais ils connaissent que la protection de la Mère de Dieu ne manquera jamais à ceux qui implorent ses Miséricordes, retirant du vice ceux qui y sont plongés, et augmentant les grâces à ceux qui vivent dans l'observance des commandements de son Fils, impétrant à tous la grâce finale et le don d'une précieuse mort. Ne sais-tu pas, disait Notre-Seigneur à un démon qui se plaignait à lui de ce que les plus grands pécheurs lui étaient ravis par le crédit de la sacrée Vierge, que ma mère peut tout en mon empire, et que tout ce qu'elle veut est fait ? (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde