Votre façon d'exprimer la situation comme celle de Peregrinus laisse(nt) entendre que la situation canonique anormale de la FSSPX, d'une part fait d'elle une société dont on ne sait si elle est pleinement catholique et d'autre part que la faute de cette situation reposerait essentiellement, voire uniquement, sur la FSSPX.
Nous ne pouvons pas en être sûrs parce que dans le rapport entre la FSSPX et l'Eglise, nous ne pouvons pas distinguer la note d'Unité qui caractérise l'Eglise catholique.
Comment peut-on distinguer l’Église de Jésus-Christ de tant de sociétés ou sectes fondées par les hommes et qui se disent chrétiennes ?
On peut distinguer la véritable Église de Jésus-Christ de tant de sociétés ou sectes fondées par les hommes et qui se disent chrétiennes, à quatre marques : elle est Une, Sainte, Catholique et Apostolique.
Pourquoi dites-vous que l’Église est Une ?
Je dis que la véritable Église est Une, parce que ses fils, à quelque temps et à quelque lieu qu’ils appartiennent, sont unis entre eux dans la même foi, le même culte, la même loi et la participation aux mêmes sacrements, sous un même chef visible, le Pontife Romain.
Catéchisme de Saint Pie XOr à l'évidence, nous ne sommes pas vraiment complètement unis à l'Eglise Conciliaire "dans la même foi, le même culte, la même loi et la participation aux mêmes sacrements, sous un même chef visible, le Pontife Romain" . Tout au moins en apparence.
Nous tenons notre position, car nous sommes persuadés que nous sommes au moins "unis" ainsi à l'Eglise pré-conciliaire, et que nous espérons, mais c'est loin d'être une évidence tant les contradictions sont nombreuses, qu'implicitement l'Eglise Conciliare l'est aussi. Cela nous donne une certitude morale suffisante pour nous déterminer dans nos actions, et tenter tant bien que mal de faire notre salut. Mais il n'y a guère que l'Eglise catholique elle-même, ou une révélation divine, qui pourrait nous en donner l'assurance.
A ce titre nous ne sommes guère différents d'un orthodoxe, qui tient toute la Foi catholique jusqu'au 7ème Concile oecuménique inclus, mais pas forcément après, et qui a les mêmes sacrements et la succession apostolique.
Cette situation est complètement anormale, et nous devons travailler à la corriger (oui, nous aussi, et peu importe qui en est la cause). C'est ce que j'entends par "rentrer au bercail". Sans quoi nous versons dans le schisme.
Vous me direz, et vous aurez raison, qu'en cas d'accord canonique sans accord doctrinal, nous n'aurions pas plus de certitude. La question d'un accord canonique n'est donc pour moi que secondaire et se traduit en ces termes : où pourrons-nous au mieux travailler à corriger cette situation anormale ? En étant canoniquement reconnus ou en ne l'étant pas ? Les deux parties ont des arguments qui se valent. Mgr Lefebvre a fait un choix à une époque, nous assumons ce choix à notre époque, la FSSP à fait le choix inverse à l'époque, et d'autres à une date ultérieure. Mais d'une part ces choix n'engagent pas (et ne doivent pas engager) pour l'éternité car ils sont circonstanciels et la situation évolue, et d'autre part je ne crois pas qu'on doive jeter la pierre à qui que ce soit et faire enfler les querelles de chapelles en montant les uns contre les autres, tant que le but reste le même : préserver la Foi catholique. Car pour l'instant la situation reste précaire pour tout le monde.
Cordialement
Meneau